Chapitre 31 : C. Turner.

95 4 0
                                    




Je courus pratiquement vers elle. Ma mère ne me prit pas dans ses bras, elle se contenta de me regarder comme si elle n'y croyait pas, comme si elle ne me reconnaissait pas. Les Gardes commencèrent à s'agiter en nous voyant tous nous précipiter vers nos proches.

Personne ne les écouta alors ils abandonnèrent leur tentative de nous calmer.

Ton père et ta sœur sont partis chercher à manger, me dit ma mère avec un léger sourire.

Nous nous assîmes sur le lit qui m'était destiné mais aucune discussion ne démarra. Pas un mot ne sortit de ma bouche. J'étais plus soulagée que réellement heureuse.

Je n'osai même pas regarder le visage de ma mère. Je lui jetai des coups d'œil tout en cherchant Zyanya dans la salle. Je la trouvai rapidement. Elle était entourée de sa famille et était en train de parler.

Nos regards se croisèrent et je vis qu'elle était dans le même état que moi. C'était trop brutal pour réellement nous permettre de nous sentir mieux. Nous n'étions que deux filles qui n'avaient pas la moindre idée de quoi faire.

On n'est pas obligées d'en parler, si tu ne veux pas, lança soudain ma mère.

J'acquiesçai, incapable de la remercier d'essayer de me comprendre. J'avais besoin de ma sœur, besoin qu'elle me dise si Clay était toujours en vie. J'avais peur de ce que Turner avait pu lui faire, même une fois qu'il était parti de la capitale.

Ah, les voilà !

Je pris une inspiration avant de me retourner vers le seul sourire que j'aimais vraiment, celui d'Asani.

Elle se déplaça sans même faire attention à tous les gens qu'elle bouscula sur son chemin. Elle était suivie de mon père qui ne semblait pas être à sa place.

Peut-être qu'une certaine culpabilité remontait en lui ou peut-être qu'il se rendait compte de la gravité de ce qu'il m'était arrivé. Ou peut-être que l'hospitalité du Central Circle n'était pas à son goût.

Blake ! Ça fait tellement longtemps, s'exclama Asani avant de me prendre la main.

Comment tu vas ? demanda finalement mon père sans pour autant sourire.

Il ne paraissait pas se réjouir de me retrouver. Je ne lui en voulais pas pour ça. Je n'avais pas non plus envie de retrouver ma vie d'autrefois.

Je suis en vie, c'est un bon départ, répondis-je simplement.

Je me levai et balayai la salle du regard. Je n'avais aucun moyen de fuir ce moment. Asani me fixait, inquiète. Si elle savait, elle fuirait plutôt que de me regarder comme si j'étais une victime.

On l'était tous dans ce monde.

Sauf ceux qui devenaient des assassins.

Vous savez combien de temps on va devoir attendre à prétendre qu'on est tous heureux ?

Ma sœur me regarda en levant un sourcil. Mes parents se contentèrent d'échanger un regard sans pour autant relever ce que je venais de dire.

On nous a dit qu'on avait environ une heure avant que des annonces de la part du gouvernement ne soient faites, m'informa ma mère en me tendant un sandwich.

Je n'ai pas faim, rétorquai-je aussitôt. J'ai mangé, dans la jungle. Vous avez dû le voir.

Mon père fronça les sourcils puis s'avança pour me lancer d'un ton sec :

Ton cinéma n'est pas nécessaire.

Le tien non plus, fis-je en souriant.

Asani le poussa légèrement pour pouvoir s'asseoir à côté de moi. Mes yeux observèrent les siens un instant. Je repensais au moment où on m'avait emmené dans l'hôpital des travailleurs.

DEAD END | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant