L'encre de ses yeux / Baji x OC

⚡︎ Chapitre 58 ⚡︎

---- She loves him more than he will even know, and he loves her more than he will ever show----

La semaine s'est étirée lentement, bien trop lentement à mon goût, de même que la suivante. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, je n'ai pas passé mes journées à ruminer, et mon quotidien n'a pas tellement changé par rapport à d'habitude. Tout simplement parce que j'ai pratiqué une stratégie intéressante et que j'affectionne tout particulièrement : la technique de l'autruche. Celle-ci consiste tout simplement à ne pas penser à la source de mes problèmes, et donc à totalement renier ma grossesse. Il y a bien eu quelques fois ou j'ai hésité à tout balancer à Mitsuya ou à Chifuyu pour avoir leur soutient et leur point de vue, mais en dehors de ces moments de faiblesse, je n'y ai pas réfléchi du tout. Je n'ai ni changé mon alimentation, ni mon rythme d'entrainement.

En revanche, au moment de monter sur le ring lors d'une séance particulièrement éprouvante, j'ai été prise de violentes nausées qui m'ont menées directement aux toilettes. Je ne sais pas si ces nausées sont le résultat direct de mon premier trimestre ou si c'est simplement mon corps qui tente de protéger l'embryon alors que moi-même je n'y prête pas attention, mais je suis heureuse d'avoir vécu cette horrible expérience sans éveiller les soupçons des autres membres de la première division trop occupés à se taper dessus.

Mia en revanche, ne me lâche pas avec cette histoire, et j'essaye donc de l'éviter au maximum. Chaque jour, elle me harcèle pour obtenir mes aveux face au brun. Et aujourd'hui n'en fait pas exception, puisqu'elle me suit de près, insistant encore et encore alors que je me blinde en levant les yeux au ciel, me préparant à ses menaces.

-Tu ne peux pas continuer comme ça, il faut lui dire pour prendre une décision à deux Léo, ces choses-là ne sont font pas seule. La date fatidique approche, et il sera bientôt trop tard pour avorter. Je presse le pas pour la semer, mais elle n'a pas dit son dernier mot et attrape mon poignet avec une vitesse que je ne lui connais pas. Je sais que tu refuses de voir la réalité en face, mais il va bien falloir que tu t'y colles. Si d'ici 5 jours tu ne lui as toujours rien dit, je m'en charge.

-C'est un peu extrême mais je suis d'accord avec Mia. Annonce Emma, qui nous suit, mains dans les poches alors que nous rentrons des cours. Ce n'est pas cool de lui cacher un truc aussi important, en plus il sent bien qu'il y a un truc qui cloche, tu l'as dit toi-même.

C'est vrai que notre relation n'est pas au beau fixe, en ce moment. Sans être dans une dynamique de dispute, disons seulement que nous passons de moins en moins de temps ensemble. Mais il faut dire qu'il passe ses soirées en mission et que moi je l'évite bien souvent pour qu'il ne soit pas tenté de me poser quelconque question. On a bien dormi ensemble quelques fois, chez sa mère, mais j'ai à peine eu le temps d'entrer en évitant sa mère que nous nous endormions déjà, tous deux fatigués de nos journées respectives.

-Je sais, et je vais lui dire. Mais ce n'est pas facile, vous croyez quoi ? Il est toujours dehors.

-C'est ton mec. Envoie-lui un putain de sms, et il sera là immédiatement, tu le sais très bien alors arrête de te cacher derrière des excuses à la con.

La blonde est de plus en plus piquante à mesure que les jours passent. Je sais qu'elle m'en veut de faire preuve de si peu de courage, mais elle ne se rend pas compte à quel point ce sujet peut être anxiogène pour moi. Les quelques fois seulement où j'ai ne serait-ce qu'envisagé d'en parler à Baji, j'ai été prise de sévères crises de panique, qui m'ont laissées en pleure et dans l'incapacité totale de respirer. Je ne suis pas assez idiote pour croire que cette histoire peut avoir une fin heureuse, et je refuse de devoir prendre la décision que je sais être la meilleure pour moi, pour lui, et pour cette vie que nous avons créée. Égoïstement, je cherche à gagner du temps pour me protéger de l'effroyable fatalité qui me laissera, je le sais, brisée.