Chapitre 12

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Un mois s'est écoulé depuis ce moment torride dans la réserve. C'est mon collègue qui fait son suivis à la demande de Lorenzo, je n'ai rien vu venir.

J'ai essayé de lui parler, mais il a refusé, je me suis remise en question. Il n'a pas ressenti la même chose. J'ai appris que mon voisin violent a été tué par d'autres détenus. Je sais d'où est venu l'ordre, Lorenzo n'est pas un enfant de chœur.

La voisine m'a interpellé, elle me reproche d'avoir été la cause du décès de son petit ami. Je suis restée abasourdie par ses accusations. Elle a déménagé. Ça ne changera rien, je continuerai d'aider n'importe quelle personne qui appelle a l'aide. C'est l'éducation que mon père médecin m'a inculquée. La médecine est une vocation. La charge émotionnelle est grande, mais le plaisir de sauver des vies dépasse de loin les aspects ​négatifs.

Dans environ deux mois, je m'envole en Italie pour changer de vie. Nous avons mis l'appartement en vente, Betty vit  quasiment chez Stéfano. Elle me manque, mais je ne lui dis pas.

Je dois revoir Lorenzo. Je remplace mon collègue qui est malade. J'appréhende de le revoir.
Je ne sais pas comment me comporter avec lui, on a partagé un moment intime. Après ça, il m'a rejeté sans explications.
Le soir, je refais ma couleur à la hâte, les racines noires ont repoussées. Je n'ai pas besoin de m'épiler, j'ai traité tous mes poils au laser. Je suis tranquille de ce côté-là. Je lisse mes cheveux.

Au travail, je soigne mes patients et ceux de mon collègue. Mon travail est double, je cours dans tous les sens. Les infirmiers m'aident du mieux qu'ils peuvent. La vieille, il y a eu une bagarre générale, il y a beaucoup de blessures légères.

C'est autour de Lorenzo.
Quand j'arrive,  il a la lèvre fendue et l'arcade sourcilière en sang. Je comprends qu'il s'est aussi battu. Je prends du coton et le désinfectant le plus fort. Je pose le coton sur l'arcade, aucune réaction. Il a une bonne tolérance à la douleur. Il fixe un point devant lui , il ne me regarde pas. Je ne comprends pas. Je finis de le désinfecter, et lui place des strips pour son arcade.

— Tu peux enlever ton t-shirt?

Il le fait. Je vérifie son coeur, ses poumons, sa tension est légèrement élevée. Je la reprends au bout d'une trentaine de minutes au repos, elle est dans la norme.

— Mis à part ta tension qui est un peu élevée, tout est normal.
— Bien. Merci.

Il se lève, enfile son t-shirt et quitte le box. Le soir, je dîne au restaurant avec Stéfano et Betty. Betty a quelque chose à m'annoncer.

Nous sommes au restaurant. Nos plats arrivent, je sens que Betty est stressée, je m'attends au pire.

— Faith, tu dois te demander qu'est-ce que je vais t'annoncer?
— Oui.
— Vois-tu avec Stéfano, on s'aime?
— D'accord.
— Il m'a demandé ma main et j'ai accepté.

Ma tête se décompose. Impossible de faire semblant. Je suis abasourdie par son annonce. Stéfano est tendue.

— Tu te moques de moi Betty?

Son sourire s'efface.

— Tu vas pas faire ça. Que tu passes du bon temps avec ce genre d'homme, je peux l'accepter, mais l'épouser, c'est une blague?

Je quitte la table et sors devant la devanture du restaurant. Elle me rejoint.

— Faith, je pensais que tu serais heureuse pour moi.

— Heureuse, que tu te maries avec un mafieux? Tu vis sur quelle planète? Tu veux avoir des enfants dans cet environnement, de meurtre, de trafics?

— Je vis au jour le jour ma relation. Je l'aime et c'est réciproque. Tu es juste choquée par l'annonce. Mais je sais que tu finiras par comprendre.
— Désolée, mais ça n'arrivera pas.

Je quitte le restaurant et je rentre à l'appartement encore perturbée par son annonce. Elle va gâcher sa vie avec un homme dangereux . J'ai du mal à comprendre ce qu'elle peut aimer chez ce genre d'homme. Elle n'est pas rentrée de la nuit, je ne suis pas prête à me confronter à elle. Habituellement, elle est la plus réfléchie de nous deux, l'aînée prend des décisions raisonnables.

Je pars au travail, pas au meilleur de moi-même, je fais les choses machinalement. J'ai du mal à me concentrer . Je ne peux pas accepter que ma sœur gâche sa vie. Je demande au gardien de m'emmener à la cellule de Lorenzo. Il peut peut-être m'aider.

J'arrive devant son bloc, rien de comparable aux autres. Il n'y a que quatre cellules dans son étage, le couloir est spacieux et lumineux. Il y a un garde pour les quatre cellules. Les personnes fortunées sont avantagées même en prison.

J'arrive devant sa cellule, sa porte est ouverte.

Prison HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant