DEAD END | 1 & 2

Chapitre 11 : Prépare-toi à souffrir.

Cela faisait une semaine que j'avais écouté la conversation de Turner et cela faisait une semaine que je ne l'avais pas vu. J'allais tous les jours dans la salle d'entraînement, ayant presque envie de le croiser.

J'avais peur des raisons de son absence, peur qu'il ne prépare un coup contre moi. Il savait que je l'avais entendu, j'en étais persuadée. Son silence et son manque de présence étaient étranges. C'était si soudain, si inattendu.

— Je commence à apprécier être ici, me dit Zyanya d'un ton léger.

Nos vies étaient rythmées par des entraînements, des repas et des discussions nocturnes. Tout était contrôlé, rien n'était réellement agréable mais je n'étais pas étonnée de l'avis de Zyanya.

J'aurais aimé l'appeler une amie, cependant quelque chose manquait. Nous ne nous étions pas réellement confiées l'une à l'autre.

— Tu ne diras pas ça quand le jour de la prochaine étape arrivera.

Elle se contenta de sourire tandis que nous mangeâmes notre petit déjeuner. Zyanya termina avant moi et décida d'aller s'entraîner. Elle prétexta une urgence de réviser son crochet du droit pour partir sans moi.

Je la regardai, jour après jour, tombée presque amoureuse de Rian. J'espérais qu'elle resterait quand même consciente des enjeux de la Dead End.

L'amour n'en valait pas la peine. L'amour n'était que qu'un aimant qui attirait des problèmes.

— Veuillez quitter vos dortoirs.

Chaque matin j'essayai de rester le plus longtemps possible ici mais il y avait toujours un Garde Royal qui venait me chercher, m'appelant à retourner dans la réalité.

Je craignais le retour de Turner comme un enfant craignait la foudre et le tonnerre. Il était en colère contre moi, maintenant plus que jamais. Je ne voulais pas subir son regard me fusillant, ni ses mots qui ne faisaient qu'attiser ma haine.

— Mademoiselle, vous devez sortir.

— C'est bon, j'arrive, grommelai-je quand la porte s'ouvrit.

Je roulais des yeux en constatant que j'étais la seule qui étais encore là.

— Il se passe quelque chose aujourd'hui ?

— La projection des interviews de vos familles a lieu en ce moment-même. Vous auriez dû être au courant, fit le Garde d'un ton moqueur avant de me forcer à avancer.

J'avançai rapidement, le cœur battant.

Les interviews des familles étaient une sorte de tradition durant la Dead End. Cela rappelait aux candidats que des gens s'intéressaient à eux, les aimaient et voulaient les voir réussir.

J'espérais que l'interview de mes parents était déjà passée. Je n'aurais pas supporté de les voir s'adresser à moi devant tout le monde. Peut-être parce que j'étais pudique sur mes sentiments et sur ma vie mais aussi parce que je ne voulais pas les voir.

C'était déjà trop dur d'être ici.

J'arrivais dans la salle d'entraînement et mon sang se glaça quand je vis les visages qui étaient sur l'immense écran installé spécialement pour l'occasion.

Je déglutis en remarquant l'homme qui se tenait fièrement debout, une télécommande à la main et ses yeux fixés sur mon visage.

Turner.

Je me cachai entre les deux derniers rangs et soupirai. La vidéo était déjà lancée alors j'entendis mon père et ma mère.

— C'est une fille intelligente, fit ma mère.