Chapitre 46

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Lundi 16 mai 2022

- Bon rien de cassé ! Révéla le médecin en arrivant dans la pièce avec une radio dans la main.

J'étais assise sur la table d'osculation, Mathieu dans un coin de la pièce adossé au mur, scrutait le moindre mouvement du docteur, portable en main, il donnait minute par minute des nouvelles à nos amis restés à la villa.

- Une grosse contusion, de la crème, du repos, et vous gardez le bras en écharpe un jour ou deux et on n'en parle plus.

Le médecin me donna ma radio avec un ordonnance et nous reconduisit à la porte. Mathieu posa sa main dans le bas de mon dos alors que je saluais l'homme en blouse blanche en face de moi.

- T'es pas obligé d'être ultra protecteur avec moi Polak je risque rien.

- Je sais, mais j'aime pas le regard de ce connard sur toi.

- Rien que le fait que l'on soit venu ensemble, il pense que tu es mon mec, pas besoin d'en rajouter. On doit passer à la pharmacie avant de partir. Lui indiquais-je en pointant la croix verte du doigt.

Mathieu ne rajouta rien et se contenta de remettre sa casquette sur sa tête et de chausser ses lunettes de soleil sur son nez. Il ne voulait surtout pas être reconnu dans cet endroit qui brassait autant de personnes, n'importe qui pouvait nous prendre en photo. Une fois mon bras en écharpe, si une photo de nous fuitait, les rumeurs iraient plus vite qu'un avion de l'armée.

Le blondinet recommença son cinéma de la main de le bas du dos alors que le pharmacien me donnait mes cachets et mon bandage. Le pharmacien ne cessait de jeter des coups d'œil à la personne qui m'accompagnait, me rendant extrêmement mal à l'aise. Il me tendit le sac en papier estampillé du caducée mais le polonais fut plus rapide et s'en saisi le premier en marmonnant un sorte de merci. Je levais les yeux au ciel en marchant à ses côtés.

- Arrête ton comportement tout de suite. Lui demandais-je en claquant la portière de la voiture.

- Je supporte pas comment ils te regardent là.

- Ne fait pas ton jaloux avec moi je supporterai pas. Soufflais-je en regardant le paysage défilé.

- J'aurais dû casser la gueule à ce fils de pute. Rumina-t-il.

- Mais c'est quand que tu vas te calmer enfin ? Tu te bats avec tout le monde à cause de moi. Victor, Brice, Rayan, le cycliste, et t'étais à deux doigts d'écorcher vif le toubib et le pharmacien. Va falloir régler ton problème d'impulsivité.

Il freina d'un coup je ne l'avais pas vu venir, la ceinture me cisailla la poitrine et mon souffle se coupa, accentuant la douleur à mon épaule qui me fit lâcher un petit cri de stupeur.

- Et moi j'ai deux choses à te dire sur mon impulsivité, commença-t-il en se tournant vers moi, si tu faisais pas autant de conneries je n'aurais jamais eu besoin de sortir les poings.

- Mais je t'ai jamais rien demandé ! On a déjà eu cette conversation des dizaines de fois, je vais te dire que toi aussi tu fais des conneries et que si tu avais eu confiance en moi, tu n'aurais pas joué au menteur et manipulateur, tu ne m'aurais pas arraché le cœur pour le piétiner comme un connard, et on ne serait pas là en train de se crier dessus, alors lâche-moi un peu du leste que je puisse au moins respirer.

Je croisais les bras et tourna la tête pour regarder par la fenêtre. Mathieu n'avait toujours pas démarré, par conséquent mon intérêt visuel pour l'extérieur était assez limité.

Cela fait bien cinq minutes que le silence régnait dans l'habitacle. Les voitures nous doublaient en klaxonnant mais mon chauffeur n'avait pas l'intention de bouger, ses doigts étaient crispés sur le volant, même la musique de la radio avait compris qu'elle devait se taire pour ne pas accentuer la colère qui coulait dans les veines du rappeur.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant