DAWN II : THE LAST FALL

Chapitre 31 : La Proie

Lili se réveilla d'humeur maussade ce matin. Elle était toujours seule dans son lit, Démétri étant parti depuis hier en mission avec Jane car les choses n'allaient pas assez vite à son goût. Démétri lui avait demandé plusieurs fois si ça ne la dérangeait pas et elle lui avait à chaque fois assurer que tout allait bien. Elle avait besoin d'espace pour réfléchir et penser à cette soirée. Le traqueur était donc ailleurs et elle, était seule, dans le grand lit du gîte que Démétri avait loué. Elle était maussade car elle avait l'impression d'avoir tout gâché. Elle s'en voulait pour l'autre soir mais elle en voulait aussi au vampire. Il lui cachait des choses et Lili avait l'impression de s'être trompé sur son véritable ressenti. Peut-être qu'elle s'était imaginé qu'il s'attachait vraiment à elle et qu'elle ne comptait pas autant pour lui que pour elle. Lili tenait beaucoup à Démétri et elle ne pouvait ignorer la naissance d'un attachement profond pour ce vampire si différent de l'ancien qu'elle avait connu. Et elle n'avait pas pu s'empêcher d'être jalouse lorsqu'il avait mentionné le prénom de son ancienne amante car cela avait réveillé ses doutes. En plus, elle avait remarqué que le vampire souffrait et le fait qu'il refuse de la transformer plus rapidement n'avait fait que les augmenter. Tout en ressassant ses mauvais souvenirs, Lili décida de se lever et d'aller se rafraîchir. L'eau froide détendit ses muscles et lui permit de penser sous un jour moins négatif. Elle s'habilla rapidement et remarqua que des fleurs étaient arrivées sur la table de la cuisine. Des roses, rouges comme des rubis ou comme du sang selon la façon dont on voyait les choses.
"Pour que tu penses à moi pendant ces heures où je me dois de t'abandonner, A toi, Démétri."
Lili se promit de remercier la concierge la prochaine fois qu'elle la verrait pour avoir déposé les fleurs dans l'eau. Elle retourna la carte du traqueur dans sa main plusieurs fois, imaginant comment serait leurs retrouvailles. Lili espérait que celles-ci arriveraient rapidement car malgré tout, le traqueur manquait à Lili. Elle les imaginait embarrassantes au début mais aussi chaleureuses car ils ne pouvaient pas rester trop longtemps éloignés l'un de l'autre.
-Elles te plaisent ?
La voix du traqueur perça ses pensées et la prit au dépourvu. Elle posa la carte qu'elle avait tortillé entre ses doigts et se retourna vers Démétri, qui, bien que sérieux, avait le regard amusé.
-Oui, elles sont très jolies. Merci.
-Ne me remercie pas. Je me devais de te les envoyer. Le vampire s'approcha d'elle et lui dit, d'une voix plus basse :
C'est peut-être égoïste mais je voulais que tu penses à moi comme je pensais à toi.
Lili fixa le vampire et soutint son regard. Finalement, ce n'était pas devenu aussi vite chaleureux qu'elle l'eut cru car il y avait entre eux une tension qui rendait l'espace autour d'eux flou et inexistant.
-Je ne trouve pas ça égoïste. Écoute, je suis désolée pour l'autre soir, c'était exagéré.
Démétri passa sa main sur sa joue et répondit :
-Je dois aussi te présenter des excuses. J'aurais dû être honnête avec toi ou au moins être plus droit. Je n'ai pas été juste avec toi. Bien évidemment que je te veux avec moi pour l'éternité. Je ne veux personne d'autre.
Lili lui sourit et se rapprocha du vampire qui l'attira contre lui.
-Si tu me désires à tes côtés, bien évidemment, mon ange.
Lili se sentit rassurée et apaisée. Elle devait vraiment arrêter de tout remettre en doute.
-Je te veux à mes côtés, Démétri.
Le vampire sourit et captura ses lèvres tout en l'attirant contre lui. Leur étreinte était passionnée et Lili ne tarda pas à laisser le vampire guider leurs lèvres. Ses mains vinrent se poser sur ses hanches et le bas de son dos, la caressant doucement.

Jusqu'à ce qu'elle sente une légère morsure sur ses lèvres et du sang couler de sa lèvre inférieure. Surprise, son cœur commença à battre plus fort car il n'avait jamais fait ça auparavant. Il ne l'avait jamais mordu sans son consentement, et surtout mordu sans se soucier de la douleur qu'elle allait ressentir. La morsure la blessait et elle fit pression sur le torse du vampire pour qu'il la relâche, bien que ça ne semble pas faire effet en premier lieu. Ce n'est que lorsqu'elle poussa un gémissement étouffé qu'il la relâcha, les iris rouges commes les roses qu'il venait de lui offrir. Mais son cœur augmenta encore la cadence quand elle croisa le regard surpris du traqueur :
-Je croyais que c'était ce que tu voulais. Lui dit Démétri, en essuyant de son doigt le sang qui coulait de la lèvre de Lili avant de le porter à sa bouche. Lili ne l'avait jamais vu comme ça. Comme un prédateur qui regardait sa proie. Car c'était comme ça qu'il la regardait. Comme une proie. Démétri ne l'avait jamais regardé comme ça. Elle était pétrifiée de terreur par la vision de l'homme qu'elle avait en face d'elle. Un parfait vampire prêt à la vider de son sang, dénué de remords. Sous le coup de la peur, des larmes lui montèrent aux yeux. Elle n'avait jamais eu peur avant de lui et elle était complètement perdue depuis qu'il venait de la blesser. C'était un cauchemar, elle allait se réveiller. Ça ne pouvait pas être réel. Il n'aurait jamais pu la blesser comme il venait de le faire.
-Ça me faisait mal, Démétri. Et je t'ai demandé d'arrêter et tu ne l'as pas fait.
-Je suis désolé. Je serais plus rapide, la prochaine fois. Tu souffriras moins.
Ses mots glacèrent le sang de Lili et quand il s'approcha d'elle, elle recula, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient. Lili vit son regard blessé mais ne s'arrêta pas. Elle ressentait une onde bizarre et avait l'impression que la pièce était plus petite, plus sombre, moins accueillante.
-C'est moi, mon ange. Tout va bien.
Sa démarche n'était pas la même, Lili en était persuadée. Il marchait comme un prédateur vers elle, comme s'il marchait vers l'objet de sa traque. Il était un magnifique prédateur. Lili se rappela des mots d'Edward sur les vampires : "Nous sommes créés telles que même si tu le voulais, tu ne pourrais pas nous échapper. Quand la victime nous voit, elle est déjà condamnée." Avait-elle été aveugle tout ce temps ? Non, c'était impossible, elle n'avait pas imaginé tous ses sentiments.
-Je dois aller chercher quelque chose. J'arrive. Dit Lili à Démétri en essayant de reprendre de la contenance et en se dirigeant précipitamment vers l'autre pièce.
-Non. Elle se retrouva à nouveau face à Démétri qui la fixait de toute sa hauteur  et de ses iris redevenues noires d'encres, vidées de toutes émotions.  Je t'avais dit que je reviendrais chercher ce qui était à moi.
Ce furent les derniers mots qu'elle entendit, car avant qu'elle soit capable de réagir, le traqueur fondit sur elle.