𝙺𝚈𝙻𝙴

Chapitre 28

Kyle

Je souris devant le message que j'ai reçu d'Alyanne.

Elle a accepté. Je vais tenter d'ouvrir le dialogue avec elle. Je le sais que ça va être compliquée.

Est-ce que un rendez-vous est réellement une bonne idée ?

Je n'en sais foutrement rien.

Mais je devais bien faire quelque chose, les jours sont passaient et la voir absente à mes cours me met mal à l'aise.

C'est ma faute si elle ne vient plus et hors de question qu'elle rate son année à cause de moi.

Nous sommes deux adultes, je pense qu'on est capable de communiquer.

Je suis coupée dans mes pensées par l'arrivé de Nahil, qui comme à chaque fois que je le croise, est en train de fumer.

Il se pose à côté de moi, les yeux dans le vide.

Sérieux qu'est-ce qu'il fixe à chaque fois ?

Moi, je ne vois rien, à part la blancheur de nos murs.

Peut-être que la fumée l'emmène loin...

Je pense à la réponse que je dois envoyer à Alyanne, avec l'heure et l'endroit du café, où dois-je l'emmenais ?

Est-ce que je dois aller la chercher ?

Non. Oui.

Non. Ce n'est pas un réel rendez-vous. Donc non.

- Dis, tu la revue ? Questionne la voix rauque de Nahil, brisant le silence dans lequel nous étions plongés.

- Qui ça ? Réponds-je perplexe.

- La meuf dont tu m'as parlé la dernière fois...

Enfoiré. Il s'en est rappelé.

- Je suis allé là voir à son travail, je lui ai proposé un petit truc.

Il pencha la tête vers moi, en levant un de ses sourcils, pour que je développe.

- Un petit truc ? De quel genre ?

Je lui lance un lourd regard, qui doit bien refléter ce que je pense.

Je me lève pour prendre deux canettes de coca au frigo, et reviens à ma place, je lui en tends une.

- T'inquiètes. Je te reçois fort.

- Tu reçois quoi ? Lui dis-je en buvant ma première gorgée de boisson.

- Bah ton petit truc, c'est une petite partie de baise.

À l'écoute de ses mots, je recrache ma boisson et me met à toussoter.

- Merde, j'ai avalé de travers, lâchais-je difficilement en continuant à toussoter, le visage rougis d'inconfort.

- Et bah putain, tu dois t'entraîner avant d'aller voir ta femme, t'imagine pour qui tu vas passer si tu ne sais pas avaler ?

Il me prend vraiment pour un con ou quoi ?

Évidemment que je sais boire en public.

Non mais comme si avaler était difficile. Attendez, il est en train de me faire un sous-entendu-là ?

- Attends. On est toujours en train de parler de liquide là ? Pas vrai ?

Ses yeux vert rieurs me mettent le doute, et il m'achève en reprenant une nouvelle fois la parole :

- Hum... Bien sûr que je parle de liquide. Du bon liquide même...

- Ok. Je n'aurais pas dû débuter cette conversation avec toi, en fait, je ne devrais rien te dire, Nahil.

- Oh, je suis touché, ça me blesse tellement que tu veuilles me faire des cachotteries, cris t'il de manière théâtrale en posant sa main sur le cœur.

- Tu es vraiment un fils de chien, l'insultais-je en me moquant de sa scène.

- Ce n'est pas moi qui vais te dire le contraire, me rejoins t'il en riant.

Double sens. Sa phrase a un putain de double sens. La mienne aussi. On se comprend.

Après s'être calmé, le silence revient et de longues minutes après, j'avoue :

- Je vais l'emmener boire un verre.

Nahil lâche un ricanement sec, avant de l'ouvrir.

- J'avais compris, mon frère.

Je le regarde pour essayer de savoir ce qu'il pense mais Nahil est inexpressif la quasi-totalité du temps, alors je me sens obligé de lui demander :

- T'en pense quoi ?

- Je suis fière que tu aies enfin eu les couilles de l'invitée à un rencard.

- Ce n'est pas un rencard !

- Mais tu aimerais que se le soit.

Oui. J'aurais vraiment aimer. Mais ça ne l'ai pas.

Je dois lui dire. Peut-être qu'il me donnera des conseils. Alors je lui murmure doucement ce qui me tracasse l'esprit :

- Nahil ?

- Hum ?

- Je ne sais pas comment m'y prendre avec elle...

Mon frère se redresse, à l'écoute de ce que je lui confie, il sait que c'est important à mes yeux.

Il repose sa cannette et inhale une bouffée de sa verte en me fixant.

- Je te connais assez bien pour savoir que tu vas réussir à la mettre à l'aise. Tu es bienveillant et respectueux Kyle, ça va le faire. Tu n'as pas à t'en faire par rapport à ça. Fait de ton mieux avec elle.
Et si c'est écrit, si elle est faite pour toi, alors elle sera à toi, quoi que tu fasses, on ne peut pas aller à l'encontre de sa décision.

Sa décision. Il parle de Dieu.

Oui, Nahil est croyant.

Surprenant non ? Il n'est pas l'exemple du parfait croyant, il en est même très loin, mais croyez moi sur parole, il n'a jamais douté de l'existence de Dieu. Jamais.

Il dit souvent qu'il aurait déjà sombré sans lui, qu'il aurait déjà rejoint là-haut, sans lui.

Ce qui est pour moi très aberrant, faut l'avouer, c'est rare de voir un homme qui a subi l'enfer sur terre, croire fermement en Dieu.

En-tout-cas ce pas vraiment mon cas, je suis sûr que Dieu nous a laisser tomber. Quand je dis nous, je parle de certains humains, allez savoir pourquoi d'autre ont réussit à avoir sa grâce. Et pendant que certains sont condamnés à vivre l'enfer sur terre, d'autres vivent une vie parfaite, sans aucune embûche.

Mais je ne pourrai expliquer pourquoi, à chaque fois que je vois Nahil en parler avec cette ferveur et toute cette loyauté envers Dieu, ça me réchauffe le cœur.

D'amour. D'espérance. D'envie.

Car au fond, j'ai aussi envie d'y croire.

De croire que tu Dieu nous aimes,

De croire que l'on a pas subit pour rien,

De croire qu'on a nous aussi droit à notre rédemption.

Alors au fond de moi,

Je crois.

J'espère.

Je prie.

Je rêve.

- C'est écrit hein ? Relevais-je ses propres mots.

- Ouais...

- Alors j'espère vraiment que Dieu a conclu que l'on mérité, notre putain de fin heureuse.

Je lui tapote l'épaule et me lève après cette dernière phrase, et pendant que je prends la direction de l'étage, j'entends Nahil, chuchotais une phrase, qui m'en donne des frissons :

- Je prierai pour que tu l'aies ta putain de fin heureuse, mon frère...