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Alice était assise sur le banc dans le couloir du Palais de Justice, elle avait demandé à voir le président, mais ce dernier étant en rendez-vous important, la secrétaire lui avait proposé de l'attendre. Elle attendait depuis une vingtaine de minutes déjà et elle espérait ne pas devoir attendre trop longtemps avant de pouvoir le voir. Elle avait prévenu son mari qu'elle récupérerait les enfants, mais il commençait déjà à se faire tard et elle n'était pas sûre d'arriver à l'heure. Elle prit le temps d'envoyer un message avant que la porte du bureau ne s'ouvre. La secrétaire l'informa que le rendez-vous allait se terminer, et qu'ensuite le président pourrait la recevoir. Une dizaine de minutes passa avant qu'Alice ne puisse enfin entrer. Elle remercia la secrétaire et entra dans le bureau. Le président était dos à elle, il semblait au téléphone et passablement énervé. Elle se tut et regretta finalement de ne pas avoir choisi un autre jour pour le voir. Elle attendit quelques minutes de plus avant qu'il ne termine sa conversation et lui fasse enfin face. La colère du président s'effaça rapidement en voyant Alice.

- Madame le Juge, dit-il en souriant. Je vous en prie, ajouta-t-il en désignant la chaise face à son bureau.

Alice hocha la tête, et prit place sur la chaise. Elle posa son téléphone sur le bureau et croisa les bras, comme à son habitude. Elle aimait avoir cette barrière de protection quand elle s'adressait à quelqu'un.

- Vous allez bien ?

- Ça va, dit-elle en se raclant la gorge.

- Vous souhaitiez me voir pour ? demanda-t-il légèrement inquiet.

La juge Bennett était son meilleur élément dans le Palais, et il était rare pour elle de venir dans son bureau. Les seules fois où elle venait le voir, étaient pour exprimer son mécontentement quant aux choix qu'il faisait sur ses enquêtes. Il la vit se réinstaller dans son siège, et se racler de nouveau la gorge.

- Nous avons une enquête en cours, et je ne serais pas au courant ? demanda-t-il voyant bien qu'elle ne prenait pas la parole.

- C'est personnel Richard, dit-elle après de longues minutes d'hésitation.

- D'accord.

Elle regarda le président s'installer un peu plus confortablement dans son siège. Elle pouvait aussi déceler de l'inquiétude sur son visage. Il posa ses bras sur le bureau puis croisa les mains.

- Que voulez-vous dire par personnel ?

- C'est à propos de ton fils.

Elle avait énormément hésité avant de prendre la décision de lui en parler, mais le comportement de son fils était devenu problématique pour elle, et pour sa famille. Elle préférait prendre les devants avant que quelque chose n'arrive. Elle regarda son président qui semblait confus, mais aussi de plus en plus inquiet.

- Antoine ? demanda-t-il hésitant.

- Oui, Antoine. Je sais que tu considères Benjamin comme ton fils et c'est pour cela que j'ai vraiment hésité avant de venir t'en parler. Je ne voudrais pas que tu te disputes avec Benjamin à cause de cela. Il t'aime et je sais que tu l'aimes aussi.

- Explique-moi ce qu'il se passe avec Antoine.

Alice souffla longuement, elle savait qu'elle n'avait pas vraiment de preuves et que c'était plus un ressenti qu'autre chose. Mais elle avait toujours eu un bon instinct, et cela ne lui présageait rien de bon.

- Cela a commencé quand Benjamin lui a donné notre adresse.

- Benjamin sait très bien que l'on ne donne pas son adresse personnelle à des clients.

Nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant