Le retour au Central Circle était prévu pour aujourd'hui.J'ignorai si c'était le fait d'y retourner qui m'angoissait ou si c'était simplement le fait de revoir Turner qui me donnait l'impression d'avoir des nœuds dans l'estomac.
Je n'avais pas réussi à dormir de la nuit, je me retournais sans cesse en voyant des images de ma sœur se faire tuer par le gouvernement.
Nous ne nous étions pas parlées depuis qu'elle était venue à la maison. L'ambiance était pesante, en partie à cause de moi et de ma décision.
Je comprenais que ma mère soit perturbée, je n'avais jamais montré le moindre intérêt pour ce type de travail. Mon père, lui, paraissait plus heureux depuis quelques jours. C'était au détriment du reste de la famille, comme toujours.
Son bonheur me faisait mal. Je sentais comme une flèche qui s'enfonçait dans mon cœur et à chaque sourire et encouragement de mon père, elle s'enfonçait plus profondément encore. Il était persuadé que j'avais enfin un avenir, c'était la seule raison qui l'encourageait à être gentil avec moi.
C'était horrible de l'entendre répéter à ma mère que c'était une opportunité, une chance et même une bénédiction. Je me retins d'aller lui hurler dessus que c'était avant tout un choix de ma part que j'avais fait en pensant protéger ma sœur et ses activités illicites.
J'étais en colère contre elle, Asani refusait de me parler et de m'expliquer son rôle au sein des dissidents. J'avais envie et besoin de savoir.
Je n'avais jamais été du côté de ceux qui pensent qu'il faut combattre le mal par le mal mais savoir que le gouvernement cachait des informations à son peuple concernant le réel but des dissidents m'avait fait vite changer d'avis.
— Est-ce que ta valise est prête ? m'interrogea ma mère en passant seulement sa tête dans l'encadrure de ma porte.
Depuis longtemps.
— Presque.
Elle m'offrit un rare sourire et s'en alla, me laissant le temps de me lever et de me préparer.
J'avais reçu des instructions très strictes. Une dizaine de t-shirts et de pantalons était autorisée, pas plus, pas moins. Les bijoux étaient prohibés, y compris ceux qui passaient de génération en génération (notre famille devait être notre dernière priorité).
Il était expliqué que chaque participant aurait sa propre chambre mais que les repas se feraient en communité. Une salle de bain servait de communication entre deux chambres. En bref, l'intimité n'était pas le point fort du programme.
On ne connaîtrait notre chambre qu'une fois sur place et selon le bon vouloir de notre instructeur.
Les cours pratiques auront lieu trois fois par semaine et les cours théoriques deux fois. L'emploi du temps était variable et les jours de repos n'en étaient pas vraiment. On pourrait faire appel à nous pour préparer la Dead End suivante ou pour d'autres affaires minimes.
Nous n'étions que des élèves et n'avions pas le droit d'agir sans avoir eu l'autorisation au préalable de notre instructeur.
C'était un règlement plutôt normal pour Atropos, je le trouvais même assez léger.
— Asani et Clay sont arrivés ! m'informa ma mère.
Je soupirai et retombai sur mon lit.
Toute ma vie se résumait à faire des erreurs encore et encore pour ensuite me dire que c'était comme ça qu'on apprenait. Sauf qu'à cause de cette mentalité, je m'étais retrouvée à tuer quelqu'un en lâchant toute la haine que j'avais gardée en moi.
VOUS LISEZ
DEAD END | 1 & 2
RomanceDeux serpents, une rose et des ronces. Le symbole d'un pays où règne la terreur et où la surpopulation est le problème principal selon le gouvernement. La Dead End régule le nombre d'habitants d'Atropos et de ses six provinces. Elle fait s'affronte...