Chapitre 41

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Nahil

Le gamin est devant la télé, il fixe son dessin animé, assis sur le tapis, depuis ce matin.

Je crois qu'il n'ose pas bouger. Ni même parler. Encore moins me regarder dans les yeux.

Pas très courageux le petit. Ça fait au moins un point commun avec sa mère.

Je jette un oeil à l'heure, et constate qu'il est midi passé.

- Et le gamin, tu veux graille quoi ?

- Gra..il le ? Répète-t-il en se retournant pour être face à moi.

Je soupire de désespoir, qu'est-ce qu'on apprend aux enfants de nos jours ?

- Tu veux manger quoi ?

- Des pâtes ? Propose-t-il peu sur de lui.

- Flemme. Tu sais les faire toi ?

- Mais j'ai cinq ans...

- Et alors ?

- Je suis un enfant...

- Ouais ouais c'est ça.

Je me lève et me dirige dans la cuisine, mes pieds s'arrêtent devant les placards, je prends ce qu'il y a et reviens m'installer sur le canapé.

- Chips, pain, fromage, lancé je au petit.

- J'aime bien, me répondit-il.

J'espère qu'il est au courant qu'il n'a de toute manière pas le choix.

On n'est pas chez sa mère-là.

Le gamin se lève d'un coup et s'installe sur la table du salon, il se met a préparer un sandwich, il coupe un grand morceau de pain, il y tartine du fromage et finit par rajouter les chips.

- Gamin, fait en moi un aussi.

- D'ac..cord.

Il en fait un deuxième et quand il a fini, il se dirige vers moi pour me le donner.

Je remarque très vite que sa main tremble, en posant le sandwich sur la table.

Je lui attrape la main en vol, Zack sursaute.

Sa lueur de peur dans les yeux.

Je la comprends. Je la ressens.

Elle me touche, bordel, je devrais m'en foutre.

Ça ne me regarde pas.

Je ne veux pas l'aider. Aidez personne.

Mais sans que je ne le veuille ma bouche s'ouvre d'elle-même.

- Vient là, gamin, assied toi à côté de moi.

- Oui ? Me questionne t'il en faisant ce que je lui demande.

- On t'emmerde à l'école ?

- No..n.

- Oh, je vois, on est face à un menteur.

Zack reste une minute silencieux avant de murmurer :

- Ou.oui.

Facile à deviner. Il y avait juste deux cas de figure : le harcèlement scolaire ou familial.

Sa mère a l'air d'être une femme bien donc c'est évidemment l'école.

- Qui ?

- Un plus grand que moi, il s'appelle Théo. Il aime bien me faire des coups tordus, ça le fait rire.

- Donne un exemple ? Lui demandais-je curieux.

- La dernière fois, il m'a poussé dans l'eau. Et après, il s'est moqué de moi. Dis-moi comment tu as fait toi pour devenir si fort ?

- Je ne vais pas te donner des conseils, je ne suis vraiment pas un exemple à suivre petit.

- Alors je fais quoi pour me débarrasser de lui ?

- Je sais qu'une seule chose, il faut toujours rendre les coups même quand tu es à terre. S'il te fait un coup, rends lui puissance mille.

- Mais moi, je n'ai pas envie de lui faire du mal...

- Tu préfères te faire écraser ? Parce que c'est comme ça la vie, tu te bats ou tu t'écrases.

Je vois le gamin en train de réfléchir, ça prend plusieurs minutes avant qu'il ne se remette droit face à moi.

- Je préfère me battre, m'affirme-t-il sur de lui.

- Bonne réponse petit. Allez lève toi, je vais t'apprendre à te défendre.

On se lève tous les deux du fauteuil, et je pousse certain meuble pour avoir plus de place. Je commence à diriger un cours de self défense rien que pour lui.

Le gamin m'écoute attentivement, et reproduit les mêmes gestes encore et encore, jusqu'à les reproduire naturellement.

Après plus d'une heure, Zack est essoufflé et rougit, il essaie tant bien que mal de reprendre son souffle, pendant que je lui tends une petite bouteille d'eau.

- Pourquoi tu m'aides ?

-Ça me fait chier de voir la lueur qui se reflète dans tes yeux. Ça répond à ta question petit gars ?

-Merci Nahil.





***


Je dépose Zack devant le portail de son école maternelle.

- Tu n'oublies pas ce que je t'ai appris.

- Oui, ne t'en fais pas, je n'oublie pas.

Le gamin me tire le tee-shirt pour que je me baisse, ce que je fais, et il plaque un bisou sur ma joue puis part rejoindre sa classe en courant.

Je reste un moment ébahi par ce geste, tout nouveau pour moi.

Puis attends devant ce portail un moment avant de m'approcher d'un cercle d'enfant réuni qui crie de partout.

- Lequel d'entre vous est Théo ?

Un silence de mort se reflète par mon arrivé. Les enfants se regardent sans parler. Certains d'entre eux se cachent derrière d'autres enfants, pendant que d'autres se mettent à trembler.

- OH ! Bande de mioche à la con, je vous ai posé une question ? Haussais-je le ton.

Les enfants sursautent, et pointe tous leurs doigts en direction d'un enfant.

Un gamin aux cheveux mi-long blond, essaye de partir en courant après avoir été designer.

On a trouvé notre gagnant.

J'ai juste à faire deux pas pour l'attraper, je le tire par son col de pull, et le traîne jusqu'à un coin plus loin, plus discret.

- Bien à nous deux petit con.

- Je n'ai rien fait, je vous jure monsieur, je n'ai rien fais.

- Ferme la, je n'aime pas entendre ta voix de merde.

- Ou..oui d'a...accord.

- Donc une petite merde comme toi essaie d'intimider Zack ?

- Za...ck ? Ah non non non, je rigole avec lui, c'est tout.

Je lâche un rire sombre, qui fait très vite effet, car le gamin recommence à trembler de tout son être.

S'il continue comme ça, je ne donne pas cher de ses jambes.

- Si tu t'approches encore une seule fois de lui, je reviens et je te taillade en petits dés. Je continuerai avec toute ta pute de famille qui t'a mal éduqué.

Je n'attends pas vraiment une réponse même si ses larmes à suffocation, sa morve qui coule de son nez et de sa respiration saccadé l'est déjà.

- Pr...omis...ou..oui..pro..mis..mon..sieur.

- Dégage, finis je de dire en le lâchant.

Le morveux part en courant et mes yeux rencontre son haut de pantalon mouillé, je n'ai même pas envie de savoir...

Et un problème de plus de réglé !

𝙺𝚈𝙻𝙴Où les histoires vivent. Découvrez maintenant