64. Péripéties d'une famille

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Je juge... être quelqu'un d'assez pondéré. Je me suis peu énervée dans ma vie et encore moins sur quelqu'un. La première personne sur qui j'ai hurlé au risque de l'égorger s'en souvient encore. Mais je pense que c'était parce qu'ils m'avaient touché sur mon point le plus sensible. 

Cette histoire a débuté lors une journée tout à fait ordinaire; Livai et moi nous sommes levés et nous nous sommes occupés de préparer Eduard pour aller à l'école. Marilyn a piqué une légère crise en se levant mais cela n'a pas changé des autres jours.
J'ai emmené Eduard à l'école et j'y ai croisé Dorothy avec qui j'ai un peu discuté. 

 Une matinée des plus banales. 

Nous avons vaqué à nos occupations jusqu'au soir. Je réfléchissais au repas que j'allais faire en feuilletant mes livres de cuisine pendant que ma fille s'amusait à faire tomber ses jouets depuis sa chaise haute. J'en ai ramassé l'un d'eux quand la porte d'entrée s'est ouverte. Cela devait être Livai qui revenait avec Eduard mais... ce qui m'a perturbé, c'est qu'il n'est pas venu m'embrasser. D'habitude, mon fils venait presque me sauter dans les bras dès qu'il passe le pas de la porte. 

Je passai la tête dans l'encadrement de la cuisine pour le regarder se déchausser, assis sur la marche d'escaliers. J'inspectais Livai qui passa à côté de moi en me chuchotant: 

- Il n'a pas parlé du trajet. Je ne sais pas ce qu'il a... 

Je le regardai aller dans la cuisine pour se faire un thé avant de reporter mon attention sur Eduard. J'essuies mes mains avant de m'approcher de lui, inquiète. 

- Ca va, mon cœur? Comment s'est passé ta journée? 

- Bien. 

Je sonde son visage quelques instants, un détail me titillait sans que je ne le trouve. Je me relevai et tendis ma main en lui proposant d'aller prendre son goûter. J'ai presque dû le tirer dans la cuisine. Livai s'était adossé au comptoir, nous suivant du regard sans rien dire. Marilyn n'avait plus aucun jouet autour d'elle à jeter et commençait à remuer de mécontentement. Je la sortis de sa chaise pour la prendre dans mes bras. 

Eduard est resté silencieux pendant qu'il croquait dans sa pomme. On s'est regardé avec Livai sans savoir quoi faire. Normalement, il nous aurait déjà déballé sa journée à l'école au moins trois fois. 

- Hé, Eddie... Ca te dit qu'on aille faire du cerf-volant après? 

- Non, j'ai des devoirs à faire.

J'ai soupiré discrètement. Même le cerf-volant ne lui a pas décroché un sourire. Ce n'est que lorsqu'il a relevé le visage après avoir fini sa pomme qu'une idée prit sens. Je devins blanche comme un linge. Pendant que qu'elle germait dans ma tête, une énorme poids sembla me pousser contre le sol. Si je n'avais pas ma fille dans mes bras, je me serais laissé tomber. Ma voix dérailla: 

- Quelqu'un t'a fait du mal, m'exclamais-je? 

Livai se tourna vers moi, l'air sérieux et songeur 

- Tch... Pourquoi tu lui demandes ça? 

Je me précipitai près de notre fils qui n'eut pas le temps de réagir. Je soulevais sa tête pour la montrer à Livai. 

- Là, fis-je tremblante. Son œil droit, il est brillant. Mais pas l'œil gauche...

- Hein? 

- Livai, c'est à cause d'un choc, sanglotais-je. Il s'est fait frappé...

L'expression de mon mari se figea. J'essuyais mon nez pendant qu'il se dirigea vers lui pour se mettre à genou. Eddie restait muet comme une tombe, complètement refermé sur lui-même. Il pivotait même sa tête pour son père ne le voit pas.  

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant