Chapitre 32 : Jusqu'à Ce Que la Mort Nous Sépare

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Tout était flou. Les murs verts semblaient couler et se dématérialiser pour tomber sur le sol. La lumière ne passait plus. Tout était sombre. Les rideaux n'étaient pas tirés, elle n'en avait pas eu le temps. Flou. Sombre. Ces deux mots se répétaient dans son esprit, comme si elle était incapable de penser à autre chose. Ils définissaient bien son esprit et sa pensée. Elle était dans le flou et avait des pensées sombres. Elle regarda devant elle et vit le téléphone. Il n'était pas loin, peut-être à quelques pas. Mais tout était trop flou pour qu'elle puisse concevoir parfaitement la distance. Elle se dit qu'elle pouvait quand même essayer. 2 pas. Elle ramena ses jambes et se leva. Elle tremblait mais elle tenta d'avancer, pour retomber sur ses genoux. Le choc la blessa et elle sentit des nouvelles larmes sur ses joues. En  voulant les essuyer, elle remarqua que ses doigts n'étaient pas de la bonne couleur. Ils étaient teintés de rouge. En regardant son pull, elle remarqua qu'il était aussi teinté de rouge. Si elle se rappelait bien, on lui avait offert ce pull pour son 19ème anniversaire. Le rouge était frais. Elle avait l'impression qu'il continuait à couler car elle sentait une traînée chaude dans sa gorge. En la touchant, elle sentit le sang couler. Il coulait et coulait, sans s'arrêter. Ça devrait être pour ça que tout était flou et sombre. Elle tenta de se rappeler pourquoi le sang coulait mais elle n'y arrivait pas. Tout ce dont elle se souvenait, c'était un baiser. Un baiser mortel. Un baiser qui l'avait blessé. Elle n'était pas habituée à ce type de baiser. D'ordinaire, il ne la blessait pas. Mais aujourd'hui tout avait changé. Elle avait toujours l'impression d'être dans un cauchemar car rien ee tout ce qui était arrivé n'était possible. Quelque chose avait été fait pour la faire croire à ce cauchemar. Et si ça n'en était pas un ? Cela voulait dire qu'à force de perdre du sang, elle allait mourir. Cette pensée fit à nouveau couler des larmes. Elle pensait aux êtres qu'elle aimait et qu'elle ne pourrait plus aider. À leurs peines, leur souffrance. Aux conflits que sa mort allait engendrer. Elle imaginait la colère de certains de ses amis. Une fois de plus, elle ne se rappelait pas leur nom. Tout était toujours flou. Elle était épuisée. Le sommeil l'attendait. Alors qu'elle fermait les yeux, un cri et un bris d'objets la fit se réveiller.
On la manipulait, la touchait. C'était une femme. Elle était inquiète et l'appelait "mon enfant". Elle demandait qui lui avait fait ça et disait qu'elle allait appeler Monsieur. Il serait dévasté et très en colère,et il viendrait "l'aider" car elle était la femme de sa vie. Elle se rappela qui elle était. La concierge. Elle voulut lui dire que c'était Monsieur qui lui avait fait ça mais elle se rendit compte que ce n'était pas possible comme elle entendait sa voix depuis le téléphone, enfin, c'était ce qu'elle croyait. Elle sentit qu'on touchait sa plaie, et cela la fit grimacer. Ça faisait mal. Elle entendit qu'on lui disait de ne pas s'inquièter, que tout allait bien. Elle voulut dire qu'il fallait que la femme parte, qu'il allait revenir mais elle ne pouvait rien faire. Le sommeil l'attendait. Il l'attirait, comme un champ magnétique avec un aimant. Et la pression agréable qu'elle sentait s'éteignit soudainement. Elle vit la femme projetée et un craquement sourd. Ce fut un homme qui s'approcha d'elle ensuite. Il était amusé mais la terrifiait. Elle avait peur de lui. Il l'effrayait. De nouvelles larmes coulèrent sur ses joues et l'homme les essuya. Son toucher la dégoûtait. Elle gémit quand elle sentit qu'on transperçait la peau de son ventre. Malgré son état, elle entendit la voix de l'homme lui dire que c'était pour accélérer le processus." Il faut que tu sois morte quand il arrivera." La lame l'avait plongée dans un nouvel enfer. Elle avait l'impression de plonger et de ne plus pouvoir remonter. Elle ne distinguait plus rien. Plus personne. Plus aucune couleur. Elle allait mourir seule, sur le sol, en se vidant de son sang. Elle aurait aimé avoir quelqu'un avec elle, pour lui donner un dernier baiser, lui caresser la joue et lui dire que tout allait bien. Mais elle était seule. Elle avait connu le bonheur après avoir été seule, elle le quitterait seule. Après tout, les individus ne se promettaient-ils pas de s'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare ? Elle était arrivée pour elle.

Son repos était perturbé. On l'appelait. Elle connaissait cette voix, mais pas cette intonation. C'était nouveau. Mais elle ne voulait pas se réveiller. Elle voulait se reposer. Elle voulait fermer les yeux mais un étrange pic la ramena à la réalité. Son corps lui faisait mal. Elle vit deux silhouettes noires. Une était penchée près d'elle et la tenait contre elle. L'autre était debout devant elle. Elle connaissait celle qui était penchée près d'elle. Son toucher était agréable. Il caressait sa joue. Peut-être qu'elle ne serait pas seule après tout. Ce parfum, elle le connaissait. Il la réconfortait. Elle leva les yeux vers le visage de la silhouette et trouva qu'il ressemblait à ces statues de marbre, parfaites en tout point. Ce magnifique visage d'ange était tordu par la souffrance et la tristesse. Les yeux rubis étaient brillants. Ces yeux lui faisaient penser à un prénom.
-Démétri...
-Mon ange, je suis là, je suis désolé, tout va bien. Je suis là.
Sa voix, parfaite, était habitée par la tristesse et tremblait.
Elle voulait caresser sa joue mais elle n'avait plus assez de force.
-Tu dois la transformer. Tu ne peux pas perdre de temps.
-Mais nous n'avons pas encore le remède.
-Regarde-la. Carlisle ne pourra plus rien pour elle. Tu n'as pas le choix. L'ange se tourna à nouveau vers elle et caressa sa joue. Il se pencha vers elle et l'embrassa. La pression de ses lèvres contre les siennes était ce qu'elle voulait. Maintenant, elle n'était plus seule. Elle pouvait partir tranquillement. Elle entendit qu'on appelait son prénom, de façon désespérée. Mais elle n'était plus seule. Elle était épuisée. Elle ne pouvait plus lutter contre les vagues qui voulaient l'engloutir.
Alors elle ferma les yeux et s'endormit.

DAWN II : THE LAST FALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant