Chapitre 27

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Mercredi 2 février 2022

Je n'avais pas dormi de la nuit, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps, puis lorsque la douleur me déchira en revivant ses paroles, je terminais dans les toilettes à vomir de la bile et de la salive. Je n'arrivais pas à me sortir son regard dur, ses paroles tranchantes. J'avais changé ? J'étais devenue une connasse d'avoir filmé Victor et Noémie ? Ce n'était pas glorieux c'était vrai, mais est-ce que cela faisait de moi une personne différente ? Une partie de moi avait peut-être apprécié les surprendre mais je voulais surtout sauver ma peau. J'avais toujours eu de la noirceur en moi, depuis toute petite je me demandais pourquoi j'avais été abandonné par ma mère, est-ce qu'elle ne m'aimait pas ? Est-ce que j'avais été méchante ? Puis avec Brice c'était les mêmes questions, qu'est-ce que j'avais fait pour mériter qu'il me frappe ? Même si j'avais enfermé toutes ces douleurs au plus profond de moi-même je savais que cela faisait de moi quelqu'un de différent et qui ne prenait pas toujours les bonnes décisions. Il avait raison, je n'aurais jamais dû les filmer, ils m'auraient tous cru sur parole. J'avais agi sous le coup de la vengeance et de la colère et j'étais devenue comme Victor.

Mathieu avait mis le doigt là où ça faisait mal, et ça faisait très mal. Il regrettait tout, moi je ne regrettais pas. Il me reprochait de penser trop à moi et pas à lui, qu'il avait aussi beaucoup à perdre, j'étais égoïste, c'était vrai je n'avais pas pensé une seconde à son procès, ni à toutes les conséquences que cela pouvait avoir sur sa vie.

Il était 5 heures du matin et je pris la décision d'aller courir, il fallait que je me défoule et que j'engouffre toute cette tristesse au fond de moi pour laisser venir la colère. Je ne pouvais pas pleurer parce que Mathieu m'avait rejeté.

L'adrénaline de la course me faisait du bien, je me concentrais sur mon souffle, sur mes pas, sur la nuit qui m'entourait, j'étais seule et j'étais bien. Je me laissais guider par mon chagrin et par la rage, faisant dégouliner par mes ports toute la sueur et faire partir toute cette culpabilité en moi. J'accélérais, j'avais envie de me fatiguer à cracher mes poumons et à me faire mal. Mes muscles me faisaient souffrir, mon souffle me brulait la gorge, mes cheveux se collaient à mon front.

Je trébucha, hors d'haleine et tomba sur le sol en cailloux, m'écorchant les genoux et les mains. La douleur n'était rien comparée à celle de mon cœur qui voulait s'échapper de ma poitrine.

Je cria, fort, en frappant le sol de ma main à vif, hurlant en pleurant de rage, de fatigue, d'énervement, de tristesse.

- Connard ! Connard ! Connard ! Je te sors de ta putain de cellule, tu me fais tes yeux doux de merde et je tombe encore une fois dans le panneau !

Personne ne pouvait m'entendre, je m'en donnais à cœur joie, il fallait que ça sorte. J'étais toujours à genoux dans la poussière, éclairée par lampadaire qui diffusait une faible lumière jaune.

- Déjà avec Brice j'avais été conne, avec Victor j'avais été encore plus conne, mais là ! Jamais deux sans trois comme on dit ! Je fous ma vie en l'air pour un connard qui me juge avec son regard suffisant et supérieur alors que c'est mon cul qui va être en ligne ! J'ai envie de lui exploser la tête !

J'hurlais encore un bon moment avant de me relever, je faisais tellement pitié. Mais il était malheureusement temps d'aller faire bonne figure au travail.

***

- Salut Lola. M'accueilli Victor avec un grand sourire en voyant ma tête de déterrée.

- Va bien te faire foutre connard.

- Tu as l'air bien en forme, j'ai pas beaucoup de nouvelle de ton petit copain décoloré, tu pourras lui dire que le temps tourne, j'attends son paiement.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant