𝟓𝟕.

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Je contemplais la robe que j'avais reçu juste à temps pour le bal de ce soir. Le tissu était d'une couleur aussi profonde que les fruits mûrs en automne, épousant ma silhouette avant de s'évaser gracieusement. Les manches longues s'élargissaient aux poignets, tombant en un flot élégant jusqu'aux genoux. De délicates broderies dorées ornaient l'encolure et le bas de la robe, ajoutant une touche de raffinement à cet ensemble qui cachait sa véritable robustesse. Lermant a fait un excellent travail. Ajustai-je la ceinture qui venait serrer ma cuisse, dont je venais fixer une dague affûtée et un pistolet de poche. Je me tournai ensuite vers le coffret de bijoux posé sur ma coiffeuse pour en sortir le collier en forme de croix, fait d'argent et orné de petites perles. Je le mis autour du cou, vérifiant que la lame se détachait facilement, prête à être utilisée en cas de danger. Parfait. Pour dissimuler mon arsenal, j'enfilai une chaîne ornée de pierres précieuses et plaçai une couronne délicate sur mon front, ses motifs complexes et brillants captant la lumière de la pièce. Ainsi parée, je savais que personne ne devinerait les précautions que j'avais prises.

Un dernier regard dans le miroir me confirmant que j'étais prête, je sortis de mes appartements. Mes frères absents, je pouvais me permettre de rentrer dans le bureau de Cesare, sans craindre de me faire réprimander. Je savais que le contrat de mon mariage arrangé avec Aarden s'y trouvait, et à cette époque, Cesare n'avait pas encore eu le temps d'en faire une doublure, et c'était parfait pour ce que j'avais prévu.

En entrant, je refermai doucement la porte derrière moi, prenant un moment pour m'acclimater à la pénombre de la pièce. Le bureau était ordonné, chaque objet à sa place habituelle. Je me dirigeai vers le bureau en chêne massif, ouvrant le premier tiroir avec précaution. Je fouillai méticuleusement, le silence de la pièce étant seulement troublé par le léger froissement des papiers. Après avoir inspecté plusieurs tiroirs et étagères, mon cœur s'accéléra d'un cran lorsque je tombai enfin sur le document recherché: le contrat de mon mariage soigneusement rangé parmi d'autres parchemins. Je l'ai ! Le pliai-je délicatement et le glissai dans ma manche évasive, m'assurant qu'il ne ferait pas de bruit ni ne se verrait.

Je quittai ensuite le bureau avec une assurance feinte, refermant la porte derrière moi. Je marchais d'un pas rapide mais mesuré dans le couloir, tâchant de dissimuler mon excitation et mon angoisse, lorsque je tombai sur Elise.

« Où étiez-vous ? » demanda-t-elle, essoufflée.

« J'admirais simplement les tableaux du château. Ils sont... d'une inspiration inégalée... » mentis-je en affichant un sourire détendu.

« Le carrosse est prêt à partir. Vous devez vous hâter. »

Je la remerciai d'un signe de tête et me dirigeai vers l'extérieur, sentant la tension augmenter à mesure que je m'approchais du carrosse. Les souvenirs de la dernière fois que j'y étais montée me submergeaient, les images de ma mort revenant en vagues terrifiantes. Mon cœur se mit à battre plus fort, et ma respiration devenir saccadée. Il est là. Était-il sombre et imposant. Chaque pas vers ce véhicule me semblait un effort titanesque, et en me rapprochant, ma vision se brouillait légèrement. Je peux le faire. Fis-je un pas pour monter, mais mes jambes se dérobèrent sous moi. Je fus prise de vertiges, les souvenirs de cette nuit fatidique se mélangeant à la réalité. J'avais l'impression de revivre ce moment, de sentir à nouveau la douleur, la peur, la fin, et je dus m'agripper à la portière pour ne pas tomber. Elise remarqua mon malaise et s'approcha, une expression inquiète sur le visage.

« Madame, allez-vous bien ? »

Je fis un effort pour reprendre le contrôle, respirant profondément pour chasser ces maudits souvenirs.

« Oui. Juste un léger vertige. »

Elle me regarda sceptiquement mais n'insista pas. Prenant une dernière inspiration, je montai dans le carrosse, forçant mon corps à obéir. Une fois assise, je tentai de me calmer en me concentrant sur le présent et le document caché dans ma manche qui me rappelait que j'avais un but, une mission à accomplir. La vengeance contre Aarden.

Ce soir, tout va changer.







𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant