Quand la lumière revint, je n'étais plus dans l'arène mais dans une infirmerie. Seule une lampe au-dessus de ma tête m'éclairait, et, en tournant la tête, je vis que j'étais la seule à être éveillée. J'aperçus Beriah sur un lit quelques mètres plus loin ainsi que les autres membres de mon équipe.Je cherchais à savoir qui était mort et mon cœur rata un battement quand je compris que Ruth avait été tué. Son corps n'était pas ici. Je ne le connaissais presque pas et pourtant j'étais attristée de savoir que c'était fini pour lui.
Je sentis que mes joues étaient humides. Je pleurai sans réellement avoir une raison suffisante pour réagir ainsi.
Alors que je pleurai, je me sentis de plus en plus énervée. Je me demandais pour la énième fois pourquoi nous devions tous passer par la Dead End. Pourquoi Sir Kinsley et les Créateurs souhaitaient-ils nous voir souffrir ?
J'entendis des pas s'approcher. Je fis mine de dormir, espérant de tout cœur qu'on ne me demanderait pas de me battre encore.
— Combien sont morts ?
C'était, de ce que j'entendais, une femme qui venait de parler. Les pas se rapprochèrent de mon lit et je retins mon souffle.
— Presque cinquante. C'est plus que ce que nous avions espéré.
Cette fois-ci, c'était un homme. Je ne reconnaissais ni l'un ni l'autre. Je restai immobile, craignant qu'ils ne me remarquent.
— Bien, on avance sur la bonne voie. Avez-vous préparé les interviews ? demanda la femme d'un ton enjoué.
C'était tellement naturel pour eux de parler de la mort d'adolescents à peine adultes que cela forma un nœud dans mon estomac. Était-ce donc ainsi que nous étions considérés une fois décédés ?
— Presque. Un de nos jeunes Créateurs est en train de révolutionner notre monde et c'est même un peu effrayant.
— Comment s'appelle-t-il ?
Alors que je m'apprêtai à connaitre le nom de celui qui nous torturait depuis le départ, j'éternuai.
Les deux s'arrêtèrent et me cherchèrent du regard. Je fermai les yeux, priant pour rester discrète.
— Peu importe, fit l'homme d'un air méfiant. J'aurais aimé vous le présenter mais il est très occupé. Peut-être une prochaine fois.
Ils sortirent de la pièce et je pus enfin souffler. J'étais courbaturée de partout. Je ressentais une grosse douleur au niveau de la hanche sans doute à cause de mes chutes répétées contre le sol de l'arène.
J'avais aussi mal à la gorge. La poussière que j'avais avalée avait eu raison de moi. Je me relevai sur mon lit, regardant autour de moi les blessures que tous les autres avaient.
Certains portaient des plâtres, d'autres plusieurs dizaines de pensements.
Ma colère grandissait de jour en jour et, à chaque seconde qui s'écoulait, j'avais de plus en plus envie de brûler chaque créateur de cet enfer. L'âge ne leur importait pas, la mort non plus mais la destruction de ce symbole qu'était la Dead End les ferait peut-être réagir.
— Putain, ça fait un mal de chien, s'exclama Beriah au fond de la salle.
C'était ce moment que je choisis pour me rendormir et apaiser la froideur de mon cœur et l'horrible douleur qui collait à ma peau.
Mes rêves étaient hantés par les souvenirs de la mort de Ruth mais aussi par chaque goutte de sang que j'avais vue couler depuis le départ.
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DEAD END | 1 & 2
Roman d'amourDeux serpents, une rose et des ronces. Le symbole d'un pays où règne la terreur et où la surpopulation est le problème principal selon le gouvernement. La Dead End régule le nombre d'habitants d'Atropos et de ses six provinces. Elle fait s'affronte...