𝟒𝟏.

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Je me promenais dans les couloirs du château, errant sans but. Les blessures infligées par le fouet me faisaient atrocement souffrir, à tel point que ma tête tournait sans cesse. Chaque pas était une épreuve, la douleur déchirante me rappelant à chaque instant les tortures subies.

Durant son voyage, Cesare est devenu Cardinal. Alors pourquoi n'a-t-il pas encore tenté de rompre mes fiançailles avec le Duc ?

J'essayai de comprendre, de donner un sens.

Aarden ne lui est plus d'aucune utilité, n'est-ce pas ? À moins que je ne me sois trompée quant au lien qui les unisse... ?

« Madame, j'ai entendu dire que vous vous rendiez à un banquet ce midi. » m'interrompa soudainement Benediss de mes pensées, sortant de je-ne-sais-où. « Permettez-moi de vous accompagner. Peut-être que c'est audacieux de ma part, mais à chaque fois que vous avez objecté ma présence, vous sembliez contrariée à chacun de vos retours. Je ne peux m'empêcher de penser que je manque à mon devoir de chevalier. »

« Benediss... » réussis-je à esquisser un sourire. « Merci pour tout ce que vous faites pour moi. Vous n'avez jamais failli à votre devoir, je vous le garantis. »

Il me scruta, cherchant probablement à percer la vérité à travers mon sourire crispé qui devenait presque pénible à maintenir, mais il finit par hocher légèrement la tête, comme s'il cédait à contre-cœur.

« Bien, alors je vous acc- »

« Sachez que personne n'accompagne personne. » s'exclama Cesare, sa main s'abattant lourdement sur mon épaule.

« Tout sauf votre respect, je suis le chevalier de Madame, et non le vôtre, Monsieur. Je ne suis ici pour servir la Princesse et je ne prends en compte que sa parole. » répliqua Benediss d'un ton audacieux.

Pourquoi Benediss fait-il cela ? Il a sûrement entendu les rumeurs sur Cesare. Tout le monde sait à quel point il est redoutable sans même l'avoir vu de ses propres yeux. Alors pourquoi se tient-il là, défiant Cesare sans même ciller ? Admirai-je son courage. Mais cela devient... Étouffant. Était la tension presque irrespirable alors qu'ils se faisaient face, leurs regards étincelants d'opposition. Je sentais le poids de la main de Cesare sur mon épaule, une pression qui semblait vouloir me garder près de lui, mais qui, en même temps, me faisait craindre ses intentions envers Benediss.

Je dois le protéger de Cesare.

Je plantai mes ongles dans la paume des mains, m'interdisant de fléchir sous la douleur que procurait l'emprise.

« Je suis désolée, Benediss. » parvins-je à dire finalement, détournant le regard. « Mais Mon Frère a raison. Je vous remercie pour votre offre, mais je vais devoir la décliner encore. »

Il sembla contrarié mais inclina respectueusement la tête.

« Comme vous le souhaitez, Madame. Si vous avez besoin de moi, vous savez où me trouver. » puis, se retournant vers Cesare, il ajouta avec fermeté: « Je suis ici pour protéger Madame, quelles que soient les circonstances. Que cela vous plaise ou non. »

Pourquoi ne puis-je pas être comme lui ? L'enviais-je encore plus à cet instant. Pourquoi suis-je piégée dans ma propre peur, incapable de me libérer de ce monstre ?

Cesare ne répondit pas immédiatement, mais je sentais sa main se resserrer sur mon épaule, me forçant à rester ancrée à ses côtés.

« Vous avez entendu la Princesse, Benediss. » dit-il avec un sourire froid. « Elle n'a pas besoin de votre assistance. »

Benediss resta immobile un moment, son regard le fixant intensément avant de finalement s'incliner à nouveau devant moi et s'éloigner. Dès qu'il disparut de notre vue, Cesare se tourna vers moi, ses yeux flamboyant de colère.

« Pourquoi est-il toujours là, Althéa ? » cracha-t-il. « Est-ce que vous avez besoin de me rappeler constamment l'existence de ce... ce chevalier insignifiant ? »

« Cesare, ce n'est pas ce que vous croy— »

Il me coupa la parole en serrant plus fort mes épaules de ses deux mains, me faisant grimacer de douleur.

« Ne me mentez pas, Althéa ! Vous ne comprenez donc pas à quel point vous me faites souffrir en vous entourant de ce genre d'hommes ? Ou vous ne voulez pas comprendre ?  »

« Cesare, arrêtez, s'il vous plaît... » sentis-je des larmes monter à mes yeux, non seulement à cause de la douleur physique mais aussi à cause de la peur.

« Je vous avais dit que personne ne devait vous approcher sans ma permission ! » me secoua-t-il violemment.

Soudain, nous entendîmes des pas résonner dans le couloir, Cesare relâchant immédiatement sa prise au même moment que Victor apparut à l'angle du couloir.

« On vous attend pour partir. Le banquet commence bientôt. »

Cesare se recomposa instantanément, affichant un rictus chaleureux.

« Merci, Victor. Nous arrivons tout de suite. »

Alors que Victor repartait, Cesare me fit à nouveau face, ses traits adoucis mais ses yeux toujours brûlants de menace.

« Souvenez-vous de ce que je vous ai dit, Althéa. Ne me faites pas regretter de vous avoir redonné ma confiance. »

Je hochai la tête, incapable de parler et le suivis en silence jusqu'à atteindre le véhicule qui nous attendait. Je m'assis entre ma mère et mon plus jeune frère, Celyan. En face de nous se trouvaient Victor, distant comme toujours, et Cesare, dont la présence pesante m'écrasait. Le banquet organisé par l'Impératrice était une occasion incontournable, et malgré mes appréhensions, je devais y assister.

Il manque quelqu'un...

J'observai le paysage défiler, mes pensées fixées sur une question qui me hantait depuis des mois —sur lui. Prenant une profonde inspiration, je me lançai enfin:

« Dites, avez-vous des nouvelles de Vincenzo ? Cela fait bientôt dix ans qu'il est parti en voyage et nous n'avons eu aucun signe de vie. »

« Je pensais qu'il continuait les correspondances seulement avec vous. » haussa Victor les épaules.

« Vincenzo est un grand garçon, Althéa. Il sait ce qu'il fait. Ne vous inquiétez pas pour lui. » répondit Cesare à son tour.

Le rapport ? Ne me rassurait pas du tout sa réponse. L'absence de Vincenzo était étrange et préoccupante, et le ton de Cesare ne faisait qu'intensifier mes craintes.

Serait-il pour quelque chose dans cette mystérieuse disparition ?















𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant