Chapitre 70: Souvenirs d'enfance.

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ESMERALDA











En revenant à table, je repense au moment où j'ai laissé mes petits chéris. Valentina tenait sa Barbie en robe rouge fort contre son cœur, Massimo, lui, avait la tête posée sur la tête de Valentina. Ma petite Flora, elle, était la plus fatiguée. Les poings fermés et le pouce dans sa bouche, elle semblait apaisée dans la chaleur de mon lit, recroquevillée dans son côté.

Le diner se passe d'une humeur monotone, et assez gênante. Nous mangeons en silence, comblant alors le silence de la salle à manger par le bruit de nos couverts et des bruits de bouches incessants qui commencent à m'énerver. Mariana soupire discrètement, alors je sursaute quand Samuel, en face de moi, prend la parole:

- Alors, qu'aimes-tu dans la vie, Amélia ?

Je me tourne vers elle, comme tout le monde qui lâche son repas, et attends une réponse qu'elle ne tarde pas à donner, les joues bien trop rouge devant tous les regards gênants sur elle.

- Et bien, j'aime assez mon métier, mais il est vrai qu'en dehors, je n'ai pas tellement de hobbys. Et...et vous ? Samuel, si je ne me trompe pas ?

- Non, je n'ai pas tellement de hobbys moi non plus.

Elle acquiesce silencieusement, papa est tendu, je le sens, alors j'évite de regarder en sa direction.

- Mais...mais il est vrai que j'ai des...des enfants. Trois filles, elles prennent tout mon temps, mais heureusement elles ont quitté la maison depuis bien longtemps !

La pauvre, elle me fait de la peine, alors je ris, et envoie un coup sous la table à Samuel, ainsi qu'un coup de coude à Mariana pour qu'ils fassent pareille. Alors ils rient faussement et me renvoient mes coups, ce qui me fait rire avec mes frères et sœurs.

- Je comprends très bien ce que c'est d'avoir un enfant à charge, Amélia, reprends Benito qui me fait tout de suite lâcher ma fourchette. J'ai moi-même une fille, et je donnerais tout pour que rien ne lui arrive. Vous connaissez ça, je suppose ? se tourne-t-il vers moi mais adressant sa question à la compagne de notre père.

Daniel.

Ses petits doigts que j'ai embrassé, les consignes de la sage-femme, mon ventre se tordant de douleur, et ses grands yeux verts se perdant dans les miens pendant cinquante-quatre minutes.

Mon ventre me fait mal, alors je pose ma main dessus, et me tourne vers Amélia qui répond pour essayer de l'écouter, sauf que mon bébé reste en moi.

Je n'arrive pas à ne pas poser à lui.

Mon bébé.

L'amour de ma vie.

Ma gorge se serre, mon estomac me fait atrocement mal, la même douleur que cette nuit-là.

- Je parie que vous avez aimé chaque seconde passé avec lui, n'est-ce pas ? demande Amélia qui me fait sortir de cette vague dans laquelle j'étais en train de me perdre.

Comment sait-elle ?

- Quoi...? reprends-je sans moins déglutir.

Alors elle fronce les sourcils, dans l'incompréhension totale, et détourne ses yeux de ceux de Mariana qu'elle regardait, pour se tourner vers moi, comme tout le monde.

Elle parlait à Mariana.

Je me tourne vers Valentino, il me sonde, et je sais qu'il trouve la cause de mon chagrin, car quand je me lève, il détourne le regard tout en acquiesçant.

MORIÑO'S⎮T.1/T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant