Chapitre 47: Nada Es Imposible

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MARÍA









Je suis fin prête, j'attache mes grosses créoles dorées avant d'enlever mon gloss rouge pour le remplacer par un autre, transparent. Je me sens bien comme ça, j'ai l'impression d'être redevenue moi. La moi d'avant toute cette histoire, et en quelque sorte, la moi d'avant Benito.

Les filles sont en robes longues, qu'elles ont trouvé dans le placard de ma grand-mère, alors je les ai laissé faire et je les ai maquillés à ma manière. Chacune dans un coin de la maison, elles m'ont laissées me changer, et maintenant j'enfile mes sandales à plate-forme haute et compensée. Moi aussi je porte une robe longue, noire, avec une petite fente noire mais qui reste ample et qui marque ma taille.

Cette robe me rappelle le bout de tissu que Mariana m'avait demandé d'enfiler. Elle a toujours aimé les robes courtes, les talons hauts, le maquillage et les bijoux, et je l'ai toujours aimé pour ce qu'elle était. Parce qu'elle était vrai, elle n'avait pas peur d'être elle-même.

Mon cœur se serre, ma gorge se serre, et il me faut me faire violence pour ne pas verser une larme. Ce qu'elle me manque...

Ce que les discussions que nous avions à pas d'heure me manquent...

J'ai besoin de ma sœur, de son avis sur les garçons qui la draguaient, j'ai besoin d'entendre son rire, ses cris quand elle me criait dessus parce que je rendais notre chambre en bordel. J'ai besoin qu'elle me maquille comme elle l'a toujours fait durant mon adolescence. J'ai besoin de lui voler son parfum, de l'écouter me parler de son projet de d'emménager à l'étranger pour vivre loin de toute cette vie dangereuse. J'ai besoin de ma sœur. De Mariana.

Mais ce n'est pas possible, alors je souffle un bon coup et m'occupe de mes cheveux en pensant au fait qu'elle adorait mes boucles détachées.

Mes cheveux, je les préfère détachés moi aussi, et en plus il fait froid, alors c'est encore mieux. Ma ville m'a manquée, j'aime tellement habiter ici, tout le monde se connaît, tout le monde se respecte, et tout le monde se protège.

Je prends mon téléphone avec moi, me lève, et pars chercher un gilet que je ne trouve pas, mais ce body qui me fait m'asseoir sur mon lit.

Ce qu'il était beau mon fils...

Ses vêtements, moi je les gardes précieusement dans une boîte pour ne pas que son odeur s'évapore. Je ne l'ouvre jamais, c'est trop de souvenirs et de douleurs. Mais c'est aussi beaucoup de joie, parce que mon fils, lui, il était parfait. Pas un seul défaut sur son visage. De grands yeux noirs, une petite bouche toute pulpeuse que j'ai embrassé des milliards de fois. Ses cils étaient longs, son nez formait une minuscule boule sur son visage, ses sourcils étaient noirs et fournis, et ses joues potelées faisaient tout mon bonheur.

Dans cette chambre d'hôpital, j'ai observé mon bébé. J'étais épuisée, et j'avais envie de dormir, mais je ne pouvais pas risquer de le quitter des yeux une seule seconde. J'aimais tellement le regarder, je lui ai parlé de moi, j'ai ri en l'observant, et j'ai pleuré quand ses yeux se sont fermés avec cette lueur que je n'avais jamais vu auparavant dans des yeux.

Daniel.

J'ai choisis ce prénom, parce que je trouvais qu'il lui allait bien. Je trouvais qu'il avait un air angélique, il signifie « Dieu est mon juge », et dans le cas de mon fils, Dieu a été son juge.

MORIÑO'S⎮T.1/T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant