ERGA OMNES - PLK

Chapitre 47

Mardi 17 mai 2022

Je me réveillai avec un forte odeur de cigarette, j'ouvris difficilement les yeux alors que la lumière commençait à envahir la pièce. Je mis plusieurs secondes avant de réaliser que je n'étais pas dans mon lit mais bel et bien dans celui de Mathieu.

Je me retournais vivement pour tomber sur le blondinet adossé à la tête de lit, torse nu, le cendrier dans une main, cigarette dans l'autre.

- Je te dérange pas de fumer à l'intérieur ? Lui dis-je en éclaircissant ma voix.

- Je te dérange pas de dormir dans mon pieu avec mes fringues ?

- Je voulais être à l'aise, ça va, t'as dormi avec moi la nuit dernière.

- Ça va ton épaule ? Demanda-t-il en expirant sa fumée.

Je me redressais et touchais mon épaule meurtrie, la douleur était encore présente mais supportable. J'imaginais le bleu que je devais avoir dans le dos et qui allait mettre du temps à se résorber.

- C'est un peu mieux.

- T'as pas mis de crème hier, enlève ton haut je vais t'en mettre.

Le rouge me monta aux joues en une demie seconde.

- Nan c'est bon je vais demander à Noah de...

- Fait pas ta prude, je t'ai vu à poil plus d'une fois.

Il ne me laissa pas le temps de répondre et sauta du lit, posa son cendrier par terre et entra dans ma chambre, en face de la sienne, comme s'il était chez lui. Il revint une minute plus tard avec la crème. Je ne me rappelais pas avoir remonté mon sac de pharmacie hier, juste de l'avoir donné à Antoine en sortant de la voiture. Si mon sac était là, cela signifiait que Flav' était entré dans ma chambre et avait vu que je n'y avait pas passé la nuit. J'imaginais déjà son regard bourré de sous-entendu au petit déjeuner. J'étais blasée d'avance.

Mathieu claqua la porte derrière lui, me tirant de ma rêverie. Il grimpa sur le lit et je me mis dos à lui, ce n'était pas la peine de contester sa bonne volonté. Il allait dans tous les cas avoir gain de cause, autant profiter de son excès de gentillesse avant de me prendre une nouvelle pique de sa part.

Je fis glisser mon bras douloureux dans la manche large, puis ma tête et je posai le coton sur ma poitrine dénudée, mal à l'aise. J'entendais Mathieu souffler derrière face à ma pudeur. Il posa sa main sur ma peau et la palpa légèrement jusqu'à me faire grimacer.

- Désolé, je mets de la crème ici. Murmura-t-il d'une voix grave.

- Il y a un bleu ? Demandais-je nerveusement.

- Ouais mais t'inquiète ça va partir.

- Tes égratignures c'est comment ?

- Ca sèche, c'est quasiment rien. Lui dis-je en regardant mes paumes griffées.

La crème, glacée, me procura un frisson. Le blondinet posa sa main sur mon autre épaule, à la limite de mon cou, pour maintenir la pression de ses doigts qui délicatement faisait pénétrer la crème dans mon épiderme. La sensation était agréable, j'aimais la douceur qu'il mettait dans ses gestes, je sentais sa concentration pour ne pas me faire mal. J'avais envie que cela dure pendant des heures.

Une fois la crème bien étalée, il renouvela l'opération une seconde fois.

- Je vais te mettre de la crème là aussi, me dit-il en posant un doigt sur le magnifique suçon dans mon cou.