Les deux combattants s'élancèrent vivement l'un vers l'autre, et commença alors un échange d'attaque presque similaire au début du combat. Le fait était que, contrairement aux premières secondes, les mouvements de Hans n'étaient pas des leurres. Ils n'avaient non pas pour but de faire l'adversaire baisser sa garde, mais de le détruire pour de vrai.
Ceux de Soïli révélaient un objectif bien plus innocent : survivre. Sa reprise en main relatait déjà d'un miracle, alors il ne se permettait même pas de pousser sa stratégie au delà de sa propre conservation. Il se batterait jusqu'à ce qu'il n'en pût plus, voilà tout.
Très régulièrement, il se faisait percuter, et très rarement, il réussissait à toucher sa cible. Ainsi, bien que son espérance de victoire aurait dû diminuer de plus en plus, son entêtement compensait son inexpérience. Il possédait une force de résistance qui dépassait l'entendement et, bien que son visage restât crispé de douleur, ses attaques n'en étaient pas moins parfaites.
Voyant arriver un crochet du droit, il s'inclina pour l'éviter de justesse. Néanmoins, le coup ne vola non pas au dessus de sa tête mais en plein visage, sous la forme d'un genou fléchi. Encore une fois, ses yeux l'avaient trompé et il eut juste assez de temps pour interposer sa main entre la rotule de son adversaire et sa tête pour diminuer ainsi l'impact au mieux.
Ce geste eut tout de même pour effet de le sonner, et c'est tout naturellement qu'un coup de coude s'écroula sur sa colonne vertébrale pour le faire se rapprocher dangereusement du sol. Il parvint cependant à atterrir à quatre pattes plutôt qu'à plat ventre. Son nez saignait de nouveau et, se rappelant de l'attaque précédente, son dos décupla la douleur née de la seconde. Soïli savait qu'il devait se relever tout de suite, il le sût avant même de tomber à genou ; mais ses muscles, trop ébranlés par ces chocs, refusèrent de lui répondre.
Hans saisit le novice par la racine de ses tresses à présent complètement défaites, et plaqua sa tête contre le tatamis. Bien trop familier avec ce geste, Soïli laissa sa rage prendre le dessus sur sa raison et se mit à se débattre en des mouvements plus primitifs qu'efficaces. La vedette l'immobilisa en appuyant son genou gauche sur le bas de son dos, tandis que le droit écrasait son bras.
Sur le ventre, Gessner grinçait des dents, ne parvenant à bouger d'un poil. Hans se reposait de tout son poids sur les parties si sensibles de son corps, rendant cette prise atrocement désagréable. Néanmoins, son supplice venait à peine de commencer puisque l'allemand se saisit de son poignet gauche pour le forcer à se plaquer entre ses deux omoplates, malgré tous les efforts du novice pour lui en empêcher.
Un premier grognement de douleur s'échappa des lèvres du plus jeune, avant de, petit à petit et au fur et à mesure que Hans avançait son coude vers l'intérieur, se transformer en un hurlement de détresse toujours plus sonore et puissant. Soïli se cassait la voix à un point où elle semblait se briser de temps à autre. Il sentait qu'un mouvement supplémentaire suffirait à luxer son épaule.
Bien qu'il ait su pertinemment qu'il se devait de ne jamais attendre quoique ce soit de quique ce soit dans ce monde bien trop cruel pour un enfant, il ne pût s'empêcher d'espérer qu'Aron clâmat l'abandon pour le sortir de cet enfer.
Normalement, c'était ce qui arrivait. Aucun entraîneur sensé laissait son poulain ressortir avec une blessure grave au point de l'handicaper durant plusieurs semaines. Ce n'était tout simplement pas rentable. Et pourtant, à ces cris similaires à des sanglots à cause de la salive qui s'agglutinait dans le fond de sa gorge, on ne répondit que par cet hymne qu'il se remettait à présent à entendre.
Soïli se força à penser à autre chose qu'à la douleur, cessant de se débattre inutilement et de hurler pathétiquement. Ses jambes se trouvaient encore en parfait état alors ce n'était pas le moment de laisser son corps aux mains de quique ce fût, et encore moins entre celles d'Aron. Profitant que l'attention de Hans soit tournée vers la dislocation de son épaule, il fit légèrement basculer son corps vers la droite, et élança ses jambes vers son adversaire afin de le saisir fermement entre ses cuisses.
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Hédonisme
Mistério / SuspenseÉcosse 1950 : Alors que l'économie du pays chute drastiquement pour plonger la population dans la misère, un nouveau système illégal se met en place. Né de la rage des banlieusards et des anciens combattants envers l'État dépendant de l'Angleterre...