Chapitre 21: Le Vingtième Loup

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MARÍA





C'est très grand. Et c'est aussi la première chose que je remarque lorsque je pénètre le bâtiment, entourée de plusieurs gardes autour de moi.

À cause de ma maladie, je ferme plusieurs fois des yeux à cause des nombreuses lumières rouges qui clignotent et tournent autour de tous les danseurs. Je baisse les yeux pour ne pas risquer une nouvelle crise de convulsions et marche en suivant de près le guide.

Je marche jusqu'à lever la tête quand un bandeau rouge qui délimite une zone, VIP, vient dans mon champs de vision.

Un homme me demande mon nom et quelqu'un répond à ma place:

-C'est la femme du Capo.

Le vigile me laisse passer et je rentre sans un mot pour trouver une dizaine d'hommes assis, en train de parler tout en fumant et se droguant sans la moindre gêne.

Je cherche Valentino du regard et le vois autour d'une table. Il est dos à moi alors il ne peut pas me voir. Je crois qu'il joue aux cartes tout en parlant affaire.

-Señor, le prévient un garde qui était derrière moi et Valentino tourne immédiatement la tête en demandant sèchement.

-Quoi.

Sa voix est Calme. Mesurée. Comme d'habitude en fait. Mais il y a comme une sorte d'animosité qui le rend dangereux, et tout le monde le sent.

-Euh...Elle est ici, Capo.

Un moment, il inspecte discrètement son jeu de carte. Il ne dit rien et demande un verre de Scotch que l'on vient immédiatement lui servir, alors qu'il semble hypnotisé par sa partie.

-Je relance, et je double la mise, parle-t'il à ses adversaires avant de dire d'un ton qui ne me laisse aucun choix.

Je reste plantée là, au milieu de la salle, à échanger des regards discrets et malaises avec les gardes qui restent de marbre en reculant. Mes mains tremblent sur le tissu bouffant de cette veste que je serre de toutes mes forces pour ne pas être vu par ces hommes. Ils me regardent. Ces hommes que je n'aurais jamais voulu voir. Parce qu'ils dégagent quelque chose d'à la fois amusée et malsaine, mais il y en a un qui me fait retenir mon souffle.

Oh mon Dieu...

Il est défiguré, mais jeune, peut-être de l'âge de l'italien, et j'ai peur de lui, parce que ce que dégage cet homme est terrorisant. Et je suis sûre que je ne suis pas la seule à penser pareil.

Mes yeux se perdent dans ce noir, le noir du défiguré qui me sourit et à qui je détourne le regard. Je n'y arrive pas. Il a l'air dangereux. Trop dangereux.

Et, au fond de moi, cette pénombre qu'il cache en lui, je sais qu'elle n'est pas aussi terrorisante qu'elle celle de Valentino.

Lui, le défiguré, il laisse apercevoir sa noirceur pour être craint. Mais lui...Lui il enfouit tout en lui, et j'ai l'impression qu'il peut exploser d'un moment à un autre. Et connaître la noirceur d'un humain est bien moins terrifiant que de ne pas connaître ce qui se cache derrière un bloc de chair, d'os, et de sang.

MORIÑO'S⎮T.1/T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant