Je laçai mes chaussures le plus doucement possible. Mon père s'était assoupi dans le salon et je ne tenais pas à ce qu'il me voit sortir. Je commençai à marcher sur la pointe des pieds tout en aplatissant mes cheveux qui n'arrêtaient pas de rebiquer. Ma mère m'avait envoyé chez le coiffeur ce matin, ce qui expliquait l'horreur que j'avais sur la tête.Je pris une grande inspiration tout en serrant dans ma main ma lampe de poche avant d'ouvrir délicatement la porte d'entrée. Le vent frais de ma province vint adoucir les trais de mon visage et embrasser mes joues. Un sourire se dessina sur mes lèvres, un sourire qui disparut bien vite.
Je levai la tête vers le ciel et je constatai que la nuit était reine et que les étoiles étaient la seule lumière qui éclairait ma ruelle. Je me tournai ensuite vers ma maison et lâchai un soupir de frustration. J'étais une Dreadful et je vivais dans un putain de taudis. C'était grotesque et j'avais plus que honte.
Mon père se noyait dans le travail et son argent partait dans des cadeaux d'excuse pour ma mère au lieu de financer des travaux pour chez nous. Un coup de vent me souffla de continuer mon chemin.
Quelques pas me suffirent pour me retrouver devant l'échelle qui allait me conduire à mon endroit secret. Un étrange sentiment naquit en moi. J'allais avoir 18 ans dans quelques minutes et, toute ma vie, on m'avait parlé de ce qui m'arriverait. Cependant, j'étais incapable de réaliser.
J'étais dans le déni le plus complet. Mes mains agrippèrent les planches en bois et mes pieds se posèrent dessus à leur tour. Je montais tranquillement tout en faisant attention à ne pas choper une écharde.
Ce fut un soulagement d'arriver en haut sans avoir eu besoin d'utiliser ma lampe torche. J'avais moins de chance de me faire attraper ainsi. Le calme du toit était agréable. C'était mon endroit, pour toujours. Mon éternité s'achevait pourtant dans quelques pauvres secondes.
J'avais volé la montre de mon père plus tôt dans la soirée. C'était un vieil objet que peu de gens utilisaient encore. Je fixai d'un air distrait les nombres s'afficher et je détournai les yeux dès que minuit fit son apparition. La Dead End se rapprochait et ma mort avec.
***
— Maman ! hurlai-je en me réveillant.
Elle débarqua quelques instants plus tard, avec les cheveux en bataille et un pyjama dépareillé bien trop grand pour elle. Je remarquai quelques mèches grises sur sa tête et j'eus soudain envie de pleurer.
— Bon anniversaire, Blake ! me lança-t-elle d'un air étrangement enjoué avant de fondre en larmes.
— Maman, c'est pas nécessaire de...
Je ne finis même pas ma phrase, à quoi bon ? Ma mère s'assit sur mon lit tandis que je me redressai en tendant ma main vers son épaule sans pour autant réussir à la poser. Je n'arrivais pas à concevoir de la consoler.
Je devais dès maintenant commencer à m'endurcir si je voulais réussir à bien me faire bien voir par les Formateurs. C'étaient eux qui nous surveillaient pendant les trois Sélections. Chacune d'entre elles permettait de faire du tri dans les candidats qui participeraient à la Dead End. J'espérais au moins survivre à la première.
— Joyeux dernier anniversaire Blake, dit une autre personne depuis l'encadrement de ma porte.
— Merci Papa de me soutenir, ça me touche beaucoup, lui répondis-je, sarcastiquement.
Il ne releva pas mon commentaire. Mon père était la dernière personne à savoir quoi dire dans les mauvais moments. Le meilleur exemple était celui-là. Il venait de me dire implicitement que je ne survivrais pas.
VOUS LISEZ
DEAD END | 1 & 2
RomanceDeux serpents, une rose et des ronces. Le symbole d'un pays où règne la terreur et où la surpopulation est le problème principal selon le gouvernement. La Dead End régule le nombre d'habitants d'Atropos et de ses six provinces. Elle fait s'affronte...