J'avais complètement oublié que je devais me lever tôt ce matin quand je m'étais bourré la gueule hier soir.Je devais prendre la parole à la télévision pour rassurer les citoyens et les informer du nouveau danger qui courrait dans les rues d'Atropos.
Ce danger qui résidait majoritairement dans ma personne.
J'avais eu du mal à m'endormir, ressassant les idées que j'avais pour Azer, les paroles tranchantes de Blake et les images de mon ancienne vie.
Sir Kinsley me laissait vivre en sachant que j'étais sur le point de détruire son monde, et ce sans aucun remord. J'étais peut-être vicieux et mauvais mais lui n'était certainement pas très intelligent.
Peut-être qu'il espérait que j'échoue lamentablement devant les yeux de tous ses citoyens, juste pour pouvoir dire que c'était bien fait.
— Trois. Deux. Un. On tourne !
La réalisatrice hurlait à plein poumons des ordres bateaux dont je me serais bien passé. J'avais un temps de parole à respecter puisqu'il fallait caler mon discours juste avant le journal télévisé du soir.
Je récitai le texte que j'avais partiellement appris dix minutes avant le tournage. Je remerciai ma mémoire à cet instant. J'avais des cernes sous les yeux et j'étais à peine présentable. Cette fois-là, c'était la gueule de bois que je devais remercier.
Depuis hier soir, des flashs des pires moments de ma vie me surprenaient dans des moments au hasard. Alors que je fixais la caméra, toujours en train de réciter mon discours, le visage de ma mère interrompit ma phrase.
Je la reprenais comme si de rien n'était et personne ne remarqua rien.
Je la revoyais dans son cercueil, prête à aller six pieds sous terre. Mes frères et sœurs l'avaient habillée des plus beaux vêtements qu'elle possédait. C'était le jour de l'enterrement, quelques heures avant l'heure initiale du rendez-vous.
— Azer est un groupe très dangereux ce qui explique les nouvelles mesures de sécurité extrêmes mises en place. Nous sommes ici pour vous protéger et nos soldats sont de plus en plus nombreux, continuai-je en repoussant le visage mort de ma mère dans ma tête. Nous formons chaque jour des dizaines de femmes et d'hommes alors n'ayez crainte.
Le texte rappelait aussi la présence des dissidents et à quel point nous vivions dans des temps sombres. Je finis de le réciter, non sans difficulté. J'étais constamment en train de me battre contre les visions d'horreur qui s'imposaient à moi.
— Parfait, merci de votre patience, Monsieur Turner, m'interrompit la réalisatrice, mettant sur pause mes pensées mais pas mes souvenirs.
Je la congédiai d'un geste de la main et, elle et son équipe, quittèrent mon bureau dans la seconde. J'avais mal à la tête, maintenant encore plus qu'au réveil.
Cette prise de parole était une répétition pour celle que je ferais quand je serais officiellement devenu le dirigeant suprême.
Les traits pâles de ma mère surgissant dans l'obscurité du crématorium me rappelèrent que peu importe où j'étais maintenant, je ne pourrais échapper à mon passé.
Ni demain, ni jamais.
Tout paraissait si proche. Des événements à glacer le sang qui constituaient une histoire que j'aurais préférée oublier. C'était plus facile ainsi.
Plus je me rapprochai du sommet, plus mon cerveau me rappelait ce que j'avais laissé derrière moi. Je n'étais pas désolé et c'était bien mon plus gros problème.
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DEAD END | 1 & 2
Storie d'amoreDeux serpents, une rose et des ronces. Le symbole d'un pays où règne la terreur et où la surpopulation est le problème principal selon le gouvernement. La Dead End régule le nombre d'habitants d'Atropos et de ses six provinces. Elle fait s'affronte...