31. Ki(ss)ndness

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"J'ai oublié de vivre, le temps d'un instant
J'étais redevenu ce môme insouciant"
Le temps d'un instant : Lonepsi.

. . .

Luna De Andrea.
17/12/22.
New York, USA.
16 :20.

- On arrive quand ?

- Répète ces mots encore une fois et je t'assure que t'auras même pas le temps de quitter le sol américain, je lui réponds en soufflant.

- Est-ce que ça veut dire qu'on est pas encore prêts d'arriver ? je me masse les tempes.

- On a même pas encore décollé Evan.

Ses sourcils se froncent et se penche au-dessus de moi pour jeter un coup d'œil par le hublot.

- Ah oauis..pourtant j'ai cru ressentir des secousses..

- La seule chose que tu vas ressentir, ça va être ma main taper contre ta joue si tu ne te retires pas immédiatement.

Amusé, il tourne le regard vers moi, plantant ses yeux dans les miens et réduisant d'avantage la distance qui sépare nos deux visages.

« Est-ce que tu souhaites qu'on oublie ensemble, Luna ? »

Cette phrase tourne dans ma tête, les mots dansants les uns avec les autres, créant, dans mon esprit, un tableau que je n'aurais jamais pensé observer un jour : celui d'Evan et moi entrain de s'embrasser. Comme si nos vies en dépendaient. Comme si la terre était sur le point de s'effondrer, que le sol allait se dérober sous nos pieds et que le seul moyen de nous sauver était de nous perdre, corps et âmes, dans les lèvres de l'autre. Et c'est ce que nous avons fait avec une facilité déconcertante.

Une semaine s'est écoulée depuis cette fameuse soirée et je n'arrive toujours pas y croire. Parce que c'est improbable. Impensable. Insensée.

Et pourtant, sur le moment, ça m'a semblé être la meilleure chose à faire.

Parce qu'il était tard et que la tristesse remplissait nos âmes.

Parce qu'il était tard et que nous nous sentions un peu trop seuls.

Parce qu'il était tard et que nos cœurs criaient à l'aide.

Et parce que peut-être, dans le fond, c'était tout ce dont on en avait besoin. S'oublier tout en se perdant l'un dans l'autre, noyant les regrets et les blessures dans cet acte intime pourtant si détaché. Détaché de la réalité qui nous entourait. Détaché du monde dans lequel on vivait. Détaché du jour qui pointerait le bout de son nez et qui nous pousserait à nous retrancher dans ce qu'on fait de mieux : se détester.

Ses yeux dévient vers mes lèvres avant de remonter à nouveau vers les miens, et il sait.

Il sait que j'y pense comme je sais qu'il est incapable de se le sortir de la tête. Parce que bien qu'on ait agi comme si rien ne s'était passé, comme si nous nous étions pas dévoilés l'un à l'autre et comme si nos lèvres ne s'étaient jamais perdues dans l'espoir qu'elles exprimaient à l'autre, ce qui nous entourait s'entêtait à nous ramener à ce moment volé à un univers qui nous était déjà bien lointain.

Parce que nos corps pleuraient déjà le manque de l'autre, entrainant nos lèvres à se fixer sans pour autant se toucher. C'était comme si l'air autour de nous était devenue d'un coup irrespirable, chaque souffle contenant le désir intense qui émanait à présent lorsqu'on se retrouvait tous les deux dans la même pièce.

Their Demons | TOME 1 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant