𝙺𝚈𝙻𝙴

Chapitre 10

Kyle

Je viens de terminer une nouvelle semaine. Encore une. Mes journées se ressemblent à peu près toutes, et je commence à prendre le rythme.

Cela fait un mois et demi que la rentrée est passée et tout se passe plutôt bien.

Enfin, si on oublie que je dors de moins en moins bien. Mon esprit ne veut pas me lâcher, en ressassant des souvenirs, que j'aimerais pourtant oublier.

Après des heures à traîner dans mon lit, je me décide à aller me préparer un bon repas.

Je descends les marches de ma maison, et me dirige droit dans la cuisine.

- Tu as sale mine, m'attaque la voix de Nahil.

- Merci, c'est adorable.

- Je suis sérieux Kyle, tes problèmes d'insomnies persistent ?

Oui. Chaque soir. À chaque fois que je ferme les yeux.

- Oui toujours...

Il me regarde tristement, en ne sachant pas quoi répondre.
Ne t'en fais pas mon frère, ça va aller.

Je sais que lui aussi dort mal, même s'il essaie de le cacher, et comme s'il avait entendu mes pensées, il me répond :

- C'est temps-ci je dors comme un bébé, tu veux mon remède ?

Non Nahil, je ne le veux pas. Car je le sais déjà. Et cette merde te bousille la santé, un peu plus à chaque fois. Et même avec je sais que tu dors mal, ne me ment pas.

- Le cannabis ?

- Bonne réponse et crois moi que c'est de la bonne.

Ça ne me surprend pas, peut être à cause de ces yeux cernés mauve ou bien à cause de sa voix si rauque, à la limite de l'inhumanité.

- Tu ne devrais pas bousiller ta santé avec cette merde...

Même si je sais que ça t'aide à te canaliser, car sans ça, tu laisserais la folie t'englober.

- Et ce n'est pas considéré comme une drogue !

- Oh d'après toi ?

Ce qui par contre, me surprends, c'est que Nahil n'a jamais bu une goutte d'alcool. Jamais. Pas une fois. Il se contente de fumer. Et ça s'arrête là.

Au contrario de moi, qui ne fume jamais, mais qui me sers souvent un verre d'alcool pour me détendre.

- Bon, tu vas faire quoi de bon ? Me demande a-t-il en changeant de sujet.

- Des pâtes au saumon, répondis-je à la vas vite.

Nahil se place sur une des chaises devant le comptoir et se met à taper sur son téléphone.

Rien ne sert de lui demander de l'aide, il ne sait pas faire à manger. Moi non plus avant. Mais j'étais dans l'obligation d'apprendre. C'était ça ou mourir de faim.

Je sors les ingrédients en les plaçant sur la table.

- Comment se passent tes cours ?

- Plutôt bien. En-tout-cas mieux que je l'espérais.

- Et tes élèves sont pas trop dure ?

Son image se dessine dans ma tête. Pourquoi je pense à elle, à une question, pourtant simple ?

Je chasse très vite mes pensées, et hausse des épaule l'air de m'en foutre.

- Je ne fais pas attention à eux.

***

Je marche en direction de l'indication de mon téléphone, je dois parcourir la ville pour aller me procurer des livres pour mon prochain cours.

Sauf que ce téléphone me fait tourner en rond, je cherche une bibliothèque, ce n'est pourtant pas très compliqué.

Arrivé devant celle-ci, je pousse un soupir d'épuisement, devoir réfléchir sans sommeil, croyez moi que c'est plus compliqué que ce qu'il n'y parait.

Je pousse la porte, et entre, la bibliothèque est désertique. Tant mieux, cela signifie aucun bruit aux alentours.

Je marche jusqu'à voir une silhouette de dos, le nez dans un bouquin.

Lorsque elle tourne la tête en direction de mes pas, nos regards se rencontrèrent.

Il manquait plus que ça. Sur toutes les bibliothécaires du monde, je devais tomber sur elle.

La vie était une putain de blague...

À ce moment précis, j'ai deux choix, soit je me comporte en connard et je ressors de cette bibliothèque, sous son nez.
Soit je me comporte en adulte et fait comme si de rien n'était.

Ok. Première résolution. Je quitte cet endroit sur le champ.

Je fais demi-tour avant que sa délicate voix ne m'interrompe :

- Bonjour, je peux vous aider ? Me dit t'elle d'une voix sûre d'elle.

Elle à pris un air sûre d'elle en me questionnant, mais ses joues légèrement rosis et ses doigts qu'elle entremêle, m'indiquèrent le contraire.

- Non, ça va aller, lâchais-je.

Je ne pouvais que rester après cette phrase, quelle image je donnerais si je fuyais, alors que mon élève avait eu le cran de me confronter ?