Chapitre 47

12.9K 991 19
                                    

Le lendemain, à peine réveillée, le téléphone sonne de nouveau, mais cette fois, je décroche.

— Qu'est-ce que tu veux Lorenzo?
— Avant, c'était « mon amour ».
— Les choses ont changé. J'aimerais pouvoir vivre en paix.
— Et que je disparaisse de ta vie et de celle d ' Enzo?
— Non, tu resteras son père, je ne pourrais rien y faire.
— Ce n'est pas ce que tu disais quand mes mains parcouraient ton corps.

Je reste silencieuse, je ne peux pas le contredire, il est le seul à me faire ressentir des choses aussi fortes. Si la situation était différente, peut-être que je serais encore à ses côtés. Mais des souvenirs douloureux envahissent mon esprit, je souffle lourdement.

— On aurait pu être une vraie famille cara.
— Pas dans ces conditions.
— Laisse-moi une chance.
J'éclate en sanglots.

— Je suis désolée, mais je ne peux pas.
— Ça n'arrivera plus. Je t'en fais la promesse amore.
— Non, je ne veux plus prendre ce risque.
Je raccroche.

Je rejoins Betty chez elle, elle m'ouvre habillée en pyjama, ses cheveux sont emmêlés, ses yeux cernés. Je lui fais couler un bain, en attendant, je range son appartement qui est en pagaie, son fils est à l'école. J'ai embauché une voisine à elle pour l'emmener à l'école et lui déposer. Une fois la douche terminée, je lui brosse les yeux et tente de lui redonner une apparence correcte.

— Betty, ça ne peut plus continuer comme ça. Pense à ton fils.

Une larme coule sur son visage, ça me fend le cœur, j'ai tout essayé avec nos parents pour lui redonner le goût à la vie. Mais forcée de constater qu'il n'y aucune évolution, elle sombre de plus en plus et délaisse son fils.

— Ne m'en veux pas Betty, mais cette fois, il faut que tu te fasses aider.
— Laisse-moi du temps. Ça ira mieux. Je te le promets.
— Non, ça ne va pas mieux. Ton fils joue dans des détritus, je ne peux plus fermer les yeux.
— C'est ta faute tout ça! Il ne m'a épousé que pour t'atteindre.
— S'il te plait Betty, ne fais pas ça. Je t'aime et c'est pour ton bien.

J'appelle un centre spécialisé et je programme une hospitalisation d'office. Les choses ne sont pas améliorées en un an. J'appelle mes parents, ils vont venir chez moi et s'occuper de son fils en attendant qu'elle aille mieux. Le reste de la journée, je prépare ses affaires et celles de son fils Alejandro. Je suis envahie de remords, j'aurais aimé le faire plutôt.

Je me rends devant son école, la maîtresse me parle des problèmes de comportement d'Alejandro, je n'écoute que d'une oreille, elle ne sait pas ce que ce petit garçon a vécu et vit au quotidien. Je me dirige vers une enseigne de glace et lui commande son parfum préféré.

— Est-ce qu'on peut discuter chéri?
Il hoche positivement la tête.

— Ta maman est malade. Elle ne va pas très bien, elle a besoin qu'on l'aide.
— Je veux l'aider.
— Je sais chéri, mais elle va aller se reposer dans une maison, où des personnes vont la guérir.
— Tu es docteur tata, tu ne peux pas l'aider?
— Si j'ai essayé, mais tata est dépassée.
— D'accord.

Je le prends dans mes bras, il semble manquer cruellement d'affection, ce qui peut expliquer ses problèmes de comportements à l'école.
J'accompagne Betty au centre médicalisé avec son fils, les adieux sont déchirants. Mais au fond, elle sait que c'est la meilleure chose à faire pour elle et son fils. On passe récupérer Enzo, mais je me sens épiée, comme il y a quelques mois, je regagne à vive allure la voiture et je démarre en trombe. Je fais plusieurs tours dans les ronds-points, je ne veux pas que ce cauchemar recommence. Je tente de faire bonne figure devant les enfants, de ne pas les inquiéter.
En arrivant à la maison, j'ai un mauvais réflexe, j'appelle Lorenzo, pour tenter de savoir s'il n'a pas mis des hommes pour ma surveillance.

— Est-ce que c'est toi?
— Moi quoi cara?
— Tu me fais suivre?
— Quoi? Quand ?
— En récupérant Enzo à la garderie.
— Ne bouge pas, j'arrive.

Une vingtaine de minutes plus tard, il sonne à ma porte, j'ai envoyé les enfants jouer dans la salle de jeux.

— Ça recommence Lorenzo. Je ne pourrais pas.
— Calme-toi! Je t'ai fait une promesse, ça n'arrivera plus. Je vais découvrir qui se cache derrière ça.

J'éclate en sanglot, envahie par ses souvenirs douloureux. Ma respiration est saccadée, des tremblements se répandent dans tout mon corps. Il m'attire à lui et me prend dans ses bras.

Prison HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant