Chapitre 14

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Mercredi 24 novembre 2021

-      Saïd on n'a pas ton temps, il avait accès à quoi ce connard ? Demanda Mathieu les dents serrées.

Le dénommé Saïd continua de taper machinalement sur son ordinateur et quelques minutes plus tard, il répondit à la question du blondinet.

-      Il avait accès aux sms, mails, appels, réseaux sociaux, une appli de course à pied aussi, géolocalisation aussi, mais je ne pense pas qu'il avait accès à la caméra.

Je tremblais un peu plus à chaque révélation de Saïd, la main de Mathieu me serait de plus en plus, il était hors de lui. Victor savait tout, il savait où j'étais, ce que je faisais, tout. C'était pour cela qu'il avait pu me suivre devant le commissariat quand je suis allée chercher Mathieu la première fois, ou encore lors de la soirée de lancement de son album. Il savait qu'on se parlait sur les réseaux sociaux et qu'on était donc plus proche qu'on ne le disait.

L'adolescent débrancha mon téléphone qu'il me rendit.

-      Tu devrais être tranquille ma belle je t'ai enlevé ton parasite.

Pruski le remercia d'un nouveau billet, récupéra son propre téléphone et il nous poussa vers la sortie, descendit les marches rapidement et retourna à sa voiture où déjà plusieurs jeunes s'étaient adossé pour fumer.

-      Cassez-vous.

-      T'inquiète polak ils sont réglo, les gars vous bougez. Ordonna l'homme devant la porte de l'immeuble d'où nous sortions.

Les jeunes s'en allèrent rapidement pour pouvoir nous laissez rentrer dans la voiture. Il démarra en trombe, toujours en silence. Il s'arrêta plusieurs kilomètres plus loin sur le bord de la route, décrocha sa ceinture et sorti dans le froid et la nuit. Sans trop comprendre ce qu'il se passait je descendis à mon tour et me planta devant le blondinet qui avait déjà repris une cigarette entre ses lèvres qu'il essayait d'allumer. Le vent et ses mains tremblantes l'en empêchaient.

Je me rapprocha de lui et me saisit du briquet et alluma sa cigarette. Il inspira une taffe qu'il expira lentement.

-      Qu'est-ce qui t'énerve Mathieu ?

-      Ce putain de connard de Victor, il avait accès à tout, il a tout vu, il savait toujours où tu étais putain ça me rend fou. Ce connard va nous griller. Il va-t'en faire baver et s'il balance tout ça en ligne, je suis également fout, Flav' m'a fait une scène terrible après ton départ de l'after d'Ormaz. Il sait que je déconne et que c'est mauvais pour les tournées et pour les ventes d'album.

-      On est foutu dans tous les cas Mathieu... Si on se rapproche je me fais licencier et si tu me laisses pour un autre avocat je me fait licencier. Lui avouais-je.

-      Quoi ? Mais je vais pas te lâcher en tant qu'avocate ! Répliqua-t-il.

-      Victor peut nous faire chanter et tu seras obligé de me dégager. Il va vite comprendre qu'il n'a plus accès à mon téléphone et donc il va se venger en nous séparant professionnellement.

-      Mais tu vas pas te faire virer si je change de baveux ? Demanda-t-il en connaissant déjà la réponse.

-      L'image de la boite, je saute dans tous les cas.

-      Jusqu'à mon procès. Après je serai plus ton client.

-      C'est ça. Si tu fais plus de connerie ensuite. Ajoutais-je en souriant légèrement pour détendre l'atmosphère.

Il s'adossa à sa voiture et posa sa tête sur la carrosserie de manière à regarder le ciel couvert de nuage, pas une seule étoile ne transperçait cette mer noire au-dessus de nous. Il faisait froid et pourtant je n'avais pas envie de bouger.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant