68. Pernicieux

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Le soleil d'été nous surplombait depuis les toits et illuminait les rues de notre quartier. Je relevai mon chapeau, éblouie et légèrement transpirante. Pourtant je ressentais un grand froid dans ma cage thoracique jusqu'à mes avant-bras. J'enroulai mon châle autour de moi en traversant les rues calmes de Marley, frottant lascivement ma chair de poule. 

Je souris légèrement en regardant Eduard marcher devant moi en serrant la main de sa petite sœur. Il était adorable à vouloir toujours se promener avec elle. Lyn ne pouvait pas un pas devant l'autre sans avoir son grand frère dans les pattes. Néanmoins, je la repris difficilement dans mes bras quand il fallut monter des marches. Je sentais qu'elle pesait aussitôt à cause de ma fatigue et sa croissance persistante.

Le local que nous avions acheté n'était pas charmant vu de l'extérieur et les travaux prenaient un temps fou mais je supposai que cela occupait Livai. On rentrait dans la salle qui ne ressemblait pas encore à grand chose. Les murs étaient troués et le bois devait encore être poncé. On avait réalisé qu'il y avait eu une fuite d'eau. Cet endroit était plus à l'abandon que nous le pensions mais sa localisation nous semblait stratégique. 

J'ai à peine eu le temps d'inspecter en détails la pièce, qu'une silhouette sortit de derrière le comptoir qui demandait aussi un renouement. J'aperçois Gabi, les bras chargés d'une boîte à outil. Elle fut surprise un instant, ne s'attendant pas à croiser quelqu'un à l'entrée de la boutique. Elle resta silencieuse quelques secondes à juger ma réaction puis vit Eddie et Lyn accrochés à ma robe. 

- Oh, bonjour, Mme Ackerman.

- Bonjour, répondis-je sans enthousiasme. 

Cette interaction interpella le propriétaire des lieux qui était perché sur une longue échelle à trafiquer quelque chose avec l'ampoule de la pièce. Gabi posa la boîte à ses pieds et repartit rapidement à l'arrière, évitant mon regard. 

- Violet, qu'est-ce que vous faites là? Demanda Livai en descendant de l'échelle. 

- Eduard voulait voir la boutique. Et je n'arrivais pas à le faire tenir en place, soupirais-je en grelotant. Alors je lui ai promis qu'on irait te voir après l'école. 

Mon mari peina quelques instants à descendre l'échelle, certainement dû à ses jambes. 

- Papa, qu'est-ce que tu fais? S'émerveille le garçon. 

- Attends, gamin, souffla Livai en s'approchant de nous. 

Notre fils avait été malade une bonne semaine et c'était quelque chose d'assez rare chez lui. C'était une maladie apparemment assez courante chez les enfants que l'on nomme la varicelle. Je n'en avais pas connaissance. De toute façon, mon savoir en médecine se résumait à soigner rapidement des blessures de guerre. 

Livai me soulagea en prenant notre fille dans ses bras. Il caressa un instant ses joues rebondies avant de tiquer en s'éloignant: 

- Tch... Mettez des masques. Il y a trop de merdes qui se baladent dans ce bâtiment. Vous allez chopper quelque chose.

Livai et sa manie de mettre des masques dès qu'il entreprend une once de ménage ou de travaux. Je roulai un peu des yeux et le corrigeai sur la grossièreté qu'il avait sorti. Il revint avec des foulards qu'il me tendit. 

- Surtout toi, Violet, sois prudente. 

J'hochai la tête nonchalamment. 

En cet été de 847, j'étais de nouveau enceinte. Comme chacune de mes grossesses, elle n'était pas voulue et nous ait tombé dessus au moment où nous avions décidé de créer notre entreprise: une boutique ou un salon de thé, nous y réfléchissions encore. Livai était principalement aux commandes de ce projet familial. Je dis familial car Eduard a décoré les murs gris de ses dessins. Une attention très attendrissante mais qui ne va certainement pas rester. Même si Livai n'avait pas sous-entendu vouloir les enlever.

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant