Chapitre 8

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— Allo.
— Princesse Faith.
Je ris.

— Je ne t'ai pas trop manqué?
— Je survis .
Il rit.

— Je n'ai trouvé personne pour appliquer la pommade.
— Vous avez déjà enlevé la minerve.
— Tutoie-moi princesse.
— Ce n'est pas une bonne idée.
— J'aimerais t'entendre, sans ce vouvoiement qui m'horripile.
Je ris.

— Lorenzo, tu harcèles tous les docteurs qui te suivent?
— Ça dépend s'il porte ou non des barrettes papillons.
Je souris.

— Mes barrettes t'ont tapé à l'œil.
— C'est toi tout entière qui m'a tapé à l'œil.
Je souris.

— Mes douleurs au pénis reprennent.
Je ris.

— Trop de travaux pratiques?
— Un petit coup de main de mon docteur ne serait pas de refus.
— Je suis sûr qu'à votre sortie, vous aurez le coup de main que vous souhaitez.
— Les autres ne m'intéressent pas.

Je suis prise au dépourvu. Je ne parle plus. La tournure de nos conversations est trop intimiste.

— Faith? Tu ne t'es pas évanouie?
— Non. Je vais vous laisser.

Je raccroche, un peu confuse. Il est trop charmant, il m'attire, ce n'est pas la meilleure chose à faire. J'ai déjà Betty qui est sans vouloir dans leur milieu.
Il faut que je garde les pieds sur terre, garde mes distances, je ne dois pas flancher. Je m'endors avec cette conversation dans la tête.

Le lendemain, j'ai rendez-vous avec ma meilleure amie Amy. Je la rejoins chez elle, on parle de tout.
Un mois que je ne l'ai pas vu, on rattrape ce mois en quelques heures. Je ne lui parle pas de Lorenzo, elle risque de ne pas comprendre mon attirance pour ce genre de type.
La conversation débouche sur mon apparence, elle me trouve trop enfantine avec mes barrettes. Elle est coiffeuse. Elle me pousse vers sa salle de bain et dépose son matériel. Je me laisse faire. Elle applique des produits décolorants.
Je finis avec des cheveux acajou, dégradés et raccourcis de plusieurs centimètres.
C'est très jolie. Elle finit par me mettre une barrette  papillons pour ma mèche courte. Je souris et la prend dans mes bras.

Je rentre chez moi. Betty est rentrée de son week-end, elle adore ma coiffure. Nous faisons à manger. Elle me parle de Stéfano, je ne peux m'empêcher d'être mal à l'aise. Je sens qu'elle s'éloigne de moi.

— Faith, quelque chose te dérange chez Stéfano? Ne me dis pas le contraire.
— Il n'est pas fait pour toi? Il fait partie d'un milieu dangereux.
— Il me l'a dit Faith. Ce week-end. Il avait sans doute peur que je l'apprenne par toi.
— Comment peux-tu accepter de rester avec lui? Il a du sang et bien plus sur les mains.
— Je ne veux pas penser à ça. Je vis la relation au jour le jour.
— Bien. Je suis soulagée que tu saches où tu mets les pieds.

Je ne suis pas du tout soulagée, savoir qu'elle le sait et qu'elle l'accepte est encore plus aberrant. Je tente de ne pas empiéter sur sa vie intime, je ne suis pas la meilleure pour le faire. Je suis attirée par le patron de son petit ami, je me sens si mal, en désaccord avec mes valeurs. Nous n'avons plus parlé de son petit ami, je préfère ne pas envenimer les choses. Je reste cependant sur mes gardes, elle finira par ouvrir les yeux. Nous partons dans quatre mois, la distance finira par les séparer à mon grand soulagement.

Le lendemain, je franchis la porte métallique avec ce bruit que je déteste tant. Plus que quelques mois, et je serais au soleil avec mes parents et ma soeur.

Je fais le tour de mes patients avec mon collègue.
Un détenu est blessé à la cuisse . Je suture et panse la blessure. Il restera en surveillance jusqu'au lendemain. Je vois le nom de Lorenzo, je ne devais pas le consulter aujourd'hui.

Prison HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant