40. Drown into the poison

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Tonight, tonight
Cast me far away

Play these little games
Actin' all okay
Go fuck yourself : Two Feet
. . .

Luna De Andrea
22 :14.

Je fixe les quelques flocons se déposer sur la rambarde du balcon de l'hôtel, les autres finissants par piètrement atteindre le sol avant de disparaitre.

Les bras croisés sur la poitrine, j'observe la nuit dépourvue d'étoiles surplomber cette ville qui un jour, m'était chère mais qui a finalement fini par rejoindre l'espace des souvenirs hantés.

Et un de plus au compteur.

Une brise de vent vient faire crier la piscine et bouger l'eau, les différents néons dans le fond étant la seule source de lumière éclairant la cour de l'hôtel.

Je laisse échapper un soupire en fixant ce bleu se mouvoir, me rappelant qu'il fait partie de ces choses qui me terrorisent.

Il n'y a que ça de toute façon dans mon monde. Des choses qui me tétanisent à tel point que je suis incapable de prononcer un mot ou de bouger un membre lorsque je me retrouve face à elles. D'habitude, les fardeaux ne sont qu'une infime partie de l'existence d'un être normalement composé. Mais dans mon cas, c'est mon existence tout court qui s'est transformée en fardeau. Pour moi et pour les autres. Parce que je suis incapable de passer outre toutes ces blessures qui respirent encore dans ma poitrine et qui ne cessent de crier leur douleur jours et nuits. Mais personne ne les entend. Parce que je leur ai appris a être silencieuses et invisibles pour éviter de me porter d'avantage préjudice. Mais elles sont bels et biens là.

On dit toujours que le temps guérit les blessures, alors pourquoi les miennes ne cessent de s'épancher ? Ce n'est pourtant pas comme ça que c'est censé fonctionné et pourtant, plus le temps passe, et plus elles se développent comme un putain de cancer qui ne cesse de s'attacher aux dernières cellules saines de votre corps. Et bien mes blessures, c'est pareil. Elles s'accrochent, se cramponnent, se collent à ma peau avec toute la volonté et la force qu'elles possèdent, se délectant l'une de l'autre des douleurs qu'elles ne cessent de faire grandir dans tout mon corps. Elles s'amusent, comme tous les autres, à me faire souffrir et à me pousser dans mes retranchements pour ne pas que je guérisse. Parce qu'elles ne veulent pas que j'aille mieux. Elles sont bien trop à l'aise en moi pour avoir ne serait ce qu'une seconde envie de me quitter et de me laisser goûter à l'épanouissement.

Ou peut-être que c'est juste moi qui ne veut pas guérir. Peut-être que la douleur me procure un réconfort que je pense ne pouvoir trouver nulle part d'autre. Alors, je m'entête et je me force à me faire du mal avec mes propres pensées et mes propres mots pour éviter de ne leur donner la possibilité de me quitter, de m'abandonner. Parce que je ne veux plus me retrouver seule. Et bien qu'elles me fassent du mal, je préfère qu'elles restent plutôt que de me sentir totalement vide à nouveau. Parce qu'au moins avec elle, je ressens.

Même si c'est de la souffrance, elles me procurent autre chose que l'indifférence ou le néant. Elles me procurent des émotions. Peut-être plus négatives que positives, mais au moins, elles existent et elles ne m'oublient pas. Et j'ai passé bien trop de temps sans rien ressentir pour le vivre à nouveau. Alors, je préfère hurler dans ma tête à pleins poumons, je préfère me laisser bouffer par mes peurs et mes souffrances jusqu'à l'âme plutôt que d'accepter de ne rien ressentir. Parce que je sais très bien que ce n'est pas le bonheur qui prendra sa place si jamais je venais à guérir. Parce que je ne suis pas faite pour lui, je ne le mérite pas, et je ne pense pas en être à la hauteur de toute façon.

Their Demons | TOME 1 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant