EPILOGUE

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Lundi 27 novembre 2023

Dix-huit mois s'étaient écoulés depuis l'agression. Le juge n'avait pas été tendre avec Mathieu, il était en sursis et était passé directement par la case prison sans même voir sa famille une dernière fois. Il avait plaidé coupable, Damien l'avait représenté personnellement dans cette affaire.

Brice avait passé quinze jours à l'hôpital, fracture de la mâchoire, du nez, des côtes... La rééducation avait été laborieuse.

Le fait qu'il avait cambriolé mon appartement avait joué en la faveur de Mathieu lors du procès, mais la légitime défense n'avait pas été retenue. Evidemment, les coups avaient été trop forts pour que ce soit une réponse proportionnée.

A l'arrivée de la police, j'avais été également emmenée, première fois pour moi d'être menottée et emmenée au poste de police, je m'étais retrouvée pour la première fois de ma vie du mauvais côté de la table. Le polonais avait évidemment crié mon innocence et j'avais été relâchée rapidement, aucune charge n'avait été retenue contre moi. Brice avait corroboré cette version, laissant mon casier judiciaire vierge mais les poignets égratignés et le cœur brisé.

Malgré les plans de Mathieu, j'avais passé mon anniversaire seule, celui d'après également et il n'y avait pas eu de tournée pendant deux ans. Antoine et lui avaient prévu le coup, lors du premier procès, et Mathieu avait enregistré bon nombre de sons, un album avait donc vu le jour pendant qu'il était à l'ombre, maintenant sa côte de popularité au plus haut, sans être obligé de licencier personne de sa société.

A cause de cette histoire j'avais perdu mon emploi et personne n'avait jamais voulu m'embaucher par la suite, adieu la belle carrière d'avocat de Maître Charbonnier. J'avais trouvé un poste d'aide juridictionnelle dans une association d'aide à la jeunesse, j'étais plus proche des gens, moins de l'argent, et cela me convenait mieux. Avec la vente de mon appartement, j'avais pu louer un logement plus petit en banlieue. Je ne pouvais pas voir la trace du sang de mon ex sur le sol, c'était aussi la preuve de la violence du rappeur, et je ne supportais pas d'être tous les jours face à ce que j'avais engendré.

La mère de Julia avait refusé que je reste avec elle, malgré sa majorité, elle n'avait pas pu se résoudre à perdre le dernier lien qu'elle avait avec sa génitrice, elle avait pris un appartement avec Elyo, je les voyais régulièrement.

Noah et Rayan s'étaient séparés lors de la fausse couche de Noah il y a six mois, leur couple ne s'était pas relevé de cette épreuve terrible. J'avais passé beaucoup de soirée avec Noah, à manger de la crème glacée en repensant à nos folles années où on sortait tous les soirs. A notre rencontre avec Pruski et la bande. Une rencontre qui avait changé nos vies à tout jamais.

Mon père avait été d'un soutien indéfectible, il savait que sans Brice, toute cette histoire ne serait jamais arrivée, il fallait malheureusement en passer par là. On courait à notre perte et il l'avait vu dès qu'il avait rencontré Mathieu le jour de Noël 2021, c'était il y a une éternité...

Quant à Mathieu, j'étais allée le voir toutes les semaines, au début il refusait que je vienne, il disait que ce n'était pas ma place, il ne voulait pas que je côtoie les autres femmes des détenus, et surtout que je le vois au plus bas. Puis au fur et à mesure, après des longues discussions et des lettres échangées, une routine s'était installée et son regard s'illuminait lorsqu'il me voyait entrer dans le parloir. Ses cheveux bruns avaient pris le dessus sur la décoloration et rapidement un nouvel homme était apparu en face de moi. Nous n'avions pas le droit de nous toucher et c'était un véritable supplice, je rêvais toutes les nuits de le serer dans mes bras et de l'embrasser. Il ne s'était jamais laissé aller, il serrait les dents pour obtenir une remise de peine pour bonne conduite et au lieu des deux ans et demi que lui avait donné le juge, il avait pu sortir au bout de dix-huit mois.

J'étais aujourd'hui en face de cette immense porte en métal gris, rouillée à bien des endroits. Le froid me mordait les joues, j'avais les mains glacées et le cœur bouillonnant. Ma veste remontée jusqu'à mes oreilles, la capuche sur la tête, j'espérais que personne ne me reconnaisse. La date de libération de Mathieu n'avait pas été communiquée à la presse.

La presse... Evidemment cette histoire avait fait grand bruit, il avait fait l'objet de la une des journaux pendant des semaines. J'avais vu mon visage affiché partout, les quelques photos de nous, volées ou non, avaient été diffusées partout sur internet et tout le monde y allait de son petit commentaire. On nous avait surnommé tantôt les Roméo et Juliette tantôt les Bonnie et Clyde.

Notre vie avait été décryptée, analysée, remaniée, romancée. J'étais passée pour la manipulatrice, Noémie était revenue sur le devant de la scène pour expliquer ce qu'il s'était passé avec Victor. Tout avait été dévoilé. La vidéo porno avec le vautour avait fuitée sur une site pornographique, surement cet enfoiré de Saïd qui avait regardé la séquence avec Rayan... Tout ce qui aurait dû être caché avait été dévoilé au monde entier.

J'avais passé des jours enfermés chez moi, couverte de honte, tout le monde m'avait vu dans mon plus simple appareil. Je l'avais appris du gardien lorsque j'étais retournée rendre visite à Mathieu, la vidéo avait même traversée les murs épais de la prison et il avait réussi à garder son calme et ne pas frapper tous les détenus. Il avait réussi également à traverser cette épreuve.

La grille s'ouvra en face de moi, et je vis, encadré par deux gardiens, Mathieu Pruski. Mise à part les cheveux bruns, il était tel que le jour où on était descendu de l'aéroport à notre retour de Corse. Je le voyais toutes les semaines, mais aujourd'hui je voyais un homme libre.

Il souriait lorsqu'il me vit, et avant même que je puisse prononcer un mot il m'embrassa comme si c'était la première fois qu'il posait ses lèvres sur les miennes et j'avais l'impression de remonter le temps. J'avais l'impression de retrouver le premier baiser qu'il m'avait donné dans ma chambre un soir de novembre 2021. Je me revoyais enfermée dans les toilettes du bar avec lui lorsqu'il essayait d'échapper à Noémie lorsque son regard s'était encré dans le mien pour toujours.

J'avais succombé et je n'avais pas réussi à lui résister, pas une seule seconde. J'étais totalement tombée sous son charme.

- On se barre en Amérique ? Murmura-t-il en plongeant son regard brun dans le mien.

A l'égard de tous, putain d'erga omnes...

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Au début cette histoire avait une vue, puis deux, pour stagner à 100/150 lectures pendant un moment et j'avais hésité à continuer. Grâce à vous, cette histoire n'a jamais quitté le top 10 de la catégorie "PLK" et aujourd'hui on comptabilise plus de 30k de lectures.

Alors MERCI 🔥🌟

Une petite mention spéciale à GuerirNicolas qui a énormément commenté cette fiction, qui m'a fait tellement rire et remettre en question des éléments que je n'avais pas imaginé au départ, merci.

Si jamais vous êtes déjà nostalgique de cette histoire, je vous invite à aller lire ma nouvelle fiction avec PLK "Cigarette" que vous trouverez sur mon profil.

A bientôt

Chloé

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant