Il y a quelque chose d'érotique dans la vulnérabilité. Une gorge découverte en tant que seul rempart vers la trachée, une poitrine apparente qui cache un cœur nécessaire, un ventre dévoilé sous lequel fonctionne des organes vitaux. La nudité en soi est la démonstration la plus parfaite de l'érotisme sadique. Peut-être l'homme prend-il plaisir à asseoir sa supériorité sur autrui, à se savoir en capacité de lui faire du mal, et à se féliciter d'avoir choyer cette chose qu'il aurait très bien pu écraser aisément.
Cette illusion de vertu ne peut-être qu'un des produits du narcissisme. Une sorte de mauvaise foi dans laquelle l'on se complaît afin de satisfaire notre désir de perfection. Ainsi, plus qu'un amour à observer le corps démuni d'autrui, il s'agirait là d'un amour à constater notre propre force d'esprit face à nos pulsions les plus vils.
Tout ça pour dire que Günther, étudiant à la lumière de son bureau, n'eut pas besoin d'entendre le frémissement des draps qui se pliaient sous le corps de Soïli pour remarquer qu'il se réveillait puisque ses yeux ne cessaient de revenir à lui. Ses bras lasses qui entouraient l'oreiller sur lequel il reposait sa tête et ses cheveux s'éparpillant belliqueusement sur ses épaules encore brûlantes que la couette épaisse en duvet d'oie ne caressait plus depuis longtemps, ayant glissé jusqu'à la cambrure de dos.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Soïli en soupirant paresseusement.
Il avait laisser tomber son poignet sur sa tempe comme pour que son bras protégeat ses yeux entrouverts de la lumière orangée.
— Approche, chuchota presque Sondheim.
Ce fut en affichant une legère moue ennuyée que Soïli se redressa lentement en faisant de son mieux pour garder un total contrôle sur ses muscles encore engourdis, enfila le premier sous-vêtements qu'il trouvât et fit quelques pas jusqu'au sénior. Il effleura, de sa cuisse, la main que Günther lui avait tendu et s'appuya contre le bureau, à quelques centimètres de la feuille noircie. Sondheim laissa donc ses doigts glisser sur la peau brune, en la fixant de ce regard pensif.
Peut-être réfléchissait-il à lui prouver son intérêt par un baiser ou autre ; et peut-être que, constatant la présence d'assez de "preuve" sur cette dernière, il finit par se raviser. En tout cas, il passa un peu rapidement son pouce juste sous le premier pli du sous-vêtements, l'effleura dans sa longueur puis retira sa main en longeant l'intérieur de la cuisse puis le début du genou de Soïli. Il feignit ensuite l'indifférence en se reconcentrant sur sa feuille.
— Vois-tu, je tente de résoudre une équation, amorça Sondheim.
Et ainsi, d'une voix posée et un peu soufflée, il se mit à expliquer à peu près tout le cheminement de réflexion de chaque calcul. Cependant Soïli ne parvenait à se concentrer sur ce qu'il expliquait, ses yeux préférant divaguer sur le profil impeccable du sénior : ses sourcils un peu épais d'une blondeur si prononcée qu'elle se confondait avec sa peau laiteuse, ses cils de la même couleur qui s'étiraient juste assez pour venir camoufler les iris d'un bleu polaire, son nez tout à fait droit, pas même recourbé au bout, ses pommettes lisses et un peu saillantes, ses lèvres à peine pincées mais bien pleine, son menton raffiné, sa mâchoire parfaitement définie.
— Là, j'ai calculé la matrice de rigidité, 𝐾, qui est essentielle pour représenter les interactions entre les éléments. Elle est obtenue en intégrant les produits des dérivées des fonctions de forme sur chaque élément. Cependant la difficulté est d'être précis, puisque toute erreur dans l'intégration peut conduire à des...
Glissant ses doigts sur le menton de Sondheim, Soïli tourna délicatement sa tête pour qu'elle lui fît face. Il ne savait trop ce qui lui avait prit, ayant simplement agit sans réfléchir.
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Hédonisme
Mystère / ThrillerÉcosse 1950 : Alors que l'économie du pays chute drastiquement pour plonger la population dans la misère, un nouveau système illégal se met en place. Né de la rage des banlieusards et des anciens combattants envers l'État dépendant de l'Angleterre...