J'étais sur un petit nuage depuis que Turner et moi avions profité de quelques minutes ensemble après des jours entiers à travailler sans jamais nous arrêter.Le Central Circle changeait considérablement. Nous n'avions plus le droit de traîner dans les couloirs ni de nous attarder dans le réfectoire. Les quelques médias importants du pays étaient présents pour filmer les préparatifs de l'événement de l'année.
Il était impossible de faire un pas sans tomber sur une caméra. Heureusement pour nous, toutes les images qui circulaient étaient très contrôlées.
Je n'avais pas encore eu l'occasion de discuter avec Turner de sa fameuse idée ni de lui rappeler qu'un baiser ne pourrait pas effacer la déception que j'avais ressentie quand il avait annoncé la troisième Dead End.
Le processus de sélection avait déjà commencé dans les provinces et des adolescents venaient déjà de perdre la vie. J'avais entendu des conversations qui en parlaient. C'était égoïste de ma part mais j'essayais d'ignorer au mieux tout ce qu'il se passait.
— Blake ? Tu n'aurais pas vu ma chemise, par hasard ?
La voix de Clay interrompit mes pensées. Depuis hier soir, il avait retrouvé l'usage de sa voix. J'avais hésité à l'interroger sur sa période de silence mais je m'étais ravisée.
— Vérifie dans le placard sous le lavabo !
— Bordel, elle est où ? s'énerva-t-il dans la pièce d'à côté.
Une réunion générale des Formateurs était prévue et l'uniforme était obligatoire.
— Tu devrais venir jeter un œil.
Je roulai des yeux en me levant. J'avais enfin réussi à profiter de quelques minutes de calme, allongée sur mon lit à ne penser à rien, ou presque.
J'étais toujours constamment hantée par les fantômes de mon passé, littéralement.
Je me rendis dans la salle de bain où Clay se tenait, torse nu, toujours sans chemise. Il tenait entre ses doigts un bout de papier qui avait l'air d'avoir été déchiré. Le papier n'était tellement plus utilisé de nos jours que je ne cachais pas ma surprise d'en voir ici.
Cela me fit oublier que je me trouvais en présence de l'ex-mari de ma sœur qui était à moitié nu. Je n'étais pas à l'aise avec la nudité, et même s'il n'était pas horrible à regarder, je n'arrivais pas à agir comme si de rien n'était.
— Je crois que c'est pour toi, ajouta-t-il d'un air perplexe.
Il me tendit le papier que je récupérai et il retourna dans sa chambre en insultant sa chemise disparue. Je le lus plusieurs fois sans réaliser.
« J'aimerais tout te dire mais je ne peux pas. Papa et Maman ne comprennent pas. C'est le mieux que je puisse faire pour le moment. Ne m'en veux pas. -A »
Je le froissai et le glissai dans ma poche. Je n'avais pas encore réfléchi à tout ça, aux actions des dissidents et par conséquent, de ma sœur. Je savais seulement qu'un bout de papier et des mots daignés de réel sens ne voulaient rien dire pour moi.
Si Asani ne pouvait pas me contacter autrement, elle agissait contre la loi et ce n'était plus mon problème. Elle avait mentionné nos parents comme si cela m'était égal. Mon père me haïssait et ma mère avait sûrement assez de soucis comme ça.
Je ressentis un pincement au cœur en imaginant ma mère en train de dîner avec mon père et de subir ses remarques, la tête baissée en prétendant qu'il était simplement de mauvaise humeur.
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DEAD END | 1 & 2
RomanceDeux serpents, une rose et des ronces. Le symbole d'un pays où règne la terreur et où la surpopulation est le problème principal selon le gouvernement. La Dead End régule le nombre d'habitants d'Atropos et de ses six provinces. Elle fait s'affronte...