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Elle était là, sans être là, elle ne pouvait pas quitter les lieux, car elle avait besoin d'être sûre qu'elle n'avait pas tout perdu. Elle devait survivre, car si elle ne survivait pas, elle, non plus, n'y survivrait jamais. Pourquoi l'attente était si longue ? La balle avait traversé son corps, et malgré tout le sang, qu'elle avait perdu, aucun organe ne semblait être atteint, alors pourquoi l'opération durait depuis des heures. Elle ne voulait pas fermer les yeux, car elle se retrouverait là-bas, mais elle était tellement épuisée aussi.

Elle se souvenait que le médecin lui avait annoncé que son mari n'avait pas survécu, la balle ayant touché une artère vitale. Elle se souvenait de la douleur qu'elle avait ressenti, elle se souvenait être tombée par terre et qu'une personne l'avait maintenu contre elle. Probablement les bras protecteurs de son père. Ce dont, elle ne se souvenait pas, c'était après, car de nombreuses heures semblaient être passées, mais elle ne savait pas comment elle s'était retrouvée dans une autre salle, beaucoup moins de personnes étaient présentes. Les collègues et amis de son époux avaient quitté les lieux. Son père était toujours à côté d'elle, elle pouvait sentir la chaleur de sa paume contre la sienne. Zoé n'était plus présente, non plus. Elle ravala ses nouvelles larmes et se posa contre l'épaule de son père. Elle voulait simplement sa fille, elle voulait que le médecin passe ses portes et lui annonce qu'elle allait bien.

Les heures défilèrent sans qu'Alice ne bouge, ni même son père. Alice continua de fixer les portes, elles s'ouvraient parfois, mais personne ne venait à leur rencontre. Elle n'avait toujours pas dormi, elle ne pourrait pas le faire tant qu'elle n'aurait pas de nouvelles. Plus aucune larme n'était présente, comme si son corps ne pouvait plus en produire.

- Tu penses qu'elle est morte ? demanda-t-elle difficilement.

Le manque de sommeil, accumulé au manque d'eau et de nourriture, elle ne reconnaissait pas sa voix. Elle ferma les yeux et se racla la gorge alors que son père caressait sa main.

- Alice, dit-il doucement.

- Si elle était morte, ce ne serait pas aussi long, dit-elle en se redressant.

- Elle n'est pas morte, dit-il en prenant délicatement, son visage dans ses mains.

- Mais peut-être qu'elle l'est et ils ne veulent pas me le dire.

- Elle n'est pas morte, ma chérie, dit-il en caressant ses joues.

- Peut-être qu'elle l'est papa.

- Non, je te promets qu'elle ne l'est pas, dit-il en posant un baiser sur son front.

Alice hocha doucement la tête, et fit un léger sourire à son père. Heureusement qu'il était présent pour elle, sans son soutien, elle n'aurait personne. Elle plaça de nouveau sa tête contre son épaule, et regarda les portes.

- Pourquoi tout le monde est parti ?

- Ils étaient épuisés, ils ont attendu le plus longtemps possible.

- C'est vrai que Maena est moins importante que Benjamin.

- Alice s'il te plaît.

- Et Zoé ? demanda-t-elle en resserrant la main de son père.

- Elle t'a dit qu'elle partait, mais je ne pense pas que tu aies entendu.

- Et dire qu'elle est censée être ma meilleure amie, dit-elle d'un ton las.

- Moi, je suis là, dit-il en l'embrassant.

- Merci.

Elle posa un baiser sur sa joue avant de se caler contre lui. Le silence s'installa de nouveau, et de longues minutes passèrent. Même si Maena n'était pas morte, elle avait peur des conséquences sur son état physique, mais aussi psychologique. Elle souffla longuement et brisa le silence qui était devenu très oppressant.

Nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant