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- PLK ! PLK ! PLK !

Le bruit de la foule m'assourdissait, résonnant comme un bruit sourd depuis les loges. Je regardais Mathieu installé devant le miroir, le regard noir figé dans son reflet, les doigts crispés sur les accoudoirs, une clope vissée entre deux phalanges.

Je lisais son stress dans ses traits, sa respiration lente alors qu'il essayait de contrôler ses sentiments. Le coiffeur juste derrière lui se contorsionnait pour raser les petits cheveux qui avaient poussés dans sa nuque. Son blond flamboyant venait de faire à nouveau son apparition sur son crâne, cela faisait plusieurs mois que je ne l'avais pas vu avec sa décoloration habituelle.

Je restais en retrait, il fallait que je le laisse parler en premier. Si je le déconcentrais et qu'il tombait sur scène il allait dire que c'était de ma faute, alors qu'il lui suffisait d'enlever ses lunettes de soleil.

Il se redressait enfin, récupérait ses chaines sur le plan de travail et s'approchait de moi. Il me tendit ses chaines et se tourna afin que je lui accroche autour de son cou. C'était notre petit rituel, tous les matins depuis qu'il était sorti de prison, j'accrochais ses chaines autour de son cou. Souriant en observant son coup de soleil dans sa nuque, qui persistait malgré notre retour sur la capitale.

Déjà deux ans.

Deux ans depuis qu'il était sorti de cet enfer et que l'on ne se quittait plus. La musique a redécollé dès sa sortie, j'ai lâché mon petit taf pour être carrément embauchée dans sa société, c'était presque risible car à part être avec lui dans sa loge et être son soutien moral je ne faisais pas grand-chose. Mais j'étais là, avec lui et c'était le principal et je n'avais pas besoin de plus. Ses potes étaient devenus mes amis et j'avais fait une croix sur toutes les personnes qui étaient autour de moi pendant l'affaire.

Ma meilleure amie Noah avait pris son envol pour l'Amérique latine et à part quelques sms nous n'avions quasiment plus de contact. Quant à ma petite sœur, Julia, elle s'était trouvée un copain en Italie et je ne la voyais plus que deux fois par an. Mathieu était devenu ma seule famille et je faisais maintenant intégralement partie de sa famille, littéralement.

- Est-ce que Madame Pruski veut bien m'accompagner jusqu'à la scène ? Demanda-t-il en souriant.

Madame Pruski...

Cela faisait deux mois que je portais son nom et c'était toujours aussi doux à mes oreilles. On s'était marié en secret, toute petite cérémonie avec une dizaine de personnes et un voyage de noce d'un mois aux Maldives. Si tous m'avaient craché à la gueule d'avoir couru après lui, de l'avoir défendu, de lui avoir pardonné toute sa violence et tout le chao qu'il avait provoqué dans ma vie, aujourd'hui je leur prouvais que c'était lui le bon, et personne d'autre.

Il m'avait fait sa demande peu de temps après sa sortie de prison, justifiant qu'il n'avait que ça pour prouver tout l'amour qu'il me portait.

- Je vous accompagne Monsieur Pruski.

Il termina sa clope qu'il jeta dans la poubelle et me prit la main jusqu'à la scène ou le grondement de la foule était de plus en plus fort. Les techniciens s'approchaient de lui pour lui installer le micro et les monitors dans les oreilles.

La popularité de Mathieu visait les sommets, chacun de ses projets devenaient numéro 1 pendant plusieurs semaines, les concerts étaient complets en quelques minutes, il avait même une petite renommée internationale.

Il s'arrêta juste avant de faire son entrée, la première partie était terminée depuis dix minutes et il était maintenant temps de donner à la foule ce pour quoi ils étaient venus. Je jetais un coup d'œil aux fans, vingt mille personnes avaient fait le déplacement ce soir, le même nombre qu'hier. Cela me provoquait des frissons de voir ce monde scander le patronyme de l'homme qui partageait ma vie depuis presque quatre ans.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant