Une voix réveilla Alice en sursaut, elle passa une main sur son visage et respira fortement en se redressant. Les nuits, où les cauchemars étaient présents sans qu'elle ne puisse en sortir, étaient les plus terrifiantes. Elle tendit le bras et prit la bouteille d'eau qui se trouvait sur la table de chevet. Elle but une longue gorgée, puis reposa la bouteille sur le côté. Elle observa l'extérieur, la nuit était présente, ce qu'il voulait dire qu'elle ne devait pas avoir beaucoup dormi. Elle attrapa son téléphone qui se trouvait sur la seconde table de chevet, et constata qu'il n'était que trois heures du matin. Elle passa une main sur son visage et se décida à sortir du lit. Elle portait un simple short, ainsi qu'un débardeur, cela était amplement suffisant, à la vue de la chaleur présente dans ce pays, heureusement les nuits étaient un peu plus fraîches.
Alice s'avança vers sa porte-fenêtre, et observa l'horizon. Elle ferma les yeux, et respira longuement. Elle sortit de sa chambre et avança sur sa terrasse. Ce lieu l'apaisait réellement, Alice n'avait jamais été une personne qui aimait beaucoup la plage ou même l'odeur de la mer, mais au cours de ces dernières années, elle avait enfin compris que c'était une des seules choses à pouvoir l'apaiser, et lui faire un tant soit peu oublié ce qu'elle avait vécu.
Alice jeta un rapide coup d'œil derrière elle, et observa les rideaux de sa chambre bouger. Ce n'était que le vent, se dit-elle intérieurement. Elle secoua rapidement la tête pour chasser les souvenirs de son dernier cauchemar, et quitta sa terrasse. Elle se sentit de nouveau un peu plus libre quand ses pieds touchèrent le sable. Elle sourit légèrement, et s'avança sur la plage. Elle s'approcha de la mer et laissa l'eau toucher ses pieds. Elle frotta un peu ses bras, l'eau fraîche la fit frissonner. Elle ferma les yeux et apprécia ce moment de paix. Elle resta un très long moment comme cela, à juste écouter le bruit de la mer.
Alice ouvrit les yeux quand quelque chose toucha ses jambes. Elle baissa la tête et sourit. Elle s'agenouilla et passa une main sur la tête du chien qui était présent à ses pieds.
- Qu'est-ce que tu fais là, Charlie ? demanda-t-elle en souriant. Tu sais que tu n'as pas le droit de venir sur la plage tout seul.
Elle embrassa le chien sur la tête, le labrador s'approcha un peu d'elle et se cala contre sa poitrine.
- Retourne à la maison avant de te faire disputer, dit-elle en prenant le visage du chien entre ses mains. Merci à toi d'être venu me voir.
Le chien la regarda tristement avant de courir vers sa maison quand un sifflement se fit entendre. Alice se redressa et s'éloigna de la mer. Elle prit place sur le sable sec à quelques mètres de sa terrasse. La mer était illuminée par la lune qui était pleine cette nuit. Alice croisa ses jambes et ferma de nouveau les yeux, tout en touchant le collier autour de son cou.
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Alice ne pouvait stopper le tremblement de ses mains, et elle ne pouvait s'empêcher d'observer le sang qui était présent dessus. Elle ne pouvait entendre les personnes autour d'elle, la seule chose qu'elle entendait, c'étaient les battements de son cœur qui étaient anormalement lents. Elle entendait vaguement une personne lui parler, mais elle ne pouvait comprendre ses paroles. Elle ne savait pas depuis combien de temps, elle était présente dans ce lieu, quelques minutes, quelques heures ? Elle ne le savait pas, et elle ne voulait pas le savoir. Elle ferma les yeux, et tenta de faire disparaître ce qu'il s'était passé. Elle voulait oublier, elle voulait chasser ces images. Elle aurait dû mourir, pourquoi n'est-elle pas morte ? Elle ouvrit les yeux quand elle crut entendre son prénom. Une main sur son épaule la sortit de sa bulle. Elle leva doucement la tête, et regarda le médecin devant elle. Son visage était impassible, aucun sourire, pour lui dire que tout allait bien aller, mais pas de visage fermé, pour lui dire que c'était terminé. Elle le vit, regarder son ami, qui lui tenait la main. Une personne était en train de lui tenir la main ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Elle aurait dû mourir, cela aurait été préférable pour elle. Le médecin lui parlait, mais elle ne pouvait distinguer ses mots. Elle essaya de se concentrer, cela semblait important. Elle tenta de se focaliser sur la chaleur présente dans sa main, mais elle n'y arrivait pas. Elle était encore là-bas, avec eux. Elle voulait fermer les yeux, mais elle ne le pouvait, elle ne pouvait pas revivre cela. Une seconde voix se mêla à celle de « son ami », et du médecin. Alice releva la tête et posa enfin son regard sur le docteur.
- Vous me comprenez ? demanda-t-il doucement.
Alice essaya de parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche, elle déglutit difficilement et hocha la tête pour lui montrer qu'elle l'entendait.
- J'aimerais avoir de bonnes nouvelles pour vous Madame, mais ce n'est pas le cas. Nous avons réussi à retirer la première balle, mais la seconde à toucher l'artère interventriculaire antérieure.
- Il est mort ? demanda-t-elle la gorge nouée.
- Je suis sincèrement désolée.
Les jambes d'Alice lâchèrent instantanément, elle fut rattrapée de justesse par son ami. Elle ne put stopper le hurlement qui sortait de sa bouche.
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Le cri d'Alice la sortit de son sommeil, elle se redressa et respira fortement. Elle alluma la lampe de chevet et essuya rapidement ses larmes. Elle souffla longuement pour reprendre son souffle, ses mains se mirent à trembler et sa respiration se fit laborieuse. Elle quitta la chambre rapidement et entra dans la salle de bain. Elle se regarda dans le miroir, et passa une main sur son visage. L'angoisse du souvenir de son cauchemar, l'empêcha de réguler sa respiration. Elle se tourna et se laissa glisser par terre.
- Allez... calme... toi, se dit-elle à elle-même.
Elle essuya ses nouvelles larmes, et allongea ses jambes. Elle devait se calmer, mais l'image de son cauchemar, l'en empêchait. Elle essaya de se focaliser sur quelque chose d'heureux, mais rien n'y faisait. Son hurlement déchirant résonnait dans sa tête. Elle ne put fermer les yeux de peur de revivre son cauchemar, mais elle se focalisa sur sa respiration, et tenta de la calmer. Elle savait au fond d'elle qu'elle ne pourrait pas calmer cette crise. Elle l'accepta, comme son médecin lui avait déjà expliqué, que parfois, il valait mieux accepter pour que celle-ci se termine. Elle inspira et expira de nombreuses fois, et posa sa tête contre le meuble.
Alice se redressa une vingtaine de minutes plus tard. Elle se déshabilla et entra dans la douche. Elle savait que cela était nécessaire, cela lui permettait de faire passer entièrement la crise. Elle sortit de la douche, une fois qu'elle se sentit complètement calmée. Elle prit le peignoir accroché derrière la porte, et quitta la salle de bain. Elle se dirigea vers la cuisine, et se prépara un thé. Elle savait très bien que de toute façon, elle ne pourrait pas se rendormir. Elle s'approcha de la fenêtre, une tasse dans les mains, et observa la rue. Elle n'avait jamais été une personne de la ville, elle préférait largement le calme de la campagne. Mais elle avait besoin de changement, et ce changement se ferait ici. Elle avait visité Paris, une seule fois quand elle était plus jeune. C'était un cadeau d'anniversaire pour ses dix-huit ans. Elle avait beaucoup aimé, mais elle s'était toujours dit qu'elle ne pourrait jamais vivre dans cette ville. Et pourtant, c'était cette ville qu'elle avait choisie pour avancer. Alice s'éloigna de la fenêtre et prit place sur son sofa. Elle avait encore quelques heures devant elle, avant de commencer cette nouvelle vie.
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Alice sortit du taxi et sentit le stress l'envahir. Elle régula sa respiration alors que ses pieds l'approchaient de ce lieu qu'elle redoutait tant. Elle se stoppa et observa ce magnifique édifice. Elle souffla longuement, deux longues années sans mettre un pied dans un palais de justice. Elle ferma les yeux, elle savait que la plupart du temps, c'était une mauvaise idée, car tout cela la ramenait au jour de ce drame, mais elle en avait besoin pour pouvoir se calmer, et calmer ses tremblements qui s'étaient fortifiés depuis quelques minutes. Une personne la bouscula, ce qui la sortit de sa légère crise.
- Ça va aller... respire Alice... ça va aller, murmura-t-elle.
Elle souffla fortement et longuement, puis se dirigea d'un pas décidé vers l'entrée du Palais. Il était temps pour elle de reprendre sa vie en main, et de ne pas laisser la personne qui lui avait tout pris, gagner.
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Nouvelle vie
FanficLes évènements de notre vie, nous oblige parfois à changer. Alice Nevers entamait cette nouvelle vie, en espérant retrouver ce qu'elle avait perdu...