63. La haute société

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Lâcher son enfant est une étape difficile dans la vie de jeunes parents. Je ne savais pas comment réagissait Livai au fond de lui mais j'étais angoissée à un point tel que je n'en dormais plus la nuit. Eduard allait commencer l'école et c'était peut-être pour moi la fin du monde. Livai, et son éternelle antipathie, a même osé me lâcher que je le maternais trop. Si mes yeux pouvaient tuer, je serais veuve depuis longtemps. 

Pour ma défense, mes hormones y étaient certainement pour quelque chose. Elles travaillaient beaucoup ces derniers mois. J'avais accouché depuis peu de Marilyn et la vie avec ce bébé, aussi adorable soit-il, s'avérait être plus compliquée qu'avec mon fils. 

Elle pleurait beaucoup plus, surtout la nuit. On ne pouvait pas la laisser seule dans une pièce sans qu'elle chouine. Il fallait que je sois à la bercer ou lui chantonner des comptines jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'épuisement. 
C'était un enfer d'allaiter avec elle, elle me mordait le sein et tirait mes cheveux quand elle a eu la possibilité de pouvoir attraper des choses. Lorsqu'elle a commencé à avaler des choses liquides, elle les recrachait constamment. Ce qui fait que mon mari refuse de la nourrir désormais.
Malheureusement, elle n'aimait pas le bain quand c'était moi qui lui donnait et Livai avait sa patience limitée.
J'avais un peu l'impression qu'elle testait la mienne... Mais étrangement, tout ça n'a jamais gêné Livai. Certes, il s'énervait quelques fois mais ne refusait jamais d'aller la voir ou la border. Je crois que dans un sens, il devait être "heureux" de pouvoir vivre une maternité sans savoir qu'il allait devoir partir. 

Quant à Eduard, il trouvait les bébés compliqués et mystiques. Il me disait tout le temps qu'il n'en voudra jamais. Et puis en ce moment, il était juste excité de savoir qu'il allait à l'école. Je pensais qu'il aurait plus peur que ça mais je ne vais pas m'en plaindre. Peut-être qu'au fond de moi, j'aurai voulu qu'il soit triste de savoir que nous allions être séparés. 

J'ai eu du mal à le faire tenir en place pendant que nous arrivions tous les quatre dans son nouvel établissement. Mais c'est quand il a vu la masse de personne s'agglutiner qu'il a commencé à comprendre dans quoi il allait s'embarquer et il est venu se coller à moi. Je venais frotter ses adorable bouclettes pour le rassurer. 

- J'espère que personne ne va venir nous faire la causette, soupira Livai en tenant Marilyn dans ses bras car elle ne voulait pas être dans son landau. Je ne suis pas d'humeur...

- Pourquoi ils feraient ça? Dès que le proviseur aura fait son discours, on fuit cet endroit au plus vite. Eddie, tu as bien pris ton encrier? 

- Oui, maman, répondit-il avec une petite voix, impressionné par tous les adultes autour de lui. 

Surtout que tout le monde nous observait avec insistance. J'imaginais des grands panneaux au dessus de nos têtes affichant "Cette famille là vient de Paradis". On ne devait pas émaner la même aura que les autres familles du quartier. Mon fils se resserra contre moi et je dois avouer que tous les regards commençaient à m'agacer.

- Bonjour, fit une voix mielleuse derrière nous. 

Je pense qu'on s'est tous retournés simultanément avec un peu trop d'aplomb car elle a eu un léger recul. C'était une jeune femme assez belle avec des cheveux auburn rassemblés dans un chignon sophistiqué. Mon instinct m'indiqua aussitôt qu'il s'agissait d'une personne fortunée à la vue de sa robe et je lançai un regard en biais à Livai. Il ne comprit pas mon sous-entendu, soupirant avec lassitude que Lyn tira sa chemise.
Après tout... l'établissement n'était pas gratuit. Ce n'était pas n'importe qui, qui pouvait s'offrir ce genre d'enseignement à son enfant. Je redresse immédiatement ma posture et ce détail interpella mon mari. 

Le jeune femme tendit sa main vers moi avec un grand sourire qui sonnait un peu faux. Je tique malgré moi, sentant l'hypocrisie émaner de ses yeux clairs. 

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant