𝟐𝟒.

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L'air frais de l'hiver pénétrait par la fenêtre entrouverte, apportant avec lui une odeur de terre humide et de bois brûlé provenant des cheminées des maisons environnantes. Après un trajet silencieux mais apaisant, la calèche s'arrêta enfin devant l'imposante cathédrale. Ses tours majestueuses se dressaient fièrement vers le ciel gris, ornées de gargouilles et de vitraux colorés. La porte du véhicule s'ouvrit doucement et Benediss apparut pour m'aider à descendre. Je pris sa main avec gratitude, m'apprêtant à jouer le rôle d'une femme qui s'en était remis depuis la tentative d'empoisonnement.

« Merci, Benediss. » murmurai-je, lui offrant un sourire doux malgré la fatigue qui pesait sur mes épaules.

« Toujours à votre service, Madame. »

Je descendis prudemment, serrant anxieusement le chapelet qui entourait l'une de mes mains gantées. L'architecture de l'édifice était à couper le souffle, ses arcs et ses voûtes se rejoignant dans une harmonie parfaite, symbolisant une union entre le ciel et la terre. Les portes massives de la cathédrale étaient ornées de gravures complexes, représentant des scènes bibliques et des motifs floraux entrelacés. C'est unique. Laissai-je mes yeux s'attarder sur les détails, admirant la magnificence de ce lieu saint. Les membres de la noblesse et ecclésiastique commençaient à se rassembler, leurs murmures respectueux ajoutant une ambiance de révérence à l'événement.

Ma présence en tant que future Duchesse Aarden et sœur d'un futur Cardinal ne passait pas inaperçue, et je sentais le poids des regards posés sur moi. Pourquoi ai-je l'impression que tout le monde connaît mon péché ? Battait mon cœur plus vite sous l'intensité des regards. Ils savent, ils jugent. Étais-je incapable de chasser cette sensation oppressante de mon esprit. Les murmures qui m'entouraient semblaient soudainement se teinter de suspicion, chaque regard devenir un miroir de reproche. J'avais l'impression que tous ces iris perçaient mon âme, scrutant mes moindres pensées, mes moindres erreurs.

« Allons-y. » fis-je un effort pour me redresser et afficher un sourire serein.

Il me suivit de près, veillant attentivement à chacun de mes pas. En approchant de l'entrée, je remarquai le Duc parmi la foule, ses yeux rivés sur moi avec autant de froideur que la dernière fois.

Et si le Duc leur avait dit... ? Respirai-je difficilement, essayant de maîtriser la panique qui menaçait de m'envahir. Non, impossible.

Les portes s'ouvrirent dans un léger grincement, révélant l'intérieur de l'édifice. L'odeur de l'encens flottait aussitôt dans l'air, mélangée à celle des bougies allumées et des fleurs fraîches disposées en bouquets soigneusement arrangés. Je fis quelques pas en avant jusqu'à prendre place, les chants sacrés commençant à résonner dans l'air —une mélodie douce et réconfortante apportant un sentiment de paix et de sérénité. Chaque note semblait purifier l'atmosphère. Cependant, la sensation persistante d'être observée ne me quittait pas. Certains regards des dignitaires me donnaient l'impression d'être observée, notamment une en particulier que je n'arrivais pas à saisir.

Ce n'est rien... Fis-je un effort pour me concentrer sur la cérémonie. C'est juste moi.

L'évêque, vêtu de ses somptueux ornements, montait lentement les marches de l'autel, son visage empreint de gravité et de dévotion. Sa voix résonna dans ce lieu sacré, entamant la prière d'ouverture. Je fermai les yeux un instant, cherchant à me recueillir, à apaiser mon esprit. Pourtant, derrière mes paupières closes, les souvenirs de mes fautes revenaient en force, chaque image plus vive que la précédente.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant