𝟔𝟏.

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Je franchis le seuil de mes appartements et pris place devant la coiffeuse, laissant mes doigts courir machinalement sur la surface en bois poli.

Était-ce une bonne idée de confier cette tâche à Benediss ? Oui. C'est le meilleur choix qui s'offrait à moi.

Le miroir me renvoyait l'image d'une femme aux yeux cernés et aux joues creuses, prenant la brosse en ivoire pour démêler mes cheveux et arranger cette mine affreuse.

J'espère ne pas avoir causé plus de tort qu'il y en a déjà...

Soudain, une enveloppe d'un blanc crème attira mon attention. Le sceau de l'Impératrice brillait d'un rouge profond sous la lumière douce du matin, l'ouvrant délicatement afin de lire les mots calligraphiés avec soin.

L'Impératrice m'invite à prendre le thé au bord d'un lac. Pouvais-je presque sentir le parfum des roses et entendre le murmure apaisant de l'eau en lisant ses mots. Après le scandale de hier soir ? La repliai-je dans l'état dans lequel je l'avais trouvé. C'est si inattendu... Serait-ce une manière subtile de m'évaluer ? Si son époux lui a fait part de ses doutes, elle doit sûrement vouloir connaître mes réelles intentions.

Tout en imaginant la scène, je séparai mes cheveux en trois sections et commençai à tresser lentement, chaque mouvement accompagnant une pensée sur l'événement à venir.

Quelque chose de léger et gracieux. Quelque chose qui reflètera la sérénité de mes aveux.

C'est à ce moment que la porte s'ouvrit et que mes domestiques entrèrent avec une discrétion habile, portées par l'habitude de me réveiller à cette heure.

« Madame, vous êtes déjà levée ? » s'exclama l'une d'elles, tandis que les autres échangeaient des regards étonnés.

« Oui, j'ai un emploi du temps chargé aujourd'hui. » achevai-je ma coiffure.

Sans perdre de temps, elles disposèrent sur le lit les nouvelles robes que Maître Lermant avait envoyées.

La première robe, en lin vert émeraude, était ornée de broderies complexes représentant des motifs anciens entrelacés. Les manches longues se terminaient en pointes élégantes, tandis qu'un délicat col brodé encadrait le buste. La seconde était une somptueuse création de velours rouge profond, garnie de dentelles ivoire aux manches et au col. Un jupon ample s'étendait en un majestueux éventail autour des pieds, et une fine ceinture brodée d'or soulignait la taille.

Je déteste cette couleur... soupirai-je, et alors que j'allais leur tourner le dos, mon regard fut attiré par la troisième tenue. En soie bleue marine, ses manches bouffantes étaient d'un blanc immaculé, ajoutant une touche de contraste saisissante. Le corset, orné de chaînes d'or, apportait une note de richesse et de pouvoir à l'ensemble.

« Celle-ci. »

Les domestiques acquiescèrent avec empressement et s'affairèrent autour de moi, ajustant avec soin chaque pli de la robe, fixant les chaînes dorées du corset pour qu'elles tombent avec une élégance parfaite. Je restais étrangement détachée, observant tout cela à travers le reflet du miroir, avec une distance quasi clinique.

Une fois vêtue, j'admirai brièvement mon apparence. La robe était magnifique, pourtant, cette vision de moi-même, si parfaitement apprêtée, semblait presque étrangère, comme une marionnette soigneusement habillée pour un spectacle. Je pris une profonde inspiration et me tournai vers mes domestiques.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant