72. Repas de famille

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La salle de bal s'étendait comme un royaume enchanté, baignée dans la lumière tamisée des lustres majestueux et les bougies étincelantes qui ornaient les tables disposées autour de nous. Au centre de la pièce, une piste de danse immaculée invitait les convives à s'abandonner à la grâce et à l'élégance du mouvement. 

Dans ce décor somptueux, nous nous distinguions tel un duo royal. Je n'avais d'yeux que pour lui, dans son costume bercé par sa carrure et son air séduisant sorti tout droit de mes rêves. Il me pressait contre lui comme si nous étions les seuls à exister. Nos corps fusionnaient en une seule fluidité et douceur, nous tournoyions en rythme avec la musique, synchronisés et précis. 

Sa main pressa ma taille, là où le tissu de ma robe brillait. Nos regards s'échangeaient avec calme et tendresse, comme si nous pouvions communiquer à travers l'éclats de nos prunelles. J'esquissai un sourire en devinant son embarras, son irritation et agacement pendant qu'un amour profond se transmettait de mon côté. 

Ma main sur son épaule remonta vers sa nuque et ce geste intime redressa le bout de son nez. Nous n'avions aucun pudeur, comme clamer haut et fort notre alliance, comme s'il n'y avait aucune règle sur le savoir vivre. Il me serra juste un peu plus fort et mon regard se perdit dans ses beaux yeux orageux.
J'oubliai la musique envoûtante et les murmures des convives. J'oubliai la salle luxueuse et la raison de notre venue. J'oubliai le mal qui me rongeait. 

Je voulais juste danser jusqu'au bout de la nuit avec mon époux. 

___

- Philo? 

Je passai ma tête dans l'encadrement de la chambre soigneusement rangée. Je ne croisai que le regard de l'ours en peluche sur le lit de Lyn. Une nouvelle babiole qu'elle avait réussi ardemment à me faire acheter après une caprice. 

- Philo? 

En deux grandes enjambées, j'atteignis la chambre de mon ainé qui était un peu plus en désordre. Si mon mari venait à voir ce capharnaüm, il ferait certainement une attaque. Ma dernière tentative fut le bureau rangetout, qui fait office étalement de bibliothèque et d'atelier de couture. Si l'entente ne se fait toujours pas entre les deux derniers, tout ce bazar finira dans la chambre conjugale, histoire de créer encore plus de bazar. Cette maison n'avait pas été acheté pour accueillir autant de personnes. 

Je descends avec hâte les escaliers en bois dont la dernière grinçait à cause de Marilyn et son manque de sang-froid. Trois paires d'yeux m'observaient depuis le salon pendant j'ouvrai frénétiquement la porte d'entrée pour crier: 

- Philostrate!

- Il n'est pas dans sa chambre? 

Je maugréais contre moi-même et refermais après avoir inspecter les parcelles de jardin devant la maison. 

- Je ne l'ai pas vu descendre, rétorquais-je. Ce gamin peut se faufiler comme une petite sourie sans que je ne m'en rend compte. 

- Du calme, il ne doit pas être bien loin, soupira Edith en posant une main amicale sur mon épaule. 

Je m'assois quelques instants sur l'un des vieux fauteuils qui a subi nombreuses chute d'eau et de thé, pour reprendre mon souffle. Je devinais les regards inquisiteurs de mes amies. J'étais vite fatiguée et courir après ce bambin qui avait appris à marcher était un calvaire. C'était presque de la pitié et cela m'agaçait. 

- Je vais regarder dans ton jardin, proposa Dory en se levant et défroissant la superbe robe que je lui avais confectionné pour son anniversaire, et également pour la consoler de son divorce. 

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant