ERGA OMNES - PLK

Chapitre 3

Vendredi 1er octobre 2021

Cela faisait quinze minutes que mon regard était fixé sur ce petit carré de papier, je l'ai décollé de la pochette pour le poser en bas de mon écran d'ordinateur. Je n'arrivais pas à définir si cette attention était gentille ou si c'était uniquement pour se moquer de moi. Pauvre petite Lola au centre de l'attention qui ne supporte pas les photos, mais le gentil Mathieu lui adresse un petit cadeau et elle se sent tout de suite mieux.

Finalement cela m'agaça plus qu'au chose, je récupérais les photos étalées sur mon ordinateur et les jeta à la poubelle. Je pris mon ordi dans mon sac, j'ai ajouté quelques dossiers et je décida de rentrer travailler chez moi.

A peine le pied dehors une femme fonce sur moi avec son téléphone à la main :

- Lola ! Lola ! Une question s'il vous plait !! Est-ce vrai que vous entretenez une relation libre avec PLK ?

- Je ne souhaite pas vous parler. Ne me filmez pas !

Je pris la première chose qui me venais sous la main pour cacher mon visage, et je me retrouvais avec la pochette offerte par Pruski devant moi pour me mettre à l'abri de l'objectif et des questions de l'intruse en face de moi et je me précipitais dans la bouche de métro la plus proche. Mais quel enfer !

La foule du métro me rassura et lorsque les portes de la rame se refermèrent je pû enfin arrêter de retenir mon souffle. Le métro me libéra à quelques mètres de mon appartement, j'étais juste devant la belle porte en bois lorsque mon téléphone sonna.

- Salut belle gosse, on va boire un verre ce soir ? Je pense que tu en as bien besoin.

Je souris immédiatement en entendant la voix de ma meilleure amie au téléphone, mon stress redescendait alors de trois étages.

- Noah ! Tu es le putain de rayon de soleil de ma journée. On va où ?

- Il y a un nouveau bar à côté de chez moi, on sera des inconnues là-bas et c'est sélect, donc on sera tranquille. Je t'envoie l'adresse. Pas besoin de mettre une perruque pour sortir tu seras pas sur les réseaux sociaux demain bichette.

- Te moque pas de moi j'ai rien demandé.

J'arrivais dans mon appartement et je remarquais ma sœur installée sur le canapé avec ses cours, d'un regard elle comprit qu'elle ne devait pas me poser de question et c'était avec une faible motivation que j'allumais mon ordinateur sur la table pour finir ma journée de travail.

J'allumais une dernière fois mon téléphone pour voir un message de mon père « bon courage ma chérie, si tu as besoin tu m'appelles ou tu passes à la maison. Je t'aime ». Mon deuxième rayon de soleil de la journée.

***

- Bordel Noah il y a un peuple dans ce bar ! Criais-je à ma meilleure amie.

- Vas-y avance !

- Je pensais que c'était sélect ! Tentais-je.

- Ca l'est, t'as que du beau monde ici.

Sa main ornée de bagues en tout genre se saisissait de mon poignet afin de me tirer vers le bar. L'endroit était saturée de monde et de musique, je remarquais rapidement qu'il n'y a plus aucune place assise et que nous étions arrivées trop tard. Noah se pencha sur le bar pour parler au barman et commander nos boissons, avec sa grande taille et ses cheveux de feu, tout le monde la remarquait sans difficulté.

J'arrivais à son niveau et m'accoudais enfin au meuble déjà bien collant. Le bar est petit mais sa décoration bois et métal nous donnait presque l'impression de retourner à la prohibition. Des whiskys dans des carafes en verre derrière le barman poussaient même le détail de la décoration de la vieille époque américaine.

Je récupéra mon cocktail et trinqua avec mon amie en criant. La pression de la journée descendait enfin et je pouvais enfin respirer et m'amuser. Le premier verre descendu, le barman nous offrit deux shots, puis deux autres.

Je rigolais fort et grimaçais lorsque le liquide brulait le fonds de ma gorge. Plus rien n'existait autour lorsque nous dansions sur la musique. Je ne remarquais rien mise à part une sensation d'être regardée et qui ne me quittait pas depuis plusieurs minutes. Alors que Noah me lâcha la main, mon regard se fit captiver par deux yeux foncés dans le fond de la pièce. Je mis plusieurs secondes avant de faire la connexion. J'avais déjà vu ce regard, quand ? Ce matin ? Non cette nuit. Il était là, assis dans un fauteuil en cuir, un verre de whisky à la main, un groupe tout autour de lui en pleine discussion qu'il n'écoutait pas. Il était comme moi, figé au milieu de l'espace-temps, Mathieu Pruski.

Ce n'était pas la première fois que je croisais un client en dehors du cadre du travail, mais en croiser un qui a fait couler de l'encre à mon sujet en si peu de temps c'était une première. L'alcool avait quitté mon corps en quelques secondes et c'est Noah qui me ramena à la réalité et brise le contact visuel.

- T'as vu un fantôme ou quoi blondie ?

- Nan tout va bien, je passe un coup aux toilettes, j'arrive !

Elle n'avait rien vu et tant mieux. Je reprenais enfin possession de mes membres pour me rendre aux toilettes. La petite pièce était déserte et lorsque la porte se ferma, la musique semblait lointaine, seules les basses semblaient traverser le béton. Une petite fenêtre ouverte à barreaux laissait entrer l'air frais et vivifiant de l'extérieur.

Je me posa devant le lavabo afin de faire couler un peu d'eau froide. Finalement boire des shots sans manger n'était pas une bonne idée, le sol ne me semblait pas très stable. Je fermais les yeux pour me concentrer et remettre mon cerveau en état de marche.

- Maître Charbonnier.

Sa voix rauque me surprit et me sortait de ma rêverie. J'ouvris les yeux et croisa son regard dans le miroir, je ne l'ai même pas entendu entrer. Il était adossé contre une cabine de toilettes, il tenait dans sa main, qui portait encore les stigmates de sa bagarre de la nuit dernière, son paquet de cigarette, il en sortit une de la boite sans me regarder et l'alluma immédiatement, le fait d'être dans un endroit fermé ne semblait pas lui poser de difficulté.

- Monsieur Pruski, étonnant de vous croiser ici.

- Pourquoi étonnant ?

- Se faire arrêter pour avoir frappé un agent de sécurité à la sortie d'un bar la nuit dernière et revenir dans un autre ce soir, vous n'avez pas prévu de vous battre à nouveau ? Demandais-je un brin moqueur.

- Si je frappe à nouveau un connard j'aurai déjà mon avocate, pas besoin de la faire venir au milieu de la nuit.

Je me retournais pour être face à lui et je me mis à rigoler et il se joingit à moi. Seule la musique du bar tapant contre le mur se faisait entendre, il fumait tranquillement sa cigarette tout en regardant à travers la fenêtre.

- Lola !

Noah entra en furie dans les toilettes et s'arrêta net lorsqu'elle me vit en compagnie de mon client du jour. Elle le détailla de haut en bas avant de se reconcentrer sur moi.

- Je dérange ? Demanda-t-elle avec un sourire.

- Nan Noah, on va rentrer.

Je me tourne ensuite vers le blondinet en face de moi.

- Bonne soirée, Monsieur Pruski.

- Bonne soirée Maître Charbonnier.

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Nouveau chapitre et nouvelle rencontre entre nos deux protagonistes.

Chloé ❤