Chapitre 14

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Kyle

Nouvelle insomnie, je tourne la tête vers la droite où se trouve mon réveil -04h29.

Je prends sur moi et me lève, faisant traîner mes pieds nus sur le sol, en ayant seule, la lumière de la lune comme repère.

Je traverse la pièce et termine devant mon lavabo, je fais couler l'eau et lentement me lave le visage.

Je lève le regard vers mon miroir accroché juste au-dessus, je m'examine comme si c'était la première fois.

Mes cheveux bruns sont en bataille avec des mèches mouillées, causées par l'eau. Mes yeux gris sont aussi froids que la glace, mes longs cils noirs leurs donnes un peu plus de légèreté. Ma mâchoire a l'effet d'avoir été faite dans la roche. Mes cernes violacés finissent de me donner ce côté mauvais.

Mauvais. Mon physique se reflétait bien à ce que je suis.

Ils me l'ont assez répété. Je suis quelqu'un de mauvais.

Je suis résigné à vivre dans le noir. Sans aide. Je ne le mérite pas.

Je sors et marche dans le couloir, jusqu'à entendre un bruit au fond d'une chambre, mes pieds se mettent en marche seul.

Je trouve Nahil accoudé au balcon, les yeux perdus dans le vide. Je m'approche, la brise de vent me fait frissonner, et l'odeur du shit émanant de la cigarette d'entre les lèvres de mon frère, me fait soupirer de bien-être.

Même si je ne fume pas, la sentir me détend. Nous restons dans le silence, un long moment.

- C'est qui ? Me demande-t-il brisant le silence de la nuit noire.

- Qui ça ?

- La femme qui perturbe ton sommeil.

- Tu sais que ce n'est pas une femme, la cause de mes insomnies.

Je mens. Pour la première fois de ma vie, il n'y avait pas que ça.

- Mais depuis peu, elle se rajoute à la liste, conclut-t-il, comme si c'était évident.

Comment faisaient-ils pour toujours tout deviner ?

- Comment tu as su ?

- Tu me demandes vraiment ça ? Tu es mon frère, je lis en toi comme un livre ouvert.

- Je vais devoir apprendre à mieux cacher mes émotions, dans ce cas.

- Ça ne servirait à rien. Parle-moi d'elle.

Alyanne. Alyanne Ose.

- C'est mon élève, elle est magnifique, mais je crois que ce qui me rend fou, c'est son fort caractère, ou bien ses yeux. Oui ses yeux dorés.

Son putain de regard. En un seul regard, ferait tomber n'importe quel homme.

- Et pourquoi tu n'as rien tenté ?

À aucun moment Nahil, ne tourne la tête vers moi, comme si je n'étais pas vraiment là. Comme si j'étais un mirage.

- Tu n'as pas dû entendre le début. C'est mon élève.

Pourquoi je pense encore à elle ?

À ses courbes sous mes doigts. À ses répliques assassines sortit de sa bouche, que j'aurais aimé faire taire. À ses long cheveux bordeaux qui s'arrêtent sur les fesses, me narguant. À ses cheveux mouillés par la pluie, aux gouttes d'eau qui ruisselle sur son beau visage.

À chaque fois que je la vois, mon cœur rate un battement. Pourtant, je ne la connais pas.

Est-ce cela le coup de foudre ?

Oublie l'effet qu'elle te produit.

Oublie les sensations que tu ressens.

Même si ton cœur n'a plus battu depuis longtemps.

Non, je ne dois pas. C'est mon élève. Bordel mon élève.

Ce qui me mets le plus en rogne est le fait que je n'ai jamais eu le temps de regarder une femme.

Alors pourquoi elle ?

Pourquoi maintenant ?

- Tu es vraiment un abruti Kyle. Cette meuf est majeure, non ?

- Oui, elle doit avoir dans les vingt-trois ans.

- Alors qu'est-ce que t'en as à foutre que ce soit ton élève ? Au contraire l'interdit devrait encore plus t'exciter.

L'interdit. L'interdit. L'interdit.

- Je ne l'a mérite pas.

Un rire froid sortit de sa bouche, aussi vif et tranchant qu'une lame.

- Tu ne le mérite pas ?

Lorsqu'on me voit, on pense souvent que je suis effrayant, je le suis. Mais pas autant que Nahil.

Il a toujours cette lueur de folie dans les yeux, qui marquerait n'importe quel être humain.

- Je pense au contraire que tu mérites le bonheur, le vrai.

Nahil regarde encore fixement devant lui.

- Toi aussi, on le mérite tous les deux.

- Non, c'est faux. Et tu le sais au fond de toi. Je suis beaucoup trop bousillé. J'ai la haine. Contre eux. Contre-moi. Contre tous. On est différent. Kyle, tu es capable d'avancer. Et d'oublier. Mais moi non.

Ce qu'il dit me fait mal. Je crois que ça faisait autant de mal, car je savais au fond de moi, qu'il n'avait pas tort. Nahil a souffert, beaucoup trop. Il tourne en rond, attendant son heure.

Mais j'ai peur. Peur de le perdre. Alors je préfère me mentir à moi-même.

- Je n'oublierais jamais.

- Appelle ça comme tu veux mon frère, l'oublies ou savoir passez outre... Peu importe.

Je me tus dans un silence profond. Un silence qui faisait mal. Un silence qui valait mille mots.

- Je m'en sortirais jamais. Mais toi, tu le peux. Il faut bien qui on est un des deux, qui s'en sorte mon frère.

Nahil tourna enfin la tête, vers moi, et je rencontre ses yeux vert, et la tristesse que je vois s'y reflétant, me met un coup de couteau dans le ventre, à m'en couper le souffle.

« Je te lâcherais jamais Nahil, car tu as pris mes douleurs dans les tiennes, car tu m'as sauvé, car c'est moi qui aurais dû être dans cet état. Car tu es mon frère. »

𝙺𝚈𝙻𝙴Où les histoires vivent. Découvrez maintenant