Hédonisme

Chapitre 8 : Une beauté irrésistible

Vêtu d'un peignoir de boxe à capuche à l'intérieur pourpre et au revers doré, d'un short or à la ceinture élastique et au logo de Wilson, ainsi que de bandages en cuir noir enroulés étroitement autour de ses paumes et de la plante de ses pieds, Soïli brillait de mille feux. Son visage mis en valeur par son maquillage soigné, ses cheveux coiffés dans lesquels des fils d'or s'entremêlaient et sa peau luisante d'huile pailletée, il défilait à la tête de ses coéquipiers vêtus sobrement d'un uniforme noir.

Une musique entraînante rythmait ses pas, l'air vibrait sonorement afin de le présenter par le biais d'une voix amplifiée par des enceintes situées aux quatre coins de l'immense salle circulaire constituée de gradins à hautes marches qui entouraient un immense octogone soigné, et des acclamations, sifflement et applaudissements l'accueillaient chaleureusement.

Ce jour-là, le quinze novembre, chaque club présentait ses nouveaux juniors dans une cérémonie consistant en un défilé époustouflant et parfaitement orchestré. Les novices se trouvaient à la tête des lignes de leur collègues qui les talonnaient en une queue bien alignée. On semblait les accompagner, les guider depuis l'arrière, dans leurs premiers pas au sein de l'arène. Chaque rangée serpentait méthodiquement tout autour de la salle, prenant soin de passer sous le nez de chaque clients qu'on appelait les "invités" ou plus grossièrement et discrètement les "fanatiques" qui semblaient littéralement en transe.

Des caméras répétaient tour à tour chaque nouveau visage (et corps) sur quatres larges et lumineux écrans accrochés en cube au plafond de l'extrême centre de la pièce. Soïli ainsi qu'Aindrea, un junior du club Ochills, se disputaient la vedette. Les cris poussés lorsque l'une des têtes s'affichait à l'écran était tels qu'il était difficile de discerner qui retenait le plus l'attention par rapport à l'autre.

Il faut dire que ces deux beautés avaient autant de similitudes que de différences. Leur taille, leur morphologie et la répartition de leur poids était plus ou moins identiques : des épaules droites, une poitrine bien dessinée, une taille fine, un ventre à peine sculpté, un bassin étroit, un fessier ferme, des cuisses musclées et charnues... bref, des proportions méticuleuses. Cependant, tandis que le visage de Soïli se caractérisait par une mâchoire fine, délicates, des lèvres humblement pulpeuses, un nez droit, des yeux de renard et un teint très hâlé ; celui d'Aindrea était reconnaissable par ses joues rondes, sa bouche en cœur, ses yeux gris de biches, son nez retroussé et sa peau pâle tacheté de la même rousseur que ses cheveux.

En le remarquant, Gessner fut sûr d'une chose : ils les feront très certainement se battre.

Le défilé terminé, Soïli commença à se déshabiller dans le même vestiaire que tous les autres. On lui avait informé qu'il se devait de laisser ses habits et bijoux dans un casier où les Starlettes les récupéreraient.

Plus que de se questionner sur le ridicule de cette situation (ses camarades l'ignoraient passivement alors même qu'ils s'étaient tous déplacés pour sa cérémonie d'entrée finalement), Soïli était titillé par la présence de Gun. Après tout, il était ni un junior, ni un entraîneur et encore moins un "fanatique", pourtant, il s'était déplacé à une heure où les combattants avaient la possibilité de vaquer à des occupations personnelles. Serait-il possible qu'il soit venu juste... pour lui ?

- Tu étais sublime.

Soili sursauta légèrement et se tourna vers son ami, heureux de le voir après tant de péripéties.

- Artième...

Il avait prononcé ce nom avec un peu trop d'émotions puisque son aîné croisa les bras, un air amusé agrafé au visage en appuyant son épaule sur le casier voisin.

- C'est quoi cette réaction ? Tu m'aimes à ce point ?

Soïli laissa échapper un soupire rieur en même temps qu'il se débarrassait de son haut.