Chapitre 18

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Kyle

- Ta finis de faire le prof ? Me demande la voix de Nahil au téléphone.

- Ouais, je viens tout juste de finir là.

- Est-ce que tu rentres directement ? Je vais sortir.

- Non, tu peux y aller. Je dois aller faire un tour avant.

- D'accord. On se rejoint ce soir.

- Attends, tu comptes aller où ?

- Je vais aller faire deux trois courses.

- Hum... Courses, tu veux bien dire "courses de nourriture", pas vrai ?

Nahil sortit un rapide rire sombre, avant de me répondre.

- Oui, tu veux que ce soit des courses de quoi...

Il sait très bien de quoi je lui parle, mais il joue à l'imbécile.

Parfait. Moque-toi. Prends-moi pour un idiot.

- Du coup, je vais t'envoyer ma liste.

- Attends, attend Kyle, tu as une liste ?

- Évidemment que j'en ai fait une. Tout le monde en a une.

- Tu plaisantes personne en a. Enfin si, peut-être les vieux, qui ont plus aucune mémoire.

- Tu dis vraiment n'importe quoi Nahil, comment veux tu que je me souviens de ce qu'il me manque si je ne le note pas ?

- Bah, tu fais comme tout le monde, tu rentres dans un supermarché, et tu laisses tes envies parler.

- Quelle excellente idée ! Mais pourquoi je n'y ai pas pensé avant. Tu devrais donner ce conseil à tout le monde !

- J'entends le ton que ta voix a pris, est ça à l'air d'être plus qu'ironique. Ce qui ne me plaît pas des masses.

- Mais non, je dis juste que t'es un putain de révolutionner.

- Oui, je suis en avance, je le sais depuis que je suis petit, mais personne ne voulait me croire.

Je ris face à sa bêtise.

Nahil est du genre à entrer dans des conversations farfelues et de les continuer avec le plus grand sérieux.

Humour assez spécial, j'en conviens.

- Pourquoi on a cette conversation déjà ?

- Je ne sais plus. Et je me demande encore plus pourquoi je la continue. Allez au revoir.

- À jamais.

- Connard, me dit il avant de couper.

Bon, je me concentre sur la route et continue de rouler en direction de la bibliothèque, car après maintes réflexions que je me suis fait, j'avais décidé d'y aller. Juste par précaution.

Je me gare à la vas vite, devant la devanture et descend.

En même temps que je marche, j'envoie ma liste de course à Nahil. S'il pense que je rigole, il se met le doigt dans l'œil.

Je reçois très vite sa réponse :

« Tu es un grand malade, ma parole. »

Et c'est lui qui me disait ça ? Vraiment ?

C'est fou la réalité dans laquelle il est, il peut faire des choses clairement horribles qui le rendraient inhumain aux yeux de n'importe qui. Mais faire une liste est infaisable à ses yeux...

Des rires me firent relever la tête de mon téléphone.

Pause. Grande Pause. Grand bordel de pose. Arrêt sur image.

Je fais face à la vitre de la bibliothèque, qui me donne un très bon aperçu de la scène. Alyanne Olse est là devant moi en parfaite santé, aucun doute là-dessus. Même plus que bien. Vu que Mademoiselle rit à pleine gorge avec ce petit abruti.

Comment il s'appelle déjà ? Je n'en ai aucune idée.

Le mec qui l'avait accompagné à sa sortie au cinéma.

Peut-être sont-ils ensemble ?

Cette réflexion me fait envahir tout mon être, de nerfs.

Elle fait ce qu'elle veut, je m'en contrefous.

Mais en tant que professeur, je note dans un coin de ma tête que Mademoiselle Olse préfère passer son temps avec un mec plutôt que d'aller en cours.

Pitoyable. Autant que toutes les autres femmes.

Je me reconnecte à la situation, et fais demi-tour avant qu'elle ne me remarque.

De quoi aurais-je l'air d'être venu lui rendre visite, inquiet pour elle, alors qu'à priori, je ne suis même pas dans une seule de ses pensées...

𝙺𝚈𝙻𝙴Où les histoires vivent. Découvrez maintenant