Chapitre 17 : Deux altercations, une seule conséquence

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Le 6 décembre 1986, soit cinq jours après le premier combat de Soïli Gessner, la deuxième moitié du club Wilson fut convoquée pour affronter Byrne, une des meilleurs écoles de combat d'Écosse. Ainsi, dix Juniors et cinq Séniors se mesurèrent de vingt-deux heure à minuit, jusqu'à ce que le club ayant le plus de victoires remportât cette manche.

Ce jour-là, ce fut une défaite pour Wilson à un combat près.

Pourtant, tout avait bien commencé ; Artieme, maître du combat esthétique, avait ouvert le bal en offrant un affront fidèle à ses capacités et particulièrement agréable à l'œil. Il possédait cette sorte de grâce qui liait tous ses mouvements de façon curviligne mais imprévisible et redoutable, une technique très calme lorsqu'il était question d'esquiver les coups et une précision presque parfaite.

Il en était ressorti victorieux mais bien amoché, et s'était reposé sur un des lits de l'infirmerie du Colisé. À vrai dire, grièvement blessé ou non, jamais un combattant sensé se refusait ces quelques minutes de sommeil supplémentaires.

Trois juniors après lui, Minam était entré dans l'octogone. Fidèle à sa personnalité joueuse, il n'avait cessé de trépigner sur place en attendant le coup de sifflet. Là, il s'était jeté sur son adversaire en lançant des attaques en apparence parfaitement aléatoires et incohérentes. Cependant, un expert du Taekwondo aurait pu affirmer qu'il y avait dans son style une subtilité au moins aussi complexe et sophistiquée que celle du Sicilien.

En cinq minutes environ, l'entraîneur de Byrne avait demandé le forfait et Minam était sorti de la cage pour se venter auprès des autres de sa victoire, s'amusant à imiter son affront de façon exagérément théâtrale et caricaturée.

Cependant, là où le sort avait tourné fut dans la deuxième moitié de la soirée. Byrne avait si bien anticipé la liste de Wilson qu'ils s'étaient arrangé pour «éliminer» ses meilleurs combattants en plaçant les moins bons de leur équipe contre eux, afin de pouvoir prendre l'avantage en gardant leurs champions pour plus tard.

Alors, les affrontements du jour furent extrêmement déséquilibré, penchant tantôt pour Wilson, tantôt pour Byrne, jusqu'à ce que ce dernier finît par prendre l'avantage grâce à sa stratégie.

Deux nuits plus tard, Soïli, Eli, Lucas et Artième sortaient du club afin de décompresser quelques heures.

   — On va marcher encore longtemps ou quelqu'un trouve une idée d'endroit où manger ? Demanda Lucas.

Avançant en bravant le froid pénétrant de la saison, le groupe errait, la faim au ventre. Ils ne s'étaient pas concertés sur la destination, se suivant les uns les autres en se préoccupant d'avantages de s'amuser à l'écoute des anecdotes de chacun.

   — Allons chez James. J'ai envie d'un fast-food, proposa Gessner.

Artième se tourna vers lui.

   — Demain c'est les pesées et si Aron remarque que t'as pas perdu autant qu'il voulait...

   — Qu'il aille se faire foutre, intervint Eli en glissant sa main sur la taille du benjamin. Ce taré veut qu'il ressemble à un squelette ou quoi ? Notre Sissy pourrait me rendre pédé rien qu'avec son corps !

Le Sicilien éclata de rire, se pliant en deux en continuant à marcher maladroitement. Soïli repoussa la main qui l'entraînait vers lui, en maintenant un visage presque impassible.

   — T'es vraiment taré, lacha-t-il.

   — Juste pour toi, bébé.

À ces mots, il se pencha vers lui pour tenter d'embrasser son cou mais Gessner le retint d'un revers de main, ce qui amusa la galerie.
Les Juniors se dirigèrent donc vers une enseigne bleue, jaune et rouge, de restauration rapide, en continuant à se chamailler gentiment. Au moment d'entrer, un quintette de jeunes hommes sortit en trombe, les bousculant grossièrement. Ils se retournèrent et se trouvèrent face à face avec des membres de Machler.

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