⚡︎ Chapitre 67 ⚡︎

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---- And try, baby, try. To trust in my love again ----

Still loving you - Scorpions


Il est tard, beaucoup trop tard. Un nouveau coup d'oeil à l'horloge m'indique qu'il est onze heure quarante-deux, ce qui signifie que seulement trois minutes se sont écoulés depuis la dernière fois que j'ai vérifié. Il faut bien l'avouer, je me fais un sang d'encre, et ne peux m'empêcher de fixer sans le voir ce sms m'indiquant que le noiraud était sur le retour, il y a pourtant plusieurs heures. Il y a quoi, huit kilomètres entre le centre ville et le QG ? Il ne devrait pas mettre tant de temps.

Je sens mon coeur battre de plus en plus fort, et commence à imaginer toutes les choses terribles qui auraient pu lui arriver. La peur de l'inconnu prend le dessus, et je me sens submergé par l'incertitude. Mon téléphone sonne, mettant un terme à mes réflexions, et je me précipite pour regarder l'écran. Hélas il ne s'agit que de Chifuyu, qui m'assure faire son possible pour le retrouver. Je l'ai appelé il y à une heure, désespérant de voir le noiraud passer le seuil de la porte, et il est tout de suite parti à sa recherche, me sommant de rester ici au cas où cette tête brulée ferait son retour. Je le soupçonne d'avoir trouvé cette excuse pour ne pas que je me mette moi-même en danger à une heure pareille de la nuit.

Ce soir, comme rarement, la maison est vide, et ce silence pesant ne fait que renforcer l'effroi qui me gagne à mesure que les minutes passent. L'angoisse monte en moi, et je commence à envisager le pire. Avec tous ces règlements de compte, ces missions et son tempérament de feu, je crains qu'il ne soit en danger, ou peut-être pire encore. Je me sens impuissante, totalement, et serait prête à tout pour ne serait-ce qu'un signe de vie de sa part.

Baji n'est pas parfait certes, mais il n'est pas du genre à me laisser m'inquiéter inutilement, surtout depuis l'annonce de ma grossesse. Même en cas de situation critique, il me répète de ne pas m'en faire, quitte à me mentir pour s'assurer sa tranquillité. Ce silence n'est pas normal, j'ai pourtant tenté de l'appeler à de maintes reprises et ai laissé un nombre incalculable de message sur sa messagerie.

L'idée d'appeler les hôpitaux alentours me traverse vaguement l'esprit, mais une sorte de paranoïa irrationnelle me rappelle que lorsque l'on cherche, on fini généralement par trouver. Et si leur réponse était positive ? Si le père de mon enfant se trouvait actuellement entre la vie et la mort suite à un accident sur le bitume ?

Un bruit tumultueux provenant de l'extérieur vient mettre un terme à mes sombres pensées et me fait immédiatement sursauter. Comme si quelqu'un venait de trébucher sur les marches du perron alors qu'il ne me semble pourtant pas avoir entendu le moteur d'une cylindrée. Je n'en suis après tout plus si sûre, frisant actuellement l'irrationnel tant l'inquiétude me ronge.

Je n'ai eu le temps de faire qu'un pas sur le parquet, que déjà la porte s'ouvre sur un Baji couvert de sang. L'hémoglobine qui macule ses vêtements est la première chose que je remarque, ainsi que sa pommette tuméfiée et sa lèvre fendue. Une coupure profonde sur son front fait perler le liquide rougeâtre sur son visage, lui donnant un air à la fois terrifiant et incroyablement fragile.

Je m'apprêtais à bondir vers lui pour lui porter assistance, comme chaque fois qu'il rentre meurtri, mais me retrouve clouée au sol. Mes pieds refusent de bouger, aucune des parcelles de mon corps semble être enclin à m'obéir. Et pour cause: mon regard vient de rencontrer ses yeux injectés de sang. Il peine à garder son équilibre, s'appuyant sur le mur de l'entrée pour ne pas chanceler davantage alors qu'il titube dangereusement vers moi. Une forte odeur de Whisky m'arrive jusqu'aux narines, trahissant son état d'ébriété avancé, et je ne peux réprimer une grimace d'horreur. Baji a rechuté, sans que je n'en comprenne la cause.

L'encre de ses yeux /  Baji x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant