Chapitre 32 : La douceur de l'enfer

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   — Ne me quitte pas des yeux, souffla Günther.

Soïli sentit alors l'élastique de son sous-vêtement se détendre délicatement, de cette douceur qui le frôlait à peine et à cette vitesse qu'il repérait à peine. À chaque fois que ses paupières se plissaient légèrement, peut-être d'inconfort, peut-être de fatigue, le mouvement s'arrêtait un temps. Et ainsi, il se retrouva complètement vulnérable, chaque centimètre de sa peau s'offrant à la vue du sénior.

Il ne tremblait pas, le corps beaucoup trop chaud pour ressentir la fraîcheur hivernale. Puis Sondheim fit il-ne-savait-quoi avec ses doigts alors que lui, reprennait lentement sa respiration. Un contact extrêmement intrusif le caressa alors et il dût faire de son mieux pour ne pas reculer devant. Ce n'était pas vraiment douloureux, simplement inusuel, donc il ne réagit pas plus que cela. Petit à petit, il s'y habitua et le nombre se cumula.

Là, il eut du mal à rester impassible, ressentant des frissons étranges lui parcourir la colonne vertébrale à chaque fois que l'on pressait un endroit précis. Son dos se creusa légèrement et il manqua de briser le contact visuel qu'il s'évertuait à maintenir. Ce n'était pas seulement pour respecter l'ultime ordre de son sénior, mais parce qu'il avait trouvé, dans son regard, quelque chose de fascinant : de l'insécurité. Comme si, tout ce qu'il faisait était tellement complexe qu'il craignait faillir à sa tâche. Soïli adorait cela, avide de voir Sondheim trahir quelques soupçons d'humanité.

Mais très vite, ses paupières se mirent à papilloter sous l'effet de ces mouvements, brouillant sa vue dès que Gun recroquevillait ses doigts. Sa poitrine se gonflait en des spasmes d'appel d'air incontrôlables alors qu'il luttait pour garder les yeux sur l'azur et il n'eût d'autre choix que de détourner le regard afin de garder un semblant de raison. Ses muscles se tendaient de sensations, son esprit se brouillait de confusion et son souffle se perdait de plus en plus.

   — Regarde moi, soupira Günther en pressant ses lèvres sur sa tempe.

Soïli ne pouvait répondre. Alors il laissa tomber sa main sur l'épaule du sénior, voulant le repousser pour respirer un peu, mais ses doigts se crispèrent sur sa peau et il se mit à la déchirer plutôt. Sondheim souffla un court rire et cessa ses gestes, gardant le garçon sur sa faim. Ce dernier, épuisé, entrouvrit les yeux pour l'avuer qui tirait doucement un oreiller afin de le placer sous son bassin.

Ainsi surélevé, le dos courbé et les cheveux éparpillés sur le matelas, Soïli le laissa l'enlacer délicatement alors que ses bras à lui se faufilait autour de son buste pâle. Sondheim engouffra son visage dans le cou du junior lorsque ses doigts trouvèrent leur chemin dans ses boucles et s'alourdit silencieusement, de cette lenteur envahissante et appliquée.

Les lèvres de Soïli se pressaient sur la peau blanche, alors qu'une longue brise inspirée gonflait ses poumons. Cette sensation de plénitude totale lui valut plusieurs crispations qui furent retenues par les baisers de Sondheim sous sa mâchoire. Il se détendit donc, et leur étreinte put s'approfondir encore... et encore.

Rien n'aurait pu préparer Soïli à trouver tant d'amour dans cette chaleur nordique. Il s'accrochait à elle en suffoquant de concupiscence, ses doigts la griffant à de nombreuses reprises tant la consolation qu'il y trouvait le bouleversait de tout son être. Il se perdait totalement en elle, y trouvant une simulation d'une affection si sincère que l'ignorer lui était impossible.

Ce mal-être qui ne le quittait pas depuis la mort de son père, et bien encore avant aussi, se voyait fondre à chaque avancé. Plus que cela, il se sentait vivre, sentait que l'on le reconnaissait en tant que personne, qu'homme, plutôt que produit d'un quelconque désir de perfection ou d'une quelconque perversion lucrative. Il lâcha prise sur ses remords, sur ses peines et ce blâme constant qui le rongeait de l'intérieur. Sa chaire s'allégeait à chaque fois que celle de Sondheim pesait lentement — si lentement.

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