58. Renouvellement

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Philémon, mon cher petit frère, 

A l'heure où je t'écris, je suis au port de l'île du Paradis, quelques heures avant l'embarcation. Eduard ne tient plus en place... Je dois me dépêcher avant qu'il échappe à la surveillance de Livai pour filer. 

Je t'écris cette lettre le cœur lourd, meneuse de bonnes comme de mauvaises nouvelles. 

J'avais perdu espoir mais j'ai eu tord, Livai est revenu de la guerre sain et sauf. Eduard a enfin pu rencontrer son père et il est aux anges. Quant à Livai, je n'en sais rien. C'est assez difficile de le comprendre. Il est très silencieux depuis son retour. C'est du bout des lèvres qu'il m'a expliqué nos trois ans de séparation. 

J'ai perdu beaucoup de personnes que j'aimais ces dernières années. Je juge avoir assez fait de sacrifice dans ma vie, et mon mari encore plus. Pratiquement tous nos camarades d'armes ont offert leur vie pour cette liberté désormais gagnée. Dans un sens, c'est enfin une grande inspiration qui n'est plus parsemée du sang des soldats, qu'ils soient des nôtres ou nos ennemis. 
Nous ne sentons plus tous le poids de notre responsabilité sur nos épaules. 

Je suis libre...

J'ai quitté les Fiducia sans objectif, seule et abandonnée. Je ne regrette pas ma décision d'avoir rejoint l'armée. Elle a donné un réel sens à ma vie et je m'a fait sentir importante. Mon plus grand espoir était de découvrir tous les secrets de notre humanité. 

Elle n'a désormais plus rien à nous cacher. Je lui suis inutile.

Et je suis fatiguée, maintenant. 

Philémon, je vais quitter Paradis. Livai ne veut plus y vivre et après mûre réflexion, j'ai réalisé que rien ne m'y retenait. Excepté toi, mon petit frère adoré. 

Je ne veux pas que tu t'inquiètes. Mahr était autrefois nos ennemis, mais les titans n'existent plus. Il n'est plus important désormais de savoir si nous sommes eldiens ou non. 
C'est un monde plus évolué, plus grand, avec des nouveaux secrets. Et où le pouvoir des Jaegeristes n'est pas grandissant. J'aurai tellement de choses à découvrir là bas. Je veux savoir ce qu'Hanji a tant aimé sur ces terres... Je veux toujours suivre ses passions aveuglement. 

Je peux enfin le dire: je ne suis plus une soldate. Il n'y a plus de capitaine Violet Jeder. Je rend mon insigne, celui dont j'étais si fière. Je le rend sans difficulté. Dès qu'Eduard est né, je n'étais plus la même. 
L'amour qui m'a enveloppé la première fois que je l'ai vu est inexplicable. Je n'ai pas de mots pour expliquer que je veux littéralement lui dédier ma vie. 

Je suis heureuse de savoir que je ne rend pas honneur à notre mère, qui n'a jamais ressenti autre chose qu'une haine inexpliquée envers moi. Je ne la comprendrais jamais. 

Je pars... Enfin plutôt, nous partons former cette famille ailleurs. Nous avons donné assez pour cette île. 
J'espère aider Livai à enfin le faire se sentir chez lui. 

Et j'espère aussi que je pourrais te revoir. Les communications ne sont même pas encore établies entre Paradis et Mahr. Je ne pense pas que je pourrais t'envoyer d'autres lettres. Mais si l'envie te vient de traverser cette mer à ton tour, tu n'auras qu'à demander où vivent les Ackerman. Il n'y aura que nous et notre porte te sera toujours ouverte. 


Ta grande sœur
Violet M. Ackerman

NB: Eduard a essayé de reproduire le bateau sur lequel nous allons embarquer. C'est le petit dessin en haut à droite. J'espère que je n'aurai pas le mal de mer...

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant