Chapitre XXXVIII - Une claque magistrale

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Derek

Savoir que Nazélie est enfin réveillée me soulage à un point dont je n'avais pas conscience jusque-là. Je l'ai sus tout simplement parce que j'étais avec Dylan et Tony au garage, et non parce que j'allais souvent la voir. En réalité, je n'avais aucun droit de visite, une idée de son frère, pour que je puisse réfléchir à ma manière d'agir et de penser envers celle qui fait battre mon cœur. Je ne pensais pas à mal en la suivant de la sorte, et les cadeaux n'étaient pour moi qu'une preuve d'amour, de revendication, pas que je voulais lui faire du mal de quelque manière que ce soit, loin de là.

Alors, quand j'ai vue les garçons partir la rejoindre, je n'ai pas hésité un instant à fermer boutique, laissant tout en plan, avant de me diriger vers un fleuriste puis en direction de l'hôpital. Je me doute bien que personne n'aurait pensé à lui offrir un présent pour son rétablissement, mais pour moi, il s'agit surtout d'un acte de paix, une manière de demander pardon, ou du moins de pouvoir discuter avec elle, chose que je souhaite plus que tout. Et si je m'attendais à me faire mettre dehors comme un malpropre, la réaction est tout autre lorsque Nazélie demande à tout le monde de partir, nous laissant seuls tous les deux. 

Et bien que les personnes tout autour d'elle semblent réticents, ils finissent tous par la prendre dans leurs bras chacun leurs tours avant de passer le pas de la porte, seul Darryl me dresse un mot avant de partir avec Mia pour aller prendre un café dans un distributeur non loin.

Ne merde pas.

Déposant le bouquet dans une carafe que j'ai demandé à une infirmière, ce qui fera office de vase, je m'assois doucement sur une chaise non loin d'elle, hésitant à la toucher malgré l'envie qui me tord les tripes. Nous restons quelques temps sans parler, perdues dans nos pensées respectives, finalement, c'est Nazélie qui finit par briser le silence, en me posant une simple question : pourquoi ?

- Je... dis-je avant de me mettre à soupirer. Tu me manquais Nazélie, énormément. Lorsque je me suis rendu compte de ce que j'ai fait, je voulais te parler, mais tu avais déjà filé, puis j'ai passé les dernières années à tenter de prendre sur moi, attendre à ce que tu reviennes. Lorsque tu as envoyé une lettre à Darryl pour ta remise de diplôme, et qu'il n'était pas présent, j'y étais moi, à te prendre en photo et en vidéo. Tu es devenue une véritable obsession pour moi. Alors quand j'ai vu que tu étais revenue à Miami, j'ai pensé à te reconquérir de cette manière, en attendant à ce que tu sois prête pour qu'on soit de nouveau tous les deux, même si j'ai peur d'avoir tout gâché maintenant.

- Tu te rends compte que c'est malsain cette attitude ? Me lance-t-elle d'une voix douce. Imagine un seul instant que je sois en couple, qu'aurais-tu fait ? Honnêtement.

Bien que je sache déjà la réponse à apporter, je me rends compte que je partais vraiment dans des extrémités inquiétantes, non seulement j'aurais pu l'enlever pour être certain qu'elle me revienne, mais j'aurais également pu tuer n'importe qui, susceptible de se mettre dans mon chemin pour l'amour de ma vie.

J'ai la nette impression qu'elle comprend parfaitement mes silences, car après un soupir, elle m'annonce quelque chose qui me provoque un coup de poignard en plein cœur. Bien que je souhaite plus que tout l'avoir dans mes bras, Nazélie sait très bien que je pourrais respecter la moindre de ses paroles, aussi, lorsqu'elle me demande de ne plus l'approcher tant que je n'aurais pas été suivie par un psychologue, ou du moins un spécialiste pour faire partir mon obsession pour elle, j'ai l'impression que l'enfer s'ouvre à mes pieds. Mais loin de me défaire de cette envie de la voir constamment, je tente tout de même une dernière carte. 

- Tu pourrais t'occuper de moi, non ? Je veux dire, en tant que thérapeute.

- Non Derek, je préfère que tu ailles voir quelqu'un d'autre. Il y a de bonnes personnes capables de t'écouter et de t'aider dans cet étape, mais pour le moment, ton attitude me fait peur à la fois pour ma sécurité mais également pour la tienne. Je tiens énormément à toi, mais je préfère qu'on garde nos distances tant que tu ne seras pas guéri

- Et comment je pourrais être certain que tu m'attendras ?

- Personne ne le saura exactement, mais quoi qu'il arrive, ça sera mieux pour tous les deux. 

Bien que je comprenne sa démarche, j'ai du mal à admettre qu'elle a raison. Il est vrai que mon attitude est loin d'être saine, je devenais probablement dangereux aussi, notamment pour les autres comme Aaron qui me semble trop proche d'elle. Mais me dire que je ne serais plus là pour la protéger, envers et contre tous, je ne sais pas si j'en serais capable. Et c'est encore pire tandis que je n'ai aucune garantie qu'elle m'attendra, comme je l'avais fait durant ses études universitaires.

Acquiesçant lentement en me passant une main dans les cheveux, je lui promets de tout faire pour la mérité, une chose que je n'avais jamais fait auparavant, même lorsqu'elle était ma petite amie. Fier de ce nouvel état d'esprit, je l'embrasse tendrement sur le front avant de la laisser ainsi, bouche-bée, devant ce qui est ma dernière déclaration avant que je ne deviennes un homme neuf, rien que pour elle. 

J'ai enfin réussi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant