L'encre de ses yeux / Baji x OC

⚡︎ Chapitre 37 ⚡︎

---- Le coeur a sa mémoire, et je n'ai rien oublié ----

Voulant fuir cette ambiance morose au plus vite, et les regards accusateurs ou encore inquiets des membres du Toman, je quitte rapidement la pièce pour remonter à l'étage. D'autant que le rendez-vous prévu avec Hanma se rapproche et que je dois me préparer.

Mais lorsque je m'apprête à fermer la porte de ma chambre après l'avoir pénétrée, elle ne claque pas comme je l'espérais, et je suis obligée de me retourner pour me rendre compte qu'un homme la retient, paumes à plat sur le bois pour ne pas se la prendre en pleine face.

-Pourquoi tu m'as suivi ? Dis-je, la voix peut-être un peu trop piquante pour une simple question.

Il prend le temps de refermer la porte pour nous laisser de l'intimité afin de discuter, mais je ne loupe pas le tour de clé qu'il y met, l'air de rien. Quand il me fait enfin face, il a les mâchoires serrées et les yeux fous. Il est encore plus flippant que d'habitude avec ses pommettes tuméfiées, et je fais un pas en arrière sous la puissance de son regard.

-Manjiro, maintenant Hanma, tu comptes tourner dans tous les gangs ?

Sa voix grave empli la pièce et résonne dans mon corps, tandis qu'il crache ces immondices. Je n'en crois pas mes oreilles, est-il venu m'insulter ? Lui qui ne fait que me repousser. Je racle ma gorge pour ne pas laisser ma voix le trahir.

-Qu'est ce que ça peut te faire Baji ?

Il s'approche dangereusement, d'un pas, puis deux jusqu'à être à moins d'un mètre de moi et de me toiser de toute sa hauteur. Je ne comprends décidément pas ses réactions. Il y a quelques jours je ne devais pas m'attacher à lui parce qu'il ne voulait pas d'une relation, mais aujourd'hui il est en colère parce que je sors avec d'autres ? C'est à ne rien y comprendre, et ses sauts d'humeur commencent vraiment à me donner la migraine.

Il se penche en avant pour que nos visages soient si près l'un de l'autre que je sente son souffle chaud sur mon nez. Ma peau se hérisse instantanément, attirée par la sienne. N'en guérirais-je donc jamais ?

-Est-ce que tu vas coucher avec lui ? Murmure t-il, détaillant mes traits de ses yeux jaunes. Son haleine mentholée me chatouille les narines, et je fais de mon mieux pour ne pas reculer et ainsi lui prouver mon trouble.

-Bien sur que non. Mon ton est un peu tremblant, mais ce n'est pas que ma réponse n'est pas sure, bien au contraire, c'est sa proximité qui dérègle mes sens.

Il semble s'en apercevoir et glisse son regard sur moi à plusieurs reprises, comme pour évaluer si je dis la vérité ou non. Je parviens à garder bonne figure, fièrement plantée devant lui alors qu'il essaye de prendre l'ascendant sur la situation.

-Et est-ce que tu vas coucher avec moi ? Ajoute le noiraud, le bout de ses cheveux chatouillant mes épaules nues. Je n'arrive pas à croire qu'il ose me demander une chose pareille, surtout après tout son cinéma pour n'entrer dans aucune forme de relation.

Il se joue clairement de moi, et je refuse qu'il me voit encore comme son jouet. Je suis bien décidée à me refuser à lui, bien que les réactions de mon corps me prouvent tout l'inverse.

-Non plus, ce n'est pas au programme.

-Comme c'est fâcheux. Et est-ce que tu as aimé sortir avec Manjiro ? Tu as aimé ses mains sur toi ? Il sait qu'il me déstabilise avec ses mots. Il prêche le faux pour savoir le vrai, et j'ai tout sauf le temps pour ce genre de comportement puéril. Il attend de moi que je lui promette de n'avoir rien fait avec d'autres, alors que lui déserte la maison en pleine nuit ?